Benoît de Canfield, La Règle de
perfection, Quinze chapitres de De la volonté de Dieu essentielle,
d’après la première édition, Texte
établi et présenté par Murielle et Dominique
Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2009,
170 p.
"Les deux premières parties de l’œuvre traitent
des abords de la vie intérieure : la vie active des
commençants, puis la vie d’oraison. La troisième
partie est de loin la plus fascinante puisqu’elle parle de la
« vie superéminente », à
savoir des « choses abstraites de la
haute contemplation et de l’essence de Dieu » (Préface 1609),
autrement dit des sommets de la vie mystique.
"Elle met en jeu « la pure et nue
foi contraire aux sens, qui est la partie supérieure de l’âme »,
là où l’on « contemple Dieu sans
aucun moyen ou entre-deux » (Reigle,
II, 12). Car cet amoureux de Dieu ne supporte aucun
intermédiaire entre Dieu et lui, si ténu soit-il :
Canfield consacre l’essentiel de l’œuvre à
l’analyse subtile des nombreux obstacles qui subsistent chez
celui qui a pourtant dépassé l’attachement au corps
et aux passions.
"La Reigle de perfection […]
réduite à ce seul poinct de la Volonté de Dieu
rassemble toute la vie intérieure en un abandon actif à
la volonté de Dieu, démontrée dès le
premier chapitre de la troisième partie comme identique à
Dieu même. Cette volonté est connue à l’homme
par les commandements de Dieu et l’Eglise, mais elle est
ressentie intérieurement « par les
inspirations, illuminations, élévations et attractions de Dieu »
; «
elle est chose si délicieuse et plaisante à
l’âme qu’elle l’attire, enivre, illumine,
dilate, étend, élève et ravit en telle sorte
qu’elle ne sent plus aucun vouloir, affection ou inclination
propre, mais, totalement dépouillée
d’elle-même et de toute volonté propre,
intérêt et commodité, est plongée en
l’abîme de cette volonté et absorbée en
l’abyssale volupté d’icelle, et ainsi est fait[e] un
même esprit avec Dieu. »
"L’homme renonce par amour à sa volonté propre, Dieu purifie l’âme de tout ce qui n’est pas Lui et devient le principe de tous les actes humains. Canfield suit ici la grande tradition de la mystique rhénane que l’on voit développée dans la Perle évangélique, qu’il avait probablement lue puisqu’elle avait été traduite en 1602."
Retour à la page d'accueil