Auteurs et textes mystiques
Liste des fichiers de BB / LIVRES
Tables réduites d’Etudes I à IV
Table des matières
Liste des fichiers de BB / LIVRES 11
Tables réduites d’Etudes I à IV 11
BASE MYSTIQUE Dominique Tronc 2000-2020 13
MODE D’EMPLOI des répertoires ETUDES / LIVRES / SOURCES 15
LIVRES : Liste des noms de fichiers.odt appelés par Etudes 17
Rappel de la structure ETUDES I à IV : 17
Liste des noms de fichiers.odt appelés par Etudes 17
TABLES DES MATIÈRES RÉDUITES D’ETUDES I à IV 23
TABLE des 3 niveaux DU TOME I 63
/ BB / ETUDES DT N / DT ETUDES 1 / DT Etudes 1 Chrono&Expériences – Monde – Franciscains.odt [ note] 71
************************************ 77
5.CHRONOLOGIE MYSTIQUE I ORIGINES A 1600 78
(1) Chronologie I = origines A5 antidoté revu fév20.odt 78
6.CHRONOLOGIE MYSTIQUE II De 1600 à nos jours 85
(2)6. Chronologie II de 1600 à nos jours A5 fév20.odt 85
Série Chronologies, compléments 88
Série EXPERIENCES MYSTIQUES et leurs dossiers 89
7.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT I DES ORIGINES À LA RENAISSANCE 89
(3)7. Expériences I Des Origines Lulu 17mars18.docx 89
8.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT II L’INVASION MYSTIQUE EN FRANCE DES ORDRES ANCIENS 100
(4)8. Expériences II Ordres anciens (Lulu) 16mars18.docx 100
1. des textes et des hommes 102
Le jeu des influences de 1381 à 1594. 102
Troubles, chartreux et traducteurs. 105
9.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT III ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES 112
(5)9.Expériences III Ordres et Figures (Lulu)16mars18.docx 112
[Les Expériences 10.IV 11.IVb sont remplacées par IV Ecole du Coeur infra] 122
10.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET A FÉNELON 122
11.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES 128
12.EXPÉRIENCES MYSTIQUES V FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 129
13.EXPÉRIENCES MYSTIQUE VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800 134
Le tome EXPÉRIENCES IV qui suit remplace les tomes précédents 136
EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV UNE ECOLE DU COEUR 137
Du Tiers ordre franciscain à l’Ermitage de Caen, Monsieur Bertot, Madame Guyon et leurs disciples 137
(10)217.Expériences IV Ecole du coeur 18juin20.odt 137
******************************* 148
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE JUDEO-CHRETIENNE & GRECQUE Des origines au troisième siècle 149
1. I.Antiquité 20fev20.odt 149
Pour introduire des mystiques de toutes cultures 149
Mystiques ayant vécus en Occident « avant l’an mil ». 154
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE CHRETIENNE Du Cinquième au Dixième siècle 158
2. II.Antiquité 5e-10e siècles janv2020.odt 158
MYSTIQUES CHRÉTIENS DU MOYEN AGE Douzième au Quatorzième siècle 162
3. III.Moyen Age chrétien jan2020.odt 162
MYSTIQUES CHRÉTIENS DE LA RENAISSANCE Quinzième et Seizième siècles 171
4. IVChrétiens à la Renaissance janv2020.odt 171
5. V.Mystiques chrétiens 17e siècle janv2020.odt 179
Dix-huitième au Vingtième siècle 184
6. VI.Mystiques en Europe janv2020.odt 184
MYSTIQUES EN TERRES D’ISLAM I DU NEUVIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE 187
7. VII Mystiques en terres d’Islam I premier juillet20.odt 187
MYSTIQUES D’ISLAM II DU QUATORZIÈME AU VINGTIÈME SIECLE 189
8. VIII Mystiques en terres d’Islam II deuxième juillet20avecLS 190
10.MYS Bouddhisme I Inde Thibet janv2020.odt 197
MYSTIQUES BOUDDHISTES de la CHINE et du JAPON 200
11.Bouddhisme II Chine Japon 1mars20.odt 200
12. Mystiques de la Chine.odt 204
POÈMES DE CHINE, CORÉE, JAPON 208
13. Poèmes Chine Corée Japon 22juin2020.odt 208
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT I Oeuvres et Figures des origines à 1600 211
14.poètes d’occident chrono 4avril T.PREMIER révisé.odt 211
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT II Depuis le Moyen âge 217
15.poètes d’occident chrono 4avril T.SECOND.odt 217
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT III Modernes 224
16.poètes d’occident chrono 4avril T.TROISIEME.odt 225
21.FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES 231
(27)21. François vu par ses disciples édition7.odt 231
Chronologie de la vie de François 231
FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES [v.allégée 1/2] 240
(28) François vu par ses disciples allégé 1mars20.odt 240
Figures mystiques du XIVe au XVIe siècle 249
23.LA VIE MYSTIQUE CHEZ LES FRANCISCAINS DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE Tome II. Florilège de figures mystiques de la réforme capucine. 259
Nécrologe des capucins de la province de Paris 266
25.BENOIT DE CANFIELD, DE LA VOLONTE DE DIEU, QUINZE CHAPITRES DE LA REGLE DE PERFECTION. 278
(32) Canfield Règle (Arfuyen) pour Jch.doc 278
26.CONSTANTIN de BARBANSON I. LES SECRETS SENTIERS DE L’ESPRIT DIVIN 282
(33) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Esprit divin.docx 282
Un mystique spéculatif flamand d’expression française 282
27.CONSTANTIN de BARBANSON II. LES SECRETS SENTIERS DE L’AMOUR DIVIN 299
(34) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Amour divin.docx 299
28.CONSTANTIN de BARBANSON III & IV. ANATOMIE DE L’AME 301
(35) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme I & II.docx 301
29.CONSTANTIN de BARBANSON V. ANATOMIE DE L’AME 310
(36) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme III Quatre Traités.docx 310
Présentation commune aux trois parties de l’Anatomie de l’âme 311
Présentation propre à la troisième partie de l’Anatomie 312
30.MARTIAL D’ETAMPES Maître en oraison 317
(37) Martial (word d’origine) = Martial d'Etampes, maître en oraison A EDITER & REVU 11 déc .doc 317
JF de Reims Introduction, éditions 1638 et 1660.doc 330
94.« LE JOUR MYSTIQUE » DE PIERRE DE POITIERS [Intégral] 333
(38) Pierre de Poitiers Le Jour Mystique (intégral) révisé.docx 333
97. ALEXANDRIN DE LA CIOTAT (1629-1706) 345
(39) Alexandrin […] DT annoté s.Marie.docx 345
BASE MYSTIQUE
Dominique Tronc 2000-2020
/B
Photos sources
/MYS (104,8Go en août20)
/MYS_17 (143,2Go en août20)
/BB (4,3Go septembre20)
fichiers textes
Structure hiérarchisée ETUDES > LIVRES > SOURCES en deux ensembles :
/LIVRES
/ dix-sept répertoires soit n° [dont quatre tome ETUDES] puis n°01 … n°161
/ fichiers.odt
= nouvelles édiitons
/SOURCES
/ dix-huit répertoires soit tous les éléments utiles ou historiques : *.odt ... *.pdf
= anciennes éditions
Supports
Localement
ACER & ASUS
DD externes
Chez Nicolas
CASTERLYROCK /Home <500Go
https://dsm.casterlyrock.fr dominique qRvxxxx+
transferts par FileZilla :
casterlyrock dominique qRvxxxx+ Port 666
Sous / BB en trois répertoires / ETUDES / LIVRES / SOURCES on trouve TOUS les fichiers utiles.
Les multiples dossiers fournissent des compléments nécessaires pour les éditer.
Mode d’emploi :
1. consulter « DT Etudes 1... à 4...»
2. chaque titre majuscule de premier niveau renvoie à un « livre ». Le titre est suivi d’un renvoi souligné à son fichier source : (n°) nom.odt
3 . sous / LIVRES on le trouve dans l’un des répertoires au (n°) repère1.
Indépendemment / SOURCES contient tous les éléments permettant d’imprimer en ligne et de retrouver d’anciennes éditions.
Compléments explicatifs :
Les titres des fichiers
Etudes 1 Chrono&Expériences - Mystiques du monde - Franciscains
Etudes 2 Filiation mystique
Etudes 3 Madame Guyon
Etudes 4 Filiation – Mystiques - Carmels – Mystiques
révèlent une structure que l’on peut résumer ainsi :
Partant d’une histoire des figures mystiques « Chrono Expériences », prenant place dans le cadre élargi aux « Mystiques du monde », privilégiant l’influence de « Franciscains », une « Filiation » précède et suit « Guyon ».
Au-delà ? deux « Carmels » et quelques figures « Mystiques » complètent une bibliothèque mystique.
Au 12 septembre 20
Etudes 1+ 351 pages
Etudes 2 388
Etudes 3 372
Etudes 4 381
Pour les tables de matières des textes d’auteurs édités (en dehors des études faisant l’objet des quatre volumes ci-dessus) on peut se reporter à SOURCES /Synthèses / 4.ETUDES DT I & II older / études ec
fichiers doublés sous LIVRES / n° Etudes
dossier qui double les sources de synthèse
II
III
Madame Guyon opus
Filiation au siècle des Lumières
sous / BB / LIVRES / n° à n°/ (n°) nom.odt
par
Ajout de * = édités Lulu
*(1) Chronologie I = origines A5 antidoté revu fév20.odt 352
*(2)6. Chronologie II de 1600 à nos jours A5 fév20.odt 43
(3)7. Expériences I Des Origines Lulu 17mars18.docx 47
(4)8. Expériences II Ordres anciens (Lulu) 16mars18.docx 60
(5)9.Expériences III Ordres et Figures (Lulu)16mars18.docx75
[Les Expériences 10.IV 11.IVb sont remplacées par IV Ecole du Coeur infra] 87
*(10)217.Expériences IV Ecole du coeur 18juin20.odt 104
1. I.Antiquité 20fev20.odt 118
2. II.Antiquité 5e-10e siècles janv2020.odt 129
3. III.Moyen Age chrétien jan2020.odt 133
4. IVChrétiens à la Renaissance janv2020.odt 142
5. V.Mystiques chrétiens 17e siècle janv2020.odt 151
6. VI.Mystiques en Europe janv2020.odt 157
*7. VII Mystiques en terres d’Islam I premier juillet20.odt 160
*8. VIII Mystiques en terres d’Islam II deuxième juillet20avecLS 163
10.MYS Bouddhisme I Inde Thibet janv2020.odt 171
11.Bouddhisme II Chine Japon 1mars20.odt 174
12. Mystiques de la Chine.odt 178
*13. Poèmes Chine Corée Japon 22juin2020.odt 182
*14.poètes d’occident chrono 4avril T.PREMIER révisé.odt 185
*15.poètes d’occident chrono 4avril T.SECOND.odt 191
*16.poètes d’occident chrono 4avril T.TROISIEME.odt 200
(27)21. François vu par ses disciples édition7.odt 206
*(28) François vu par ses disciples allégé 1mars20.odt 216
(32) Canfield Règle (Arfuyen) pour Jch.doc 263
(33) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Esprit divin.docx 268
(34) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Amour divin.docx 289
(35) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme I & II.docx 292
(36) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme III Quatre Traités.docx 303
(37) Martial (word d’origine) = Martial d'Etampes, maître en oraison A EDITER & REVU 11 déc .doc 311
JF de Reims Introduction, éditions 1638 et 1660.doc 327
(38) Pierre de Poitiers Le Jour Mystique (intégral) révisé.docx 330
(39) Alexandrin […] DT annoté s.Marie.docx 344
(39) Alexandrin rev.DT (+table).docx 344
(40) Une filiation mystique (txt pour art.2003).doc 10
(40) D Tronc Une filiation mystique (art. XVIIe siècle218 2003).pdf 10
(41) Mme Guyon au centre d’une filiation 1mars18.docx 30
(42) Madame Guyon at the center of mystical transmission.odt 49
(43) Chrysostome 18 avril antidoté.docx 69
(44) BERNIERES ARFUYEN Chrétien et lettres à l’ami 7mars.doc 102
(44) Bernières Arfuyen correctif.doc 102
(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).doc 108
(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).pdf 108
*(46) Cor.Bernières CHX revu avec add. et thèmes formaté Lulu.odt 146
(47) Correspondance Bernières 1631-1646 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 154
(48) Correspondance Bernières 1647-1659 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 174
(49) Correspondance Bernières 8e ed 1631-1646 & 1647-1659 – Lettres seules – Mectilde.odt 188
(50) Correspondance Bernières […] Bertot.docx 198
(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).doc 200
(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).pdf 200
(52) MARIE_DES_VALLEES_Arfuyen_20oct2010.doc 234
(52) Correctif pour Marie des Vallées éd Arfuyen juin 2013.doc 234
(53) Marie des Vallées définitif.pdf 238
(53) MdV_DEFINITIF_3jan13_nettoyé_antidoté.doc 238
(54) Influence mystique et postérité de M des V (Courances 1juin13).doc 257
(55) Mectilde Amitiés éd.7 b.docx 266
(56) Mectilde, Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 315
(57) MECTILDE totum intégral (ocr éditions modernes).docx 318
(58) Amis Ermitages Caen Québec 1juillet15-revu17.docx 356
(59) Enguerrand total formaté 14 x 21,6.docx 359
(60) BERTOT DM sept 05 (avec p titre & 4e couv).doc 374
(61) Bertot Traité Lettres octobre Digest.odt 410
(64) Cor. B.- B.- G. révisé dense lulu Reduction ec.docx 455
(65) Communications (Guyon, Fénelon, Bertot) au 10 février 18.odt 470
(66) Maur I Oe de maturité juin 2006.doc 472
(67) Maur de l’EJ Entrée à la Divine Sagese A EDITER REVU!!2.doc 472
Madame Guyon en treize tomes 16
(68) D Tronc Guyon, Années d'épreuves de Mme Guyon. (Champion 2009).doc 13
(69) Madame Guyon La Vie par elle-même. D Tronc (Champion 2001).doc 30
(70) Madame Guyon Vie Bibliographie.doc 30
[81b] Guyon_bio&amis […].docx 119
Divers projets relatifs à Mme Guyon depuis 2020 121
[81c] OPUS Guyon description & accès [Google].odt 121
(71) Mme Guyon extraits (Elisabeth Toulouse 2016).pdf 123
(73) Madame Guyon Ecrits sur la vie intérieure D & M Tronc (Arfuyen 2005).doc 125
(74) Madame Guyon De la vie intérieure [80] Discours. D Tronc (Phénix-Procure 2004).doc 131
(75) Madame Guyon Discours tome I.pdf 151
(76) Madame Guyon Discours tome II.pdf 151
(77) Guyon Oeuvres mystiques _Champion 2008_.pdf 173
(77) Guyon OE MYSTIQUES avril 07 (imprimé corrigé).doc 173
(78) Madame Guyon 95 Lettres de direction, un florilège.docx 245
(79) Madame Guyon Correspondance I Directions Spirituelles D Tronc (Champion 2003).doc 250
(80) Madame Guyon Correspondance II Années de Combat D Tronc (Champion 2004).odt 300
(81) Madame Guyon Correspondance III Chemins mystiques D Tronc (Champion 2005).doc 322
(81) Correspondance III février 04 envoyé à Slatkine.doc 322
(81) Madame Guyon Correspondance III add.table générale des lettres.doc 322
(81) Madame Guyon Correspondance III add. table générale des lettres.doc 327
(82) EXPLIC imprimées fin déc 04.pdf 394
(83) Madame Guyon Explic_Ecriture_2014.docx 402
(83) Madame GUYON Explications de l'Ecriture 16mars14 (Epub & Imprimé) PRET.doc 402
(83) Madame GUYON Explications de l'Ecriture 17mars14 (Kindle) PRET.doc 402
(84) Madame GUYON Explications du Nouveau Testament 27 juillet 14 A5-revuEmmanuel.docx 410
(84) Madame GUYON Explications du Nouveau Testament 17mars14 (Epub & Imprimé) PRET.doc 410
(85) I Justifications clés 1-44 (20 nov19 Digest).odt [et] .pdf 417
(86) II justifications clés 45sv (21 nov19 Digest).odt [et] .pdf 417
[série Guyon :]
*(87) 1.Vie I II témoignages+.odt 434
LES ANNÉES D’ÉPREUVES Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi très Chrétien 434
Explications de l’Ecriture Sainte 435
Correspondance I Madame Guyon dirigée puis directrice de Fénelon 435
Correspondance II Autres directions et lettres avant 1694 435
Correspondance III Combats de 1694 à 1698 435
Correspondance IV Voies mystiques 435
Oeuvres mystiques [réduites] 435
156 Discours, édition intégrale [2020] 435
Témoignages, compléments, tables, hors édition 442
Filiation au siècle des Lumières 21
100. FENELON LE GNOSTIQUE LA TRADITION.doc 16
*101. Fénelon_mystique_14x21.6_18oct16.docx 20
102.Guyon-Fénelon 14x21.6 8février15.doc [et] .pdf 30
*103. François Lacombe 3e édition.docx [et] .pdf 42
104. Mortemart 18 oct 16.docx 55
105. Saint-Simon-révisé formaté antidoté.docx 68
106. Ecoles Lumières-avril2016.docx [et] .pdf 71
107. Henderson Mystics Introduction & Lettres 14x21.6.docx [et] .pdf 77
108.Hadewijch Lilian & Lettres 12fév19.docx 80
109.Hadewijch choix Lilian reformaté A4 bis.docx 83
110.Ruusbroec Noces spirituelles (Bizet).doc 85
*111.Nuage & Epitre 14 x 21,6 au 9 fév17.docx [et] .pdf 88
112.Paul Agaesse intégral.doc 92
113??? = 213. DADU (1544-1603) et les mystiques Bauls du Bengale. 92
114.Cath_genes_choix global.doc 93
115.Cath_genes_impression.doc [et] .odt 93
116???=226.HENRI HARPHIUS Théologie mystique – L’Eden 97
117.Juan de la Cruz VF interlinéaire 2017 repris 2018. 99
118.Quiroga_Historia & notices_révisé_accentué_antidoté éd.2.docx [et] .pdf 115
119.Quiroga_Oraison & Apologie 4mars17.docx 125
120.Quiroga_SubidaI&II-Don-Repuestas-Apologia.docx 127
122.Saint-Samson CABINET D & ms_28déc17 14x21.6.docx 151
*122.Saint-Samson Florilège.odt 151
122b??? = 86.JEAN DE SAINT-SAMSON Florilège [choix réduit, réforme du carmel] 161
123.Dominique de Saint-Albert Oeuvres […] 21juin2015.docx 162
*124. Cambry et Vie et Boissieu 18fév20.odt [et[ .pdf 196
*125.JdeCh Recueil etc-14x21.6 éd2e 21janvier15.doc (et) .pdf 199
*126.JdeCh1875 [...]au 6fév15.pdf (et) .doc 212
127.Surin Florilège correspondance 14 x 21.6 et +.docx (et) .pdf 218
128.LA_BONNE_ARMELLE_Arfuyen_20oct.doc 222
129.Armelle Nicolas Triomphe de l'Amour divin. D & M Tronc (coll.SM c. JnX 2012) .doc 223
130.Petyt-11mars17-I-Deblaere.docx (et) .pdf 237
131.Petyt-11mars17-II-Trad.Bosssche&Contexte.docx (et) .pdf 243
132.dom Lefebvre prière pure et pureté du coeur.docx (et) .pdf 249
133.Lilian Silburn Le Vide, les Voies, le Maître 21juin16.docx (et) .pdf 251
134.Guyon LeMasson avril (pour rev.Transversalités 2004).doc
136.L'expérience quiétiste de Madame G (Mélanges carmélitains 2004)-modifié.doc 283
137. D et M tronc contemplation et vie ordinaire au 15juin2019.odt 303
138.A MYSTICAL TRANSMISSION 9 août18.docx (et) .pdf 311
138b.F Trémolières Mme GUYON revue Hist. Litt….doc 313
139b.(1)Méthode_claire_et_facile…...pdf 314
139c.!Mectilde Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 314
139e.OCR CF I à IX format.docx 315
139e.OCR CF X à XVIII formaté.docx 315
139f.Sentences persanes Poiret Guyon.odt 315
151.Lilian Silburn Tome I Vie & premiers travaux.odt 318
152.Lilian Silburn Tome II Instant et Cause.odt 324
*153. Lilian Silburn Tome III Hermès REVU.odt (et) .pdf 328
154. LILIAN SILBURN IV AUX SOURCES DU BOUDDHISME 338
155.Lilian Silburn tome V Sivaïsme 1-2-3-4.odt 343
156.Lilian Silburn Tome VI Sivaïsme 5-6-7.odt 348
157.Lilian Silburn Tome VII Sivaïsme 8-9.odt 352
158.Lilian Silburn Tome VIII Sivaïsme 10-11.odt 359
161.!Auteurs et textes mystiques allégé.docx 364
Chronologie mystique (AC~1350 à 2000+) 364
Chronologie mystique au XVIIe siècle 372
Classement chronologique de Figures mystiques ayant connues le XVIIe siècle (noms, dates, durées de vie, appartenances) 373
Relevé bibliographique par auteur 376
DOMINIQUE TRONC
Présentation
Chronologies - Expériences
« Mystiques du monde »
TABLE (réduite aux niveaux 1 & 2)
Table des matières
/ BB / ETUDES DT N / DT ETUDES 1 / DT Etudes 1 Chrono&Expériences – Monde – Franciscains.odt [ note] 27
************************************ 34
5.CHRONOLOGIE MYSTIQUE I ORIGINES A 1600 35
(1) Chronologie I = origines A5 antidoté revu fév20.odt 35
Après un étoilement demeure le vécu mystique 38
6.CHRONOLOGIE MYSTIQUE II De 1600 à nos jours 43
(2)6. Chronologie II de 1600 à nos jours A5 fév20.odt 43
Série Chronologies, compléments 46
Série EXPERIENCES MYSTIQUES et leurs dossiers 47
7.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT I DES ORIGINES À LA RENAISSANCE 47
(3)7. Expériences I Des Origines Lulu 17mars18.docx 47
8.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT II L’INVASION MYSTIQUE EN FRANCE DES ORDRES ANCIENS 60
(4)8. Expériences II Ordres anciens (Lulu) 16mars18.docx 60
1. des textes et des hommes 63
Le jeu des influences de 1381 à 1594. 63
1. La voie passant par la chartreuse de Cologne. 64
Troubles, chartreux et traducteurs. 67
Les textes essentiels des siècles précédents 68
Émigration mystique, fécondité et décadence 72
9.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT III ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES 75
(5)9.Expériences III Ordres et Figures (Lulu)16mars18.docx 75
De l’Ancien au Nouveau Monde 78
La montée en puissance du royaume 81
[Les Expériences 10.IV 11.IVb sont remplacées par IV Ecole du Coeur infra] 87
10.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET A FÉNELON 87
Madame Guyon au centre d’une filiation 92
11.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES 95
Avant-propos, les filiations européennes 95
12.EXPÉRIENCES MYSTIQUES V FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 97
« Étoilement mystique », une bifurcation 97
Un « crépuscule des mystiques » ? 97
Remerciements & Avertissement 99
13.EXPÉRIENCES MYSTIQUE VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800 101
« Étoilement mystique », une bifurcation 101
Un « crépuscule des mystiques » ? 101
Remerciements & Avertissement 101
Le tome EXPÉRIENCES IV qui suit remplace les tomes précédents 103
EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV UNE ECOLE DU COEUR 104
Du Tiers ordre franciscain à l’Ermitage de Caen, Monsieur Bertot, Madame Guyon et leurs disciples 104
(10)217.Expériences IV Ecole du coeur 18juin20.odt 104
******************************* 117
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE JUDEO-CHRETIENNE & GRECQUE Des origines au troisième siècle 118
1. I.Antiquité 20fev20.odt 118
Pour introduire des mystiques de toutes cultures 118
Mystiques ayant vécus en Occident « avant l’an mil ». 125
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE CHRETIENNE Du Cinquième au Dixième siècle 129
2. II.Antiquité 5e-10e siècles janv2020.odt 129
MYSTIQUES CHRÉTIENS DU MOYEN AGE Douzième au Quatorzième siècle 133
3. III.Moyen Age chrétien jan2020.odt 133
MYSTIQUES CHRÉTIENS DE LA RENAISSANCE Quinzième et Seizième siècles 142
4. IVChrétiens à la Renaissance janv2020.odt 142
5. V.Mystiques chrétiens 17e siècle janv2020.odt 151
Dix-huitième au Vingtième siècle 157
6. VI.Mystiques en Europe janv2020.odt 157
MYSTIQUES EN TERRES D’ISLAM I DU NEUVIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE 160
7. VII Mystiques en terres d’Islam I premier juillet20.odt 160
MYSTIQUES D’ISLAM II DU QUATORZIÈME AU VINGTIÈME SIECLE 163
8. VIII Mystiques en terres d’Islam II deuxième juillet20avecLS 163
10.MYS Bouddhisme I Inde Thibet janv2020.odt 171
MYSTIQUES BOUDDHISTES de la CHINE et du JAPON 174
11.Bouddhisme II Chine Japon 1mars20.odt 174
12. Mystiques de la Chine.odt 178
POÈMES DE CHINE, CORÉE, JAPON 182
13. Poèmes Chine Corée Japon 22juin2020.odt 182
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT I Oeuvres et Figures des origines à 1600 185
14.poètes d’occident chrono 4avril T.PREMIER révisé.odt 185
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT II Depuis le Moyen âge 191
15.poètes d’occident chrono 4avril T.SECOND.odt 191
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT III Modernes 199
16.poètes d’occident chrono 4avril T.TROISIEME.odt 200
21.FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES 206
(27)21. François vu par ses disciples édition7.odt 206
Chronologie de la vie de François 207
FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES [v.allégée 1/2] 216
(28) François vu par ses disciples allégé 1mars20.odt 216
Tome I. Introduction & figures mystiques des traditions franciscaines 221
Tome II. Figures mystiques de la réforme capucine 222
Tome III. Franciscaines, minimes, regard sur les héritiers. Cadre historique. 225
Présentation synchronique des principaux mystiques 226
Figures mystiques du XIVe au XVIe siècle 227
L’Italie : François de Paule. 232
L’Espagne : Bernardino de Laredo et Pierre d’Alcantara 233
23.LA VIE MYSTIQUE CHEZ LES FRANCISCAINS DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE Tome II. Florilège de figures mystiques de la réforme capucine. 239
Florilège de figures mystiques de la réforme capucine 239
Les défenseurs du vécu mystique 242
Nécrologe des capucins de la province de Paris 248
25.BENOIT DE CANFIELD, DE LA VOLONTE DE DIEU, QUINZE CHAPITRES DE LA REGLE DE PERFECTION. 263
(32) Canfield Règle (Arfuyen) pour Jch.doc 263
26.CONSTANTIN de BARBANSON I. LES SECRETS SENTIERS DE L’ESPRIT DIVIN 268
(33) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Esprit divin.docx 268
Un mystique spéculatif flamand d’expression française 268
Influences reçues et transmises 272
Expérience et compréhension mystique 273
Comparaison avec l’imprimé 276
De la méditation à l’élévation d’esprit vers l’Unité 279
L'âme jusques au bout de ses forces 283
La nouvelle opération du divin Amour 284
27.CONSTANTIN de BARBANSON II. LES SECRETS SENTIERS DE L’AMOUR DIVIN 289
(34) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Amour divin.docx 289
28.CONSTANTIN de BARBANSON III & IV. ANATOMIE DE L’AME 292
(35) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme I & II.docx 292
ANATOMIE DE L'AME, ET DES OPÉRATIONS DIVINES EN ICELLE. 294
29.CONSTANTIN de BARBANSON V. ANATOMIE DE L’AME 303
(36) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme III Quatre Traités.docx 303
Présentation commune aux trois parties de l’Anatomie de l’âme 303
Présentation propre à la troisième partie de l’Anatomie 304
30.MARTIAL D’ETAMPES Maître en oraison 311
(37) Martial (word d’origine) = Martial d'Etampes, maître en oraison A EDITER & REVU 11 déc .doc 311
Un maître artisan tout intérieur 317
Les sources et notre choix 321
Le franciscain Jean-François de Reims (-1660) et son œuvre. 327
JF de Reims Introduction, éditions 1638 et 1660.doc 327
94.« LE JOUR MYSTIQUE » DE PIERRE DE POITIERS [Intégral] 330
(38) Pierre de Poitiers Le Jour Mystique (intégral) révisé.docx 330
97. ALEXANDRIN DE LA CIOTAT (1629-1706) 344
(39) Alexandrin […] DT annoté s.Marie.docx 344
(39) Alexandrin rev.DT (+table).docx 344
DOMINIQUE TRONC
Table
Origines d’une Filiation
Table des matières
****************************** 10
(40) Une filiation mystique (txt pour art.2003).doc 10
(40) D Tronc Une filiation mystique (art. XVIIe siècle218 2003).pdf 10
Les origines. Jean-Chrysostome de Saint-Lô, directeur de Jean de Bernières. 11
Jean de Bernières, directeur de Jacques Bertot. 14
Jacques Bertot, directeur de Jeanne-Marie Guyon. 17
Madame Guyon et ses dirigés. 27
Une école mystique française. 29
100A.MADAME GUYON AU CENTRE D’UNE FILIATION MYSTIQUE [Genève 2017] 30
(41) Mme Guyon au centre d’une filiation 1mars18.docx 30
Liste de proches : réseau normand, puis parisien, enfin européen : 47
100B.MADAME GUYON AT THE CENTRE OF A MYSTICAL TRANSMISSION 49
(42) Madame Guyon at the center of mystical transmission.odt 49
33.JEAN-CHRYSOSTOME DE SAINT-LÔ (1594-1646) 69
(43) Chrysostome 18 avril antidoté.docx 69
Les origines et le sieur de la Forest (1563-1628) 70
Le maître caché des mystiques normands 71
Présentation des écrits de Chrysostome publiés par ses disciples Bernières et Mectilde 73
Note sur la direction de Bernières par le P. Chrysostome 74
Extraits de lettres où Mectilde parle de Chrysostome 88
34.JEAN DE BERNIERES LE CHRETIEN INTERIEUR ET LETTRES A L’AMI INTIME 102
(44) BERNIERES ARFUYEN Chrétien et lettres à l’ami 7mars.doc 102
(44) Bernières Arfuyen correctif.doc 102
35.BERNIERES ŒUVRES MYSTIQUES I L’INTERIEUR CHRETIEN SUIVI DU CHRETIEN INTERIEUR ET DES PENSEES 108
(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).doc 108
(45) Bernières Oe mys I Chrétiens D Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel).pdf 108
Jean de Bernieres : écrits et influences 109
Un courant mystique « ouvert » 115
Une tradition franciscaine 116
La direction ferme du P. Chrysostome 117
Les conseils d’amies mystiques 119
Marie des Vallées (1590-1656) 119
Marie de l’Incarnation (1599-1672) 121
Charlotte le Sergent (1604-1677) 121
La vie de Jean de Bernières. 121
Les multiples activités des amis de l’Ermitage 123
« Dieu est et vit, et cela me suffit » 127
Des rivières « cachées » et une voie occultée 132
Influences dans le monde catholique français 133
Influences hors du Royaume 134
Générations autour de Jean de Bernieres 137
Description des éditions anciennes 137
(1) Un Intérieur Chrétien suivi de deux Chrétiens Intérieurs 137
(2) Des Œuvres spirituelles (Maximes et Lettres) 139
36.JEAN DE BERNIERES/ Lettres et Maximes mystiques / Un florilège 146
(46) Cor.Bernières CHX revu avec add. et thèmes formaté Lulu.odt 146
37B.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome I 1631 – 1646 [Dom Éric de Reviers, o.s.b] 154
(47) Correspondance Bernières 1631-1646 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 154
Eclairer Bernières par Bernières 157
Les événements importants dans la vie de Jean de Bernières 158
37C.JEAN DE BERNIERES ET L'ERMITAGE DE CAEN, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle - Lettres & Maximes Tome II 1647 – 1659 [Dom Éric de Reviers, o.s.b] 174
(48) Correspondance Bernières 1647-1659 Champion 8fév19 revu DT 10mai.odt 174
37D. Lettres Bernières - Mectilde 188
(49) Correspondance Bernières 8e ed 1631-1646 & 1647-1659 – Lettres seules – Mectilde.odt 188
37D. Lettres Bernières - Bertot 198
(50) Correspondance Bernières […] Bertot.docx 198
38.RENCONTRES AUTOUR DE MONSIEUR DE BERNIERES (1602 – 1659) 200
(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).doc 200
(51) Rencontres autour de Jean de Bernières (Parole et Silence 2013).pdf 200
Redécouvrir Jean de Bernières 200
Jean de Bernières, sources et influences sur l’histoire de la spiritualité 203
II. Des « amis » spirituels 208
39.MARIE DES VALLEES LE JARDIN DE L’AMOUR DIVIN 234
(52) MARIE_DES_VALLEES_Arfuyen_20oct2010.doc 234
(52) Correctif pour Marie des Vallées éd Arfuyen juin 2013.doc 234
(53) Marie des Vallées définitif.pdf 238
(53) MdV_DEFINITIF_3jan13_nettoyé_antidoté.doc 238
Marie des Vallées, possédée par Dieu 238
Une progressive emprise de Dieu 243
Au sein d’une tradition mystique 247
41.INFLUENCE MYSTIQUE ET POSTERITE DE MARIE DES VALLEES [Coutances 2013] 257
(54) Influence mystique et postérité de M des V (Courances 1juin13).doc 257
Influence directe par des conseils aux visiteurs. 257
Le champ historique / sociologique : 261
Le champ spirituel et mystique : 261
42.LES AMITIÉS MYSTIQUES DE MÈRE MECTILDE DU SAINT-SACREMENT 1614-1698 266
(55) Mectilde Amitiés éd.7 b.docx 266
Jeunesse et années de formation intérieure : 269
Accomplissement d’une mystique de présence à Dieu. 270
Chronologie et durées des états de vie 272
Jean-Chrysostome de Saint-Lô (~1595-1646) 274
Tertiaires franciscains réguliers et Laïcs 275
Une vie chargée, des témoignages mystiques forts 276
Marie des Vallées (1590-1656) 291
« Sœur Marie » possédée par Dieu 291
Charlotte Le Sergent (1604-1677) 300
Relation avec Mectilde : « Vous n’avez rien à craindre ». 302
Jean de Bernières (1602-1659) 303
Frère Jean « de Jésus pauvre » 303
L’intériorité d’un directeur de conscience 305
Frère Jean est confident de Mectilde puis la dirige 308
43.MECTILDE ITINÉRAIRE SPIRITUEL & ORIGINE DES CONFERENCES - ENTRETIENS FAMILIERS 315
(56) Mectilde, Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 315
44.MECTILDE « Totum » (éditions publiées de 1973 à 1998). 318
(57) MECTILDE totum intégral (ocr éditions modernes).docx 318
45.LES AMIS DES ERMITAGES DE CAEN & DE QUEBEC 320
LES DEBUTS : Origine franciscaine 322
La réforme française du Tiers-Ordre régulier. 322
Antoine le Clerc (1563-1628) 322
Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646) 325
Les amis de Bernières : « L’école du Cœur » 326
FILIATIONS ET AMITIÉS MYSTIQUES 328
Jourdaine de Bernières (1596-1645), la fondation et l’histoire d’un couvent d’ursulines. 328
[La sainte famille Bernières] 328
[La peste et la retraite dans une maison des Bernières] 329
[Jourdaine et Chrysostome] 330
[Jourdaine âgée élue pour la troisième fois] 331
Jean de Bernières (1601-1659) 331
Une œuvre reconstituée et influente. 332
M. Rocquelay prêtre (-1669) 334
Jean Eudes (1601-1680), missionnaire. 335
Jean Aumont (1608-1689), pauvre villageois. 335
Gaston de Renty (1611-1649) 339
Mectilde-Catherine de Bar (1614-1698) 340
Une vie bien remplie. Influences. 342
Disciples et filiation en France 343
Louis-François d’Argentan (1615-1680), capucin. 343
Jacques Bertot (1620-1671) 344
La filiation de Bertot à Madame Guyon (1647-1717) 344
Deuxième bras du « delta spirituel » 344
Henri-Martin Boudon (1624-1702) 345
Claude La Colombière (1641-1682) 345
Marie-Madeleine de la Peltrie (1603-1671) 346
M. de Bernières (-1701), neveu de Jean 348
François de Laval (1623-1708) 349
Troisième bras du « delta spirituel » 349
FIGURE : UN RÉSEAU D’AMIS (PRÉSENTATION SYNCHRONIQUE) 351
Marie de l’Incarnation 1599-1672 356
(58) Amis Ermitages Caen Québec 1juillet15-revu17.docx 356
46.ARCHANGE ENGUERRAND DIRECTEUR FRANCISCAIN RECOLLET (1631-1699) 359
(59) Enguerrand total formaté 14 x 21,6.docx 359
Une direction dans l’esprit de la fin du siècle 361
Le « Bon religieux » auprès de Mme Guyon 362
« Un récollet français méconnu » 365
III. Repères biographiques 369
IV. Orientation spirituelle 370
47.MONSIEUR BERTOT DIRECTEUR MYSTIQUE 374
(60) BERTOT DM sept 05 (avec p titre & 4e couv).doc 374
Monsieur Bertot, Directeur Mystique 376
5. La direction de Madame Guyon. 398
MONSIEUR BERTOT Directeur mystique I Opuscules et Lettres 410
(61) Bertot Traité Lettres octobre Digest.odt 410
MONSIEUR BERTOT Directeur mystique II Lettres Complément aux Retraites 429
MONSIEUR BERTOT Directeur mystique III Retraites et Amis 445
(64) Cor. B.- B.- G. révisé dense lulu Reduction ec.docx 455
LA COMMUNICATION MYSTIQUE CHEZ MME GUYON ET MR BERTOT 470
(65) Communications (Guyon, Fénelon, Bertot) au 10 février 18.odt 470
49.MAUR DE L’ENFANT-JESUS ECRITS DE LA MATURITE 1664-1689 472
(66) Maur I Oe de maturité juin 2006.doc 472
50.Maur de l’Enfant-Jésus ENTREE A LA DIVINE SAGESSE 472
(67) Maur de l’EJ Entrée à la Divine Sagese A EDITER REVU!!2.doc 472
Madame Guyon en treize tomes
Table des matières
*************************** 12
(68) D Tronc Guyon, Années d'épreuves de Mme Guyon. (Champion 2009).doc 13
Présentation du contenu de l’ouvrage 13
Années d’épreuves et stratégie inquisitoriale. 18
La source profonde d’une incompréhension 18
La Combe et le procès des mœurs 22
Que répondre à ses interrogateurs ? 22
Cinq périodes de prison et trente-huit interrogatoires. 26
53.JEANNE-MARIE GUYON LA VIE PAR ELLE-MEME ET AUTRES ECRITS BIOGRAPHIQUES [2001] 30
(69) Madame Guyon La Vie par elle-même. D Tronc (Champion 2001).doc 30
(70) Madame Guyon Vie Bibliographie.doc 30
L’influence proche et lointaine 51
[Notre lecteur peut être aidé par le Tableau II : Carte des lieux visités] 52
Tableau III : Les influences exercées 53
L’étrangeté d’un texte précurseur 55
Le manuscrit de Saint-Brieuc 63
Le manuscrit de Chantilly / Sèvres 63
Autres manuscrits autobiographiques 65
Les manuscrits des Suppléments 65
Les deux éditions du XVIIIe siècle 65
Les rééditions modernes et traductions 68
Vie par elle-même : I – II - III 69
Prisons, récit autobiographique. 71
Blois, témoignages en suppléments à la Vie 71
Lettres et poèmes en suppléments à la Vie 71
[édition de la Vie] 103 à …1042 73
La vie et l’œuvre en quelques dates 73
Résumé et table de correspondance 87
1. Textes de Madame Guyon. 108
2.1. Etudes sur Madame Guyon. 115
2.2 Etudes de sa filiation spirituelle et de son environnement. 115
MADAME GUYON Biographie et Amis 119
[81b] Guyon_bio&amis […].docx 119
Divers projets relatifs à Mme Guyon depuis 2020 121
OPUS Guyon décrit et disponible sur GoogleBooks 121
[81c] OPUS Guyon description & accès.odt 121
***************************** 122
(71) Mme Guyon extraits (Elisabeth Toulouse 2016).pdf 123
56.MADAME GUYON Moyen Court et très facile de faire Oraison 124
57.MADAME GUYON ECRITS SUR LA VIE INTERIEURE [15 Discours] 125
(73) Madame Guyon Ecrits sur la vie intérieure D & M Tronc (Arfuyen 2005).doc 125
(74) Madame Guyon De la vie intérieure [80] Discours. D Tronc (Phénix-Procure 2004).doc 131
Quelques thèmes mystiques. 136
Les textes proposés et leurs sources 144
59.DISCOURS SUR LA VIE INTERIEURE [100 Discours][2016] 151
(75) Madame Guyon Discours tome I.pdf 151
(76) Madame Guyon Discours tome II.pdf 151
Les textes proposés et leurs sources 163
60.ŒUVRES MYSTIQUES [Un choix][2008] 173
(77) Guyon Oeuvres mystiques _Champion 2008_.pdf 173
(77) Guyon OE MYSTIQUES avril 07 (imprimé corrigé).doc 173
Disciples et cercles spirituels. 185
Oraison méditée et mortification. 186
La « voie passive en foi » (1er degré : amour et intériorité). 188
La « voie passive en foi » (2e & 3e degrés : dépouillement, mort). 189
L’état apostolique (4e degré, vie nouvelle divine) 191
Les sources et notre édition. 198
Les sources et la diffusion de l’œuvre. Leçon choisie. 201
Foi nue et tableau des voies. 203
La genèse des Explications de l’Écriture sainte. 204
Présentation : quatre séries de directions spirituelles 212
Quelques thèmes directeurs. 218
Amour et liberté chantés par madame Guyon. 228
61.LETTRES DE DIRECTION PUBLIEES AU SIECLE DES LUMIERES [95 lettres] 245
(78) Madame Guyon 95 Lettres de direction, un florilège.docx 245
62.MADAME GUYON CORRESPONDANCE I DIRECTIONS SPIRITUELLES [2003] 250
(79) Madame Guyon Correspondance I Directions Spirituelles D Tronc (Champion 2003).doc 250
La Correspondance de Madame Guyon. 250
Brève chronologie de la vie et de l’œuvre. 253
I 1648-1681 Jeunesse et vie provinciale. 253
II 1681-1686 Voyages et apostolat. 254
III 1686-1696 Vie publique et combats. 254
IV 1696-1703 Enfermements. 255
V 1703-1717 Retraite et apostolat à Blois. 255
Description des sources utilisées. 255
Madame Guyon Correspondance I directions spirituelles 264
Direction spirituelle et transmission mystique. 265
Madame Guyon dirigée, 1671-1681. 269
L’influence du P. Maur de l’Enfant-Jésus. 270
Monsieur Bertot, directeur mystique. 273
Madame Guyon succède à ses directeurs. 274
La direction de Fénelon à partir de fin 1688 276
Etat documentaire et chronologie. 280
La direction du marquis de Fénelon après 1703. 282
Autres directions et relations après 1703 284
Glossaire (vocabulaire classique). 291
Glossaire (thèmes spirituels). 294
63.MADAME GUYON CORRESPONDANCE II ANNEES DE COMBAT [2004] 300
(80) Madame Guyon Correspondance II Années de Combat D Tronc (Champion 2004).odt 300
Contenu et plan de l’ouvrage. 300
Madame Guyon et le « Quiétisme ». 301
Le « Quiétisme » historique. 304
Le « Quiétisme » mystique. 306
Un récit de la « querelle ». 307
Correspondance éditée par Levesque. 310
Divers écrits de Madame Guyon (ms. 2057). 310
Fénelon : Explication des Maximes des Saints (1697) : 313
Laurent de la Résurrection et son œuvre. 314
Liste d’abréviations et de surnoms : 314
Manuscrits : descriptions complémentaires. 316
Relations et autres pièces biographiques. 317
Soumissions et attestations vues par Levesque. 317
64.MADAME GUYON CORRESPONDANCE III CHEMINS MYSTIQUES [2005] 322
(81) Madame Guyon Correspondance III Chemins mystiques D Tronc (Champion 2005).doc 322
(81) Correspondance III février 04 envoyé à Slatkine.doc 322
(81) Madame Guyon Correspondance III add.table générale des lettres.doc 322
Rappel des sources et organisation du volume. 325
62.63.64.TABLE GENERALE de la correspondance des Tomes I à III 327
(81) Madame Guyon Correspondance III add. table générale des lettres.doc 327
65.MADAME GUYON EXPLICATIONS DE LA BIBLE [2004] 394
(82) EXPLIC imprimées fin déc 04 (LaProcure).doc 394
(82) EXPLIC imprimées fin déc 04.pdf 394
La genèse des Explications de l’Ecriture sainte 395
Explications de la vie intérieure 397
66.EXPLICATIONS DE L’ÉCRITURE SAINTE 402
(83) Madame Guyon Explic_Ecriture_2014.docx 402
(83) Madame GUYON Explications de l'Ecriture 16mars14 (Epub & Imprimé) PRET.doc 402
(83) Madame GUYON Explications de l'Ecriture 17mars14 (Kindle) PRET.doc 402
67.EXPLICATIONS DU NOUVEAU TESTAMENT 410
(84) Madame GUYON Explications du Nouveau Testament 27 juillet 14 A5-revuEmmanuel.docx 410
(84) Madame GUYON Explications du Nouveau Testament 17mars14 (Epub & Imprimé) PRET.doc 410
69.LES « JUSTIFICATIONS », UN FLORILEGE MYSTIQUE ASSEMBLE PAR JEANNE-MARIE GUYON & FRANÇOIS de FENELON [2017] 417
(85) I Justifications clés 1-44 (20 nov19 Digest).odt [et] .pdf 417
(86) II justifications clés 45sv (21 nov19 Digest).odt [et] .pdf 417
Le Florilège mystique né d’un procès 419
L’intérêt déborde largement celui d’un procès 425
MADAME GUYON EN TREIZE TOMES [reprises] 434
******************************** 434
La Vie par elle-même I & II 434
(87) 1.Vie I II témoignages+.odt 434
LES ANNÉES D’ÉPREUVES Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi très Chrétien 434
Explications de l’Ecriture Sainte 435
Correspondance I Madame Guyon dirigée puis directrice de Fénelon 435
Correspondance II Autres directions et lettres avant 1694 435
Correspondance III Combats de 1694 à 1698 435
Correspondance IV Voies mystiques 435
Oeuvres mystiques [réduites] 435
156 Discours, édition intégrale [2020] 435
Discours chrétiens et spirituels sur divers sujets qui regardent la Vie Intérieure tirés la pluspart de la Ste Ecriture. 33 438
Préface sur cet ouvrage [Pierre Poiret] 33 438
Discours Spirituels Tome I 45 438
Lettres, tome quatrième : Quelques discours chrétiens et spirituels 655 441
Lettre de Monsieur Bertot 728 442
Les 156 Discours publiés au XVIIIe siècle avec les résumés relatifs au contenu de ce volume 733 442
Témoignages, compléments, tables, hors édition 442
Filiation au siècle des Lumières
Carmels
Mystiques après 1600
DT Etudes
Lilian Silburn
Listes & bibliographie
Table des matières
*************************** 15
100. FENELON LE GNOSTIQUE LA TRADITION.doc 16
71.FÉNELON MYSTIQUE / UN FLORILEGE [2016] 20
101. Fénelon_mystique_14x21.6_18oct16.docx 20
72.LA DIRECTION DE FÉNELON PAR MADAME GUYON [lettres reprises] 30
102.Guyon-Fénelon 14x21.6 8février15.doc [et] .pdf 30
Une relation mystique. (Murielle Tronc.) 30
73.FRANÇOIS LA COMBE (1640-1715) VIE, ŒUVRES, ÉPREUVES du Père Confesseur de Madame GUYON [2016] 42
103. François Lacombe 3e édition.docx [et] .pdf 42
François Lacombe mystique et martyr 42
I. Un savoyard actif (1640 - 1687) 43
Un religieux plein d’avenir 1640-1681 43
1.18 LE P. LA COMBE -- PROMPTITUDES ET CHARITÉ 44
MADAME GUYON TEMOIGNE DE LEUR RENCONTRE ET DE LEUR ACTION COMMUNE (1681-1686) 50
74.MARIE-ANNE DE MORTEMART (1665-1750) [bio & lettres][2016] 55
104. Mortemart 18 oct 16.docx 55
Le successeur dans la filiation ? 58
Opinions de Fénelon et de Chevreuse 59
Traits relevés par Saint-Simon 59
Tome 4 ch.12 1703 pp. 213-214 La duchesse de Mortemart quitte la cour et marie un fils difficile… 59
Lettres des deux directeurs 62
Annexe. Liste chronologique de membres ou de sympathisants de la Voie : une équipe ? 63
75.SAINT-SIMON [concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches] 68
105. Saint-Simon-révisé formaté antidoté.docx 68
76.ÉCOLES DU CŒUR AU SIÈCLE DES LUMIÈRES Disciples de madame Guyon & Influences [2016] 71
106. Ecoles.Lumières-avril2016.docx [et] .pdf 71
Les filiations de la quiétude 73
77.D. HENDERSON, MYSTICS OF THE NORTH-EAST [Henderson 1934 réédité] 77
107. Henderson Mystics Introduction & Lettres 14x21.6.docx [et] .pdf 77
108.Hadewijch Lilian & Lettres 12fév19.docx 80
78. --I Un florilège mystique relevé par Lilian Silburn -- II Hadewijch LETTRES SPIRITUELLES Béatrice de Nazareth SEPT DEGRÉS D’AMOUR – III Une brève présentation de béguines 83
109.Hadewijch choix Lilian reformaté A4 bis.docx 83
79.RUUSBROEC NOCES SPIRITUELLES [Bizet 1947 réédité] 85
110.Ruusbroec Noces spirituelles (Bizet).doc 85
80.NUAGE D’INCONNAISSANCE [Le Nuage / The Cloud / Epitre de la Direction divine, réédités] 88
111.Nuage & Epitre 14 x 21,6 au 9 fév17.docx [et] .pdf 88
112.Paul Agaesse intégral.doc 92
213. DADU (1544-1603) et les mystiques Bauls du Bengale. 92
LA GRANDE DAME DU PUR AMOUR SAINTE CATHERINE DE GÊNES 1447-1510 [réédition] 93
114.Cath_genes_choix global.doc 93
115.Cath_genes_impression.doc [et] .odt 93
226.HENRI HARPHIUS Théologie mystique – L’Eden 97
JUAN DE LA CRUZ / llama de amor viva / vive flamme / Edition bilingue 99
117.Juan de la Cruz VF interlinéaire 2017 repris 2018. 99
LLAMA DE AMOR VIVA - VIVE FLAMME D’AMOUR 100
118.Quiroga_Historia & notices_révisé_accentué_antidoté éd.2.docx [et] .pdf 115
119.Quiroga_Oraison & Apologie 4mars17.docx 125
120.Quiroga_SubidaI&II-Don-Repuestas-Apologia.docx 127
84.JEAN DE SAINT-SAMSON LE VRAI ESPRIT DU CARMEL [2012] 134
Jean de Saint-Samson (1571-1636) 135
Le sentier de l’amour divin 139
85.JEAN DE SAINT-SAMSON L’œuvre à lire [choix dans le Cabinet mystique, la direction de Dominique de St Albert, les Justifications de Mme Guyon] 151
122.Saint-Samson CABINET D & ms_28déc17 14x21.6.docx 151
122.Saint-Samson Florilège.odt 151
Lire Jean de Saint-Samson, un mode d’emploi. 152
Liste de 1658 & catalogue des ms. de Rennes 155
86.JEAN DE SAINT-SAMSON Florilège [choix réduit, réforme du carmel] 161
98. DOMINIQUE de St-Albert 162
123.Dominique de Saint-Albert Oeuvres […] 21juin2015.docx 162
Présentation par les Éditeurs 162
49.MAUR DE L’ENFANT-JESUS ECRITS DE LA MATURITE 1664-1689 169
Maur de l’Enfant-Jésus, grand carme. 170
Jean de Saint-Samson maître des novices. 171
50.Maur de l’Enfant-Jésus ENTREE A LA DIVINE SAGESSE 186
206. JEANNE DE CAMBRY 1581-1639 [2019] 196
124. Cambry et Vie et Boissieu 18fév20.odt [et[ .pdf 196
87.JEANNE DE CHANTAL RECUEIL DES BONNES CHOSES & EXTRAITS DE LETTRES [2015] 199
125.JdeCh Recueil etc-14x21.6 éd2e 21janvier15.doc (et) .pdf 199
88.JEANNE DE CHANTAL, ÉCRITS RELEVÉS DANS L’ÉDITION DE 1875 212
126.JdeCh1875 [...]au 6fév15.pdf (et) .doc 212
89.JEAN-JOSEPH SURIN LETTRES 218
127.Surin Florilège correspondance 14 x 21.6 et +.docx (et) .pdf 218
Table des lettres par principaux destinataires : 219
90.« AIME-MOI » FAITS ET DITS DE LA BONNE ARMELLE 222
128.LA_BONNE_ARMELLE_Arfuyen_20oct.doc 222
129.Armelle Nicolas Triomphe de l'Amour divin. D & M Tronc (coll.SM c. JnX 2012) .doc 223
La bonne Armelle, servante bretonne (1606-1671) 223
Un pays prospère et chrétien 224
Une biographie et son influence 233
92.MARIA PETYT (1623-1677) Mystique flamande Notices & Études par Albert Deblaere 237
130.Petyt-11mars17-I-Deblaere.docx (et) .pdf 237
131.Petyt-11mars17-II-Trad.Bosssche&Contexte.docx (et) .pdf 243
95.DOM GEORGES LEFEBVRE, PRIÈRE PURE ET PURETÉ DU CŒUR 249
132.dom Lefebvre prière pure et pureté du coeur.docx (et) .pdf 249
96.Lilian SILBURN, LE VIDE, LES VOIES, LE MAITRE 251
133.Lilian Silburn Le Vide, les Voies, le Maître 21juin16.docx (et) .pdf 251
TROIS CONTRIBUTIONS À RETROUVER DANS ETUDES I ORIGINES D’UNE FILIATION : 255
54.QUIETUDE ET VIE MYSTIQUE : MADAME GUYON ET LES CHARTREUX [« Transversalités » 2004] 256
134.Guyon LeMasson avril (pour rev.Transversalités 2004).doc 256
Bref résumé de « Quiétude… » : 256
III. Une filiation au sein d’un réseau spirituel. 267
Première « voie active de la méditation ». 271
Deuxième « voie passive de lumière ». (Les rivières) 272
Troisième « voie passive en foi ». (Les torrents) 273
Premier degré : amour et intériorité. 273
Deuxième et troisième degrés : course de l’âme à sa perte, dépouillement, mort. 274
« Vie nouvelle et divine ».(Quatrième degré et seconde partie des Torrents). 275
51.JEANNE-MARIE BOUVIER DE LA MOTHE [MADAME GUYON] (1648-1717), DICTIONNAIRE DE LA SIEFAR 278
68.L’EXPERIENCE « QUIETISTE » DE MADAME GUYON [« Mélanges carmélitains » 2004] 283
136.L'expérience quiétiste de Madame G (Mélanges carmélitains 2004)-modifié.doc 283
Les contraintes de l’époque, causes de ces épreuves. 285
Le « Quiétisme » historique. 286
Le « Quiétisme » mystique. 287
Une excellente préservation d’écrits méconnus. 289
Trois volets : expérience, enseignement, tradition. 290
Un enseignement qui couvre trois longues périodes de la vie mystique. 291
Tableau des influences exercées sur Madame Guyon. 302
102.CONTEMPLATION ET VIE ORDINAIRE CHEZ M. BERTOT ET Mme GUYON [CRESC 2019] 303
137. D et M tronc contemplation et vie ordinaire au 15juin2019.odt 303
101. A MYSTICAL TRANSMISSION SCHOOL [choix traduits par S.Lewis] 311
138.A MYSTICAL TRANSMISSION 9 août18.docx (et) .pdf 311
55.ANALYSE [« Dix-septième siècle » Fr. Trémolières] 313
138b. !F Trémolières XVIIe siècle sur Guyon DSS_103_0547[1].pdf 313
138b.F Trémolières Mme GUYON revue Hist. Litt….doc 313
139b.(1)Méthode_claire_et_facile…...pdf 314
139c.!Mectilde Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 314
139e.OCR CF I à IX format.docx 315
139e.OCR CF X à XVIII formaté.docx 315
139f.Sentences persanes Poiret Guyon.odt 315
LILIAN SILBURN [projet pour réédition future] 316
***************************** 316
LILIAN SILBURN I VIE ET PREMIERS TRAVAUX 318
151.Lilian Silburn Tome I Vie & premiers travaux.odt 318
LILIAN SILBURN II INSTANT ET CAUSE 324
152.Lilian Silburn Tome II Instant et Cause.odt 324
LILIAN SILBURN ET SES AMIS III « HERMÈS » 328
153. Lilian Silburn Tome III Hermès REVU.odt (et) .pdf 328
LILIAN SILBURN IV AUX SOURCES DU BOUDDHISME 338
LILIAN SILBURN V SIVAISME 1957-1964 343
155.Lilian Silburn tome V Sivaïsme 1-2-3-4.odt 343
LILIAN SILBURN VI SIVAISME 2 348
La MAHARTAMANJARI DE MAHESVARANANDA AVEC DES EXTRAITS DU PARIMALA 348
HYMNES AU KÂLI LA ROUE DES ÉNERGIES DIVINES 348
156.Lilian Silburn Tome VI Sivaïsme 5-6-7.odt 348
LILIAN SILBURN VII SIVAISME 3 352
SlVASÛTRA et VIMARSINI DE KSEMARÂJA 352
LA KUNDALINÏ ou L’ÉNERGIE DES PROFONDEURS 352
157.Lilian Silburn Tome VII Sivaïsme 8-9.odt 352
LILIAN SILBURN VIII SIVAISME 359
SPANDAKÀRIKÀ STANCES SUR LA VIBRATION DEVASUGUPTA & GLOSES 359
ABHINAVAGUPTA CHAPITRES 1 À 5 DUTANTRÂLOKA 359
158.Lilian Silburn Tome VIII Sivaïsme 10-11.odt 359
***************************** 364
161.!Auteurs et textes mystiques allégé.docx 364
Chronologie mystique (AC~1350 à 2000+) 364
Chronologie mystique au XVIIe siècle 372
Classement chronologique de Figures mystiques ayant connues le XVIIe siècle (noms, dates, durées de vie, appartenances) 373
Relevé bibliographique par auteur 376
Bonne Armelle > Armelle Nicolas 377
Caussade > Jean-Pierre de – 377
Chantal > Jeanne de Chantal 377
Chrysostome > Jean-Chrysostome 378
Dominique & Murielle Tronc 378
Fénelon > François de Fénelon 381
Jean-Chrysostome de Saint-Lô 383
Lacombe > François Lacombe 386
Quiroga (José de Jésus Maria-) 391
.
.
.
DOMINIQUE TRONC
Présentation
Chronologies - Expériences
« Mystiques du monde »
Franciscains
.
Table des matières
MODE D’EMPLOI des trois répertoires / ETUDES / LIVRES / SOURCES 3
TABLES successives des quatre tomes ETUDES (réduites aux niveaux 1 & 2) 20
TABLE des 3 niveaux DU TOME I 62
/ BB / ETUDES DT N / DT ETUDES 1 / DT Etudes 1 Chrono&Expériences – Monde – Franciscains.odt [ note] 86
************************************ 93
5.CHRONOLOGIE MYSTIQUE I ORIGINES A 1600 94
(1) Chronologie I = origines A5 antidoté revu fév20.odt 94
Après un étoilement demeure le vécu mystique 97
6.CHRONOLOGIE MYSTIQUE II De 1600 à nos jours 102
(2)6. Chronologie II de 1600 à nos jours A5 fév20.odt 102
Série Chronologies, compléments 105
Série EXPERIENCES MYSTIQUES et leurs dossiers 106
7.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT I DES ORIGINES À LA RENAISSANCE 106
(3)7. Expériences I Des Origines Lulu 17mars18.docx 106
8.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT II L’INVASION MYSTIQUE EN FRANCE DES ORDRES ANCIENS 119
(4)8. Expériences II Ordres anciens (Lulu) 16mars18.docx 119
1. des textes et des hommes 122
Le jeu des influences de 1381 à 1594. 122
1. La voie passant par la chartreuse de Cologne. 123
Troubles, chartreux et traducteurs. 126
Les textes essentiels des siècles précédents 127
Émigration mystique, fécondité et décadence 132
9.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT III ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES 135
(5)9.Expériences III Ordres et Figures (Lulu)16mars18.docx 135
De l’Ancien au Nouveau Monde 138
La montée en puissance du royaume 141
[Les Expériences 10.IV 11.IVb sont remplacées par IV Ecole du Coeur infra] 147
10.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET A FÉNELON 147
Madame Guyon au centre d’une filiation 152
11.EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES 155
Avant-propos, les filiations européennes 155
12.EXPÉRIENCES MYSTIQUES V FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 157
« Étoilement mystique », une bifurcation 157
Un « crépuscule des mystiques » ? 157
Remerciements & Avertissement 159
13.EXPÉRIENCES MYSTIQUE VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800 161
« Étoilement mystique », une bifurcation 161
Un « crépuscule des mystiques » ? 161
Remerciements & Avertissement 161
Le tome EXPÉRIENCES IV qui suit remplace les tomes précédents 163
EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT IV UNE ECOLE DU COEUR 164
Du Tiers ordre franciscain à l’Ermitage de Caen, Monsieur Bertot, Madame Guyon et leurs disciples 164
(10)217.Expériences IV Ecole du coeur 18juin20.odt 164
******************************* 177
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE JUDEO-CHRETIENNE & GRECQUE Des origines au troisième siècle 178
1. I.Antiquité 20fev20.odt 178
Pour introduire des mystiques de toutes cultures 178
Mystiques ayant vécus en Occident « avant l’an mil ». 185
MYSTIQUES DE L’ANTIQUITE CHRETIENNE Du Cinquième au Dixième siècle 189
2. II.Antiquité 5e-10e siècles janv2020.odt 189
MYSTIQUES CHRÉTIENS DU MOYEN AGE Douzième au Quatorzième siècle 193
3. III.Moyen Age chrétien jan2020.odt 193
MYSTIQUES CHRÉTIENS DE LA RENAISSANCE Quinzième et Seizième siècles 202
4. IVChrétiens à la Renaissance janv2020.odt 202
5. V.Mystiques chrétiens 17e siècle janv2020.odt 211
Dix-huitième au Vingtième siècle 217
6. VI.Mystiques en Europe janv2020.odt 217
MYSTIQUES EN TERRES D’ISLAM I DU NEUVIÈME AU TREIZIÈME SIÈCLE 220
7. VII Mystiques en terres d’Islam I premier juillet20.odt 220
MYSTIQUES D’ISLAM II DU QUATORZIÈME AU VINGTIÈME SIECLE 223
8. VIII Mystiques en terres d’Islam II deuxième juillet20avecLS 223
10.MYS Bouddhisme I Inde Thibet janv2020.odt 231
MYSTIQUES BOUDDHISTES de la CHINE et du JAPON 234
11.Bouddhisme II Chine Japon 1mars20.odt 234
12. Mystiques de la Chine.odt 238
POÈMES DE CHINE, CORÉE, JAPON 242
13. Poèmes Chine Corée Japon 22juin2020.odt 242
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT I Oeuvres et Figures des origines à 1600 245
14.poètes d’occident chrono 4avril T.PREMIER révisé.odt 245
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT II Depuis le Moyen âge 251
15.poètes d’occident chrono 4avril T.SECOND.odt 251
POËSIE MYSTIQUE EN OCCIDENT III Modernes 259
16.poètes d’occident chrono 4avril T.TROISIEME.odt 260
21.FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES 266
(27)21. François vu par ses disciples édition7.odt 266
Chronologie de la vie de François 267
FRANÇOIS D’ASSISE ET SES DISCIPLES [v.allégée 1/2] 276
(28) François vu par ses disciples allégé 1mars20.odt 276
Tome I. Introduction & figures mystiques des traditions franciscaines 281
Tome II. Figures mystiques de la réforme capucine 282
Tome III. Franciscaines, minimes, regard sur les héritiers. Cadre historique. 285
Présentation synchronique des principaux mystiques 286
Figures mystiques du XIVe au XVIe siècle 288
L’Italie : François de Paule. 292
L’Espagne : Bernardino de Laredo et Pierre d’Alcantara 293
23.LA VIE MYSTIQUE CHEZ LES FRANCISCAINS DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE Tome II. Florilège de figures mystiques de la réforme capucine. 300
Florilège de figures mystiques de la réforme capucine 300
Les défenseurs du vécu mystique 303
Nécrologe des capucins de la province de Paris 309
25.BENOIT DE CANFIELD, DE LA VOLONTE DE DIEU, QUINZE CHAPITRES DE LA REGLE DE PERFECTION. 324
(32) Canfield Règle (Arfuyen) pour Jch.doc 324
26.CONSTANTIN de BARBANSON I. LES SECRETS SENTIERS DE L’ESPRIT DIVIN 329
(33) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Esprit divin.docx 329
Un mystique spéculatif flamand d’expression française 329
Influences reçues et transmises 333
Expérience et compréhension mystique 334
Comparaison avec l’imprimé 337
De la méditation à l’élévation d’esprit vers l’Unité 340
L'âme jusques au bout de ses forces 344
La nouvelle opération du divin Amour 345
27.CONSTANTIN de BARBANSON II. LES SECRETS SENTIERS DE L’AMOUR DIVIN 350
(34) Constantin de Barbanson Les Secrets sentiers de l'Amour divin.docx 350
28.CONSTANTIN de BARBANSON III & IV. ANATOMIE DE L’AME 353
(35) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme I & II.docx 353
ANATOMIE DE L'AME, ET DES OPÉRATIONS DIVINES EN ICELLE. 355
29.CONSTANTIN de BARBANSON V. ANATOMIE DE L’AME 364
(36) Constantin de Barbanson Anatomie de l'âme III Quatre Traités.docx 364
Présentation commune aux trois parties de l’Anatomie de l’âme 364
Présentation propre à la troisième partie de l’Anatomie 365
30.MARTIAL D’ETAMPES Maître en oraison 372
(37) Martial (word d’origine) = Martial d'Etampes, maître en oraison A EDITER & REVU 11 déc .doc 372
Un maître artisan tout intérieur 378
Les sources et notre choix 382
Le franciscain Jean-François de Reims (-1660) et son œuvre. 388
JF de Reims Introduction, éditions 1638 et 1660.doc 388
94.« LE JOUR MYSTIQUE » DE PIERRE DE POITIERS [Intégral] 391
(38) Pierre de Poitiers Le Jour Mystique (intégral) révisé.docx 391
97. ALEXANDRIN DE LA CIOTAT (1629-1706) 405
(39) Alexandrin […] DT annoté s.Marie.docx 405
SOURCE
Séquences complète de répertoires :
Etat précédent disponible sous / BB / ! a Dominique Tronc SYNTHESE… / Serie Etudes / 4.ETUDES DT I & II ec [encours] / études tome 1 ec / Etudes DT_tome Premier 26août18.docx.docx [et l’arborescence livre d’autres états epub html…]
L’état mis à jour DT Etudes 1 Chrono&Expériences – Monde –Franciscains.odt n’y figure pas ! Il en sera de même pour toutes les autres sources soulignées livrées infra.
Donc : ! a Dominique Tronc SYNTHESE… rassemble mes travaux 2000 à 2022. Les Séries apportent des compléments : éditions antérieures, photos jpeg, fichiers pdf, epub, html...
Ce relevé d’études dessine un jardin mystique.
Il propose nos introductions suivies des tables indiquant le contenu par les titres et sous-titres des œuvres rééditées.
J'ai commencé à travailler des témoignages mystiques à l'âge où l’on prend retraite après vie professionnelle. Proposer la relecture d’écrits rédigés par des guides m’a paru raisonnable.
Une première réédition s'imposa : celle des écrits de Madame Guyon. Devenus presque introuvables à la fin du siècle dernier, par suite de la condamnation du Quiétisme, ils étaient souvent critiqués sans être lus. Pallier à cette absence était assumer un risque inutile par des religieux ou ne présenter qu’un faible intérêt conceptuel aux yeux d’universitaires. Peut-on « penser » la mystique sans l’être ?
Apparue « tardivement » dans l’histoire des mystiques chrétiens, Madame Guyon a menée une vie « complète » de laïque donc proche de la nôtre. C’est un cas rare chez les mystiques reconnus.
Par la suite je remontai le fleuve du Grand Siècle en explorateur à la recherche d’un Eldorado : car Madame Guyon n’ayant rien inventé et n’étant pas une « nouvelle mystique », quelle en était la source ? J’explorai les sables de bibliothèques religieuses en archéologue de documents papier. C’est un travail de recherche privilégiant la curiosité pour l’inconnu pratiquée en recherche scientifique.
Je (re)découvris une filiation, dont la colonne vertébrale passe du franciscain Chrysostome de Saint-Lô à monsieur de Bernières, puis à Monsieur Bertot, enfin à Madame Guyon, ceci avant d'en retrouver une attestation enregistrée en Suisse à la fin du XVIIIe siècle. Puis au-delà de la confirmation d’une telle « chaîne » de transmission mystique (donc cachée), je compris qu'il fallait ensuite la situer ; elle prend au sein d’un réseau comportant de nombreuses figures en relations directes et intimes.
Hommes et femmes s’assemblent en effet avec des contemporains. Temporellement ils participent à une lignée : des aînés aux cadets. Dans le cas évoqué apparaîssent deux nœuds dans cette succession : les amis de l’Ermitage de Caen précèdent et donnent naissance au cercle quiétiste parisien animé par monsieur Bertot et repris par madame Guyon et Fénelon.
Toute constellation se compose de nombreux astres et de quelques stars visibles par tous. Sur deux siècles -- de la fin du XVIe au XVIIIe -- une centaine de figures mystiques parvinrent par quelque « réaction chimique » cachée à rayonner avec intensité leur énergie, voire à la partager. La filiation linéaire Chrysostome-Bernières-Bertot-Guyon devient un graphe non planaire associant une cinquantaine de noeuds.
Mon travail est original parce qu’il associe des témoignages intimes sans aller au-delà de la vie concrète de leurs auteurs. Non pas en les interprétant – il n’y a pas d’idées mystique -- mais relevant les traces très discrètes de relations directes entre mystiques ( les arcs du graphe).
Heureusement le champ se réduit dès que l'on s'attache aux seules figures mystiques exprimant leur propre expérience. Il s’agit de ne pas se noyer dans l'océan de textes religieux destinés aux débutants et aux usages rituels.
Venant d'une autre planète que celle peuplée de spécialistes de littérature spirituelle, j’ai été très aidé par d’heureuses rencontres. Parmi les aînés, madame Gondal fut de bon conseil pour Madame Guyon ; André Derville me forma au bon emploi de la Bibliothèque de Chantilly ; Jacques Le Brun qui animait un séminaire à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes me fit rencontrer Philippe Sellier ; ce dernier m’accueillit dans la Société de Port-Royal et dans ses Collections publiées chez Champion ; Irénée Noye m’ouvrit aux richesses des Archives de Saint-Sulpice 4. J’omets de plus jeunes...
J'ai eu la bonne surprise de constater que nous apprécions tous la même cohorte d’auteurs spirituels tout en étant bien incapable d’évaluer précisément une pertinence « mystique ». Si des approches sémantique, linguistique, etc., pouvait en évaluer la valeur, si une théologie pouvait faire briller et découvrir ces aiguilles cachées, cela serait plus largement su et partagé. Ce serait aussi bien faire fi des domaines explorés par les poètes, les peintres, les musiciens : ils débordent heureusement le champ des écritures.
Il n’existe à ce jour aucun dictionnaire des termes mystiques utilisés en notre langue, grave lacune. Je m’en suis donc tenu à l’édition de textes, oeuvres intégrales ou florilèges. Mais s’en tenir à un choix « subjectif et a-scientifique » revient à s’attribuer un pouvoir exhorbitant alors même que l’on ne peut le justifier. Heureusement j’ai sondé les amis pour confirmation.
Les présentations hors reprises de textes anciens (ils sont signalés par des tables de contenus) se regroupent en plusieurs chantiers dont :
Une réédition partielle de Madame Guyon (un essentiel prélevé dans son œuvre abondante) ; un relevé d’expériences sous forme de florilèges faisant le tour des principales figures mystiques d’Occident en les situant historiquement ; sous forme de florilège limité aux (nombreux) Franciscains du XVIIe siècle ; sous une forme inhabituelle d’une chronologie débordant le cadre chrétien. Etc.
Certains volumes sont disponibles chez des éditeurs spécialisés, d’autres peuvent être acquis à l’unité par achat en ligne5. Les assemblages d’oeuvres sous droits ne peuvent être communiqués qu’à des amis et par mon intermédiaire. C’est le cas des quatorze tomes de « mystiques du monde » qui assemblent des textes jugés fondamentaux (et eux seuls).
Au total la centaine de titres constitués entre 2000 et 2022 constituent une « bibliothèque mystique » de plusieurs dizaines de milliers de pages. Elle couvre la majorité des auteurs mystiques non réédités auparavant quand il s’agit de la France au XVIIe siècle 6. Car en notre langue n’existe rien de comparable aux grandes éditions disponibles de mystiques flamands, anglais, rhénans, espagnols -- comme si la vie mystique était tarie longtemps avant 1600.
Il était nécessaire d'introduire ces mystiques méconnus qui s’exprimèrent en notre langue. Des présentations rassemblent des connaissances historiques à fin de restituer la silhouette très humaine de figures mal cernées par leurs seules fonctions.
Pour citer des « étrangers » ? le très grand Constantin de Barbanson est restitué complètement en quatre tomes (il écrivit en français) ; le « meilleur » disciple de Jean de la Croix Quiroga est restitué partiellement en trois tomes (espagnol et traductions françaises) ; En France Bernières, Bertot, Guyon, etc.
Mes présentations « immergées » au sein d’une centaine de « livres » couvrent le vingtième du total textuel. Comme je n'ai plus l'ambition ni la volonté de rédiger quelque synthèse personnelle, il faut rendre ces études multiples accessibles et en les complétant par les tables des contenus annoncés.
La « synthèse » prend donc la forme d’un totum partiellement édité papier, entièrement disponible en numérique formaté « livre ». Le tout basculera un jour sur le web7 (pour l’instant le totum informatisée est disponible sur demande d’amis).
Ses apports proviennent du Dictionnaire de Spiritualité et de Mystique (1930-1992)8, achevé sous la direction d’André Derville. Il est devenu initiateur et ami lorsque je commençai une nouvelle vie par des visites hebdomadaires à la bibliothèque jésuite de Chantilly ; sur les érudits cités ; sur les travaux de Jean Orcibal (Correspondance de Fénelon, Etudes d'Histoire et de littérature religieuse).
Tous conseillent une approche des figures individuelles plutôt que des groupes sociaux. Ce sont les seuls modèles disponibles en l’absence de toute théorie. L’approche propre à l’école des Annales fut nécessaire au renouveau des études historiques portant sur les collectifs mais s’avère inadaptée au domaine individuel mystique9.
Chaque ouvrage est présenté par son TITRE (parfois simplifié). Quatre volumes reprennent mes contributions (études et présentations distribuées au fil du texte de l’auteur réédité), suivi de la table de matière (simplifiée par son transfert non hiérarchisé des titres brut de niveaux deux et trois). Une telle table permet d’évaluer ce qui est évalué comme mystique au sein des écrits souvent multiples « répondant à la demande » de l’auteur.
Cette bibliothèque mystique limitée à sa présentation est un outil de travail utile : grâce aux tables on peut localiser les textes mystiques. Titrés par noms d’auteur ou d’œuvre, mais figurant au sein d’ouvrages souvent distribués chez de « petits » éditeurs ou disponible sans suivi éditorial en ligne, on ne pourrait guère les retrouver sans recourir à la présente compilation.
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J’ai opéré une relecture d’ensemble des textes (avec omissions et rares retouches).
J’ai réparti les TITRES des livres – plus d’une centaine – autour d’une dizaine de thèmes – « chantiers » menés sur vingt ans. On les retrouve en sous-titres des quatre volumes « Etudes » suivants:
Etudes 1
Séries Chronologies &Expériences mystiques en Occident
Série Mystiques du monde (16 tomes)
Série Franciscains (incluant une synthèse « française » en 3 tomes)
Etudes 2
Série Filiation mystique (des origines à la fin du dix-septième siècle : Chrysostome – Bernières et Mectilde – Bertot, lesurs « Amis » )
Etudes 3
Séries Madame Guyon (dont une en-cours d’édition comportant 12 tomes)
Etudes 4
Filiation (de Fénelon à nos jours)
Mystiques (« anciens » précédant 1600)
Carmels (Grands carmes et réforme espagnole)
Mystiques (« récents »)
Ce qui révèle une structure :
Partant d’une histoire des figures mystiques « Chronologies et Expériences » privilégiant le dix-septième français,
Prenant place dans un cadre élargi aux incontournables « Mystiques du monde »,
Privilégiant l’influence franciscaine,
Une Filiation mystique précède et suit Guyon.
Et au-delà ? deux « Carmels » et des figures anciennes ou modernes10.
Le XVIIe siècle semble limité à deux réseaux mystiques solidement constitués11, celui aboutissant à madame Guyon et celui de grands Carmes issu de Jean de Saint-Samson12.
Je privilégie toujours l’ordre chronologique.
Une étude replace une figure dans son cadre historique puis prépare son témoignage, manifestation mystique d’un vécu commun à tous en tout lieu et en tout temps. Je me limite aux témoins accomplis, sans justifier mon choix (v. remarque supra sur l’accord observé entre érudits).
L'ordre de la filiation principale du siècle n’a pas changé depuis l’article qui ouvre « (3) Filiations précédant » Mais il s’est progressivement adjoint des figures mystiques qui entouraient ses deux nœuds (à Caen puis à Paris).
Il s’agit de rectifier la vision généralement admise pour un XVIIe siècle français mystique en restituant la primauté au réseau « pré-quiétiste » et « quiétiste » (hors sobriquet, aux « adeptes de la quiétude membres de l’école du cœur »). La vision traditionnelle, construite par Bremond pour justifier son entreprise13, d’une « Ecole française » autour de Bérulle est large et vague incluant tous les dévots14. Spirituelle, elle ne convient pas au champ mystique.
Série Chronologies /… /...ed.8ec
Précédemment édité : !Chronologie I origines Digest 14.0 x 21.6 antidoté revu.docx sous le titre : Chronologie de Mystiques et Associés I Des origines à 1600, Un Florilège établi par Dominique Tronc, « Chemins mystiques », 2017, 400 p.
Je propose une approche globale de témoignages « mystiques ». Elle rassemble des textes provenant de cultures diverses dans le temps et dans l’espace. Elle souligne l’universalité d’une vie intérieure unique proposée à tous lorsqu’ils accèdent aux fondamentaux de leur Source commune ; un « océan de textes » est accessible de nos jours grâce au réseau de communication mondiale devenu l’outil d’une noosphère. Il offre une même intelligence des vécus.
Un accord finalement large entre spécialistes quant aux figures mystiques propres à diverses traditions témoigne de l’unicité du fond. Les variations d’origines culturelles et religieuses ne voilent pas le vécu mystique pour ceux qui y ont été rendus sensibles une fois. Et l’unité sous-jacente n’enlève rien à chaque Tradition. Elle les conforte, alors même que certaines structures religieuses soulignent des différences pour tenter de maintenir des frontières évanescentes.
Un inventaire est présenté de manière originale ici pour la première fois, d’une façon qui peut apparaître provocatrice par sa diversité : une longue « page » déroulée chronologiquement. Le lecteur fera son choix dans ce florilège mystique. Il choisira et appréciera des textes de ses auteurs, du moins de quelques-uns. Il est inutile de les présenter en détail puisqu’il suffit de consulter immédiatement une encyclopédie en ligne telle que Wikipedia. Nous nous plaçons donc à l’opposé de dictionnaires biographiques sans citations. Un nom, un beau dit ou un seul extrait qui parle au cœur, et cela suffit à justifier ce travail. Un libre choix de noms constitue le fil d’Ariane nécessaire et suffisant de nos jours d’information surabondante. Nous ne retenons ici que des mystiques accomplis, sans considération des influences qu’ils exercèrent socialement ou religieusement.
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Cette séquence s’inscrit au sein d’une Histoire globale qui rassemble traditions et cultures comme les composantes d’une unique évolution humaine. Dans divers domaines existent de belles synthèses 15. Certaines sont conscientes d’une relativité de la notion même du temps au bénéfice de l’unité de leur sujet. Ici cette unité souligne l’intemporalité de l’expérience mystique.
Les liens électroniques instantanés soulignent aujourd’hui l’écart matériel croissant entre riches et pauvres, entre puissants et faibles, et les contradictions entre « systèmes » imperméables à la critique interne de par leur nature suggestionnaire plutôt que raisonnable. La résolution pacifique de ces contradictions dépend d’une possibilité d’ouverture à tous les rameaux de la gerbe humaine. Peut-on y contribuer sans exacerber les sensibilités ? Et sans tenter une « synthèse » qui se placerait indûment au-dessus de ces témoignages.
Il existait dans les cultures anciennes des formes littéraires laissant peu de place aux idées directement exprimées et délivrées ainsi de toute généralisation indue : choix de paraboles ou d’apologues, constituant des « colliers » aux pierres choisies qui traduisent la sensibilité de l’artisan joaillier. Notre culture d’Occident met en avant l’inventivité individuelle et « les idées », mais ces formes sont bien adaptées au vécu intérieur. Les perles seront ici des auteurs ou des œuvres. Elles sont enfilées en un collier selon l’ordre chronologique présumé.
Pour les auteurs célèbres, nous pouvons en rester au goût donné par quelques brèves citations en renvoyant à des éditions facilement accessibles. La lecture et relecture de certaines œuvres entières s’impose : c’est par exemple le cas du corpus réduit qui nous est parvenu de Jean de la Croix. Pour de nombreux mystiques difficilement accessibles, notre choix sera plus substantiel. Nous renverrons souvent à des extraits préparés à partir d’éditions originales ou de traductions érudites (entre parenthèses, ceux qui restent à établir).
J’indique pour chaque auteur cité des sources en me limitant à des ouvrages personnellement consultés et en tâchant d’associer une édition de référence à une édition facilement accessible. Les extraits de ces sources sont souvent brefs, condition requise pour que le « rouleau textuel » ne soit pas désespérément long (la table des matières qui ouvre ce rouleau permet une recherche aisée lorsque l’on connaît déjà un nom). J’alterne citation nue et notice plus longue, selon les entrées. Certaines seront très amples pour des figures aux grandes influences : Gazali, Ruusbroec…
Si la mystique est une et intemporelle, ses formes d’expression humaine restent liées à un modèle lentement évolutif au cours du déroulement d’une culture. On observe des regroupements par grandes périodes qui voient tel milieu prédominer par le nombre des entrées : en Occident, ces « vagues » couvrent successivement l’Antiquité, puis les terres de très anciennes civilisations recouvertes par l’Islam, enfin les terres d’une Europe naissante défrichée et convertie au christianisme (en orient la situation est moins claire : foyer antique indien dont la réforme bouddhique se propage en Chine fusionnant avec ses traditions propres avant d’atteindre le sauvage Tibet et le lointain Japon ?). Plus précisément daté : l’abondance des mystiques en terres d’Islam entre le neuvième siècle et le douzième siècle précède celle en terres chrétiennes à partir du treizième jusqu’au dix-septième siècle. Cette dernière vague au fil de ses épanouissements voit se succéder pays flamand et rhénan, Italie, Espagne, enfin la France particulièrement riche d’un « Grand siècle » que nous favoriserons.
L’ordre chronologique des textes, même s’il est parfois délicat à établir 16, présente les avantages suivants :
– Il évite les confrontations alors que les présentations mettant en avant des structures culturelles et des traditions religieuses peuvent facilement y glisser.
– Il tient compte des influences possibles au sein d’une culture sur un auteur en situant ce dernier parmi ses pairs, entre aînés proches et cadets. Des filiations par rencontre directes entre figures apparaissent ainsi possibles ou non.
– Un auteur ou une œuvre se retrouve aisément parce que son époque est généralement connue approximativement, ce qui évite de parcourir trop d’entrées du « grand défilé de l’évolution » culturelle.
– Le lecteur sera « réveillé » par des voisinages inattendus. Ainsi l’entrée pour Rûmi (-1273) est suivie de celle pour le Zohar (~1280) compilé par un Moïse de Leon contemporain de la seconde béguine Hadewijch (~1280). De même, plus tard, le très catholique monsieur de Bernières (-1659) est contemporain du fort libre sufi indien Sarmad (-1661).
– Le choix de privilégier des auteurs et quelques œuvres détache des trésors mystiques d’une gangue du suivi religieux. Je partage une hiérarchie de valeur situant la mystique en premier clairement exprimée par al-Ghazali (-1111) puis par Bergson (-1941) 17.
– Enfin une telle approche hors structure contraignante autre que des dates nous facilite l’inclusion de figures « exotiques » sans en avoir la légitimité requise érudite et linguistique.
Le spectre de couleurs portées par les figures est large, en ouvrant même l’accès à des poètes, à quelques « témoins » d’instants mystiques ou à des « avocats » défenseurs dans les temps plus récents où la caution religieuse disparaît. Le sens imprécis attaché au terme « mystique » nous y autorise-t-il ?
Il sera facile pour le lecteur d’orienter son regard sur le vaste paysage que je propose sans autorisation justifiée dans la direction qui lui convient. Les figures retenues sont toujours celles de « témoins » même s’il ne s’agit parfois que d’un contact ou « instant » vécu. On demeure donc dans le cercle expérimenté, évitant les nombreux penseurs au service d’une Cause. Certaines figures sont citées sans contenu pour nous préserver de leur oubli sans les défigurer par mon indigence. Enfin l’importance d’une entrée n’est pas proportionnée à sa taille.
On ne peut guère compenser la sous-représentation propre aux littératures commentariales « sans auteur signé » typiques des traditions de l’Extrême-Orient. Nous y avons pallié par l’introduction de quelques « textes fédérateurs » qui ont inspiré des générations de méditants dont des mystiques (le cas est particulièrement net dans le cas de la tradition bouddhique dont les sûtras sans auteur connu n’ont souvent survécu que sous forme d’adaptations par des traducteurs aux prises avec une grande diversité de sources et de langues, du sanscrit au chinois).
On note une « absence » propre à l’époque la plus récente. Elle apparaît d’un relevé statistique effectué sur nos entrées. Mais comment élargir des œillères ? Il faut apprécier la disparition d’une langue mystique commune, la cause première de cette absence parmi les chrétiens affirmés, puis plus tard tenir compte de la non-perception de la nature mystique d’un vécu par son bénéficiaire (l’« ingénierie » psychologisante de l’âme y contribue aujourd’hui comme anciennement celle de l’absence d’une affiliation religieuse a pu faire disparaître toute trace).
À partir de 1700 environ se produit une sortie des cadres traditionnels : un « étoilement ». Certes le mystique n’a pas besoin d’adhérer à une orthodoxie, mais son œuvre ne survit que très exceptionnellement si elle n’est portée par un corps intermédiaire, par exemple religieux 18. Notre époque connaît de multiples chocs contribuant à cet étoilement : l’irruption des sciences soumet au contrôle expérimental et à la raison ; la rencontre sur un pied d’égalité entre civilisations ; le changement des cadres de représentation écarte toute synthèse collective typique d’un « âge classique ».
L’homme perd des repères, car la rencontre des modèles culturels lentement bâtis autour de croyances ancestrales les relativise. Pourtant le vécu mystique n’enlève rien à chaque Tradition : il la fonde.
Que proposer à la génération montante ? Avant elle beaucoup connaissaient des Écritures sacrées, certains fréquentaient les principaux auteurs mystiques reconnus, tels Jean de la Croix. Les nouveaux chercheurs se confrontent à l’immense richesse d’un réseau sans repères. D’où la nécessité de proposer un choix sous forme d’entrées choisies.
Ouvrons le vécu mystique sans croyance associée ni soutien autre que celui des compagnons de route. Le vécu doit répondre au test d’universalité. L’expérience mystique ne peut dépendre d’avant ou d’après, d’ici ou de là même si son expression en est colorée. Ce que le carme Honoré de Sainte-Marie avançait dès 1708, relevant siècle après siècle un grand courant des mystiques avant comme après Jésus-Christ 19.
J’apporte quelque précision en ce qui ne peut être défini qu’en creux, comme un « ni ceci, ni cela ». Le terme « mystique » a été galvaudé : dérivé du grec mustes « initié », il en est arrivé à désigner toutes sortes de phénomènes incompréhensibles, bizarres, voire pathologiques (on parlera de « délire mystique »). On y mêle les transes chamaniques ou les expériences dues aux substances hallucinogènes. On le confond souvent avec le paranormal ou avec le miraculeux, domaine de tout ce qui contredit les lois habituelles de la matière ou du biologique. Rien de tout cela n’a intéressé nos auteurs.
La mystique n’est pas non plus le simple prolongement des expériences humaines les plus hautes comme l’amour, la beauté de la musique ou de la nature, les compréhensions fulgurantes, la ferveur religieuse… Elle n’est pas non plus vécue dans les méditations de « pleine conscience » qui font tant de bien par la paix qu’elles apportent, mais qui appartiennent au développement personnel, corporel et psychologique : il y a là un repos parfait de toutes les facultés, mais c’est en soi que l’on repose, dans sa propre nature.
Le domaine mystique fait partie de ce qu’on appelle le « spirituel », il en est même le cœur. La spiritualité est à la fois plus large et beaucoup plus vague : elle englobe tous les écrits où l’on s’oriente vers « Dieu ». L’intellect, l’imaginaire, le sentiment tournent autour du divin : on est souvent dans une rêverie autour de, une « réflexion sur ». Dans le meilleur des cas, il s’agit d’un élan, d’une tension vers Dieu, qui prépare l’être à être attentif à l’évènement inouï qui peut se produire.
Face à l’immensité du champ spirituel, nous nous concentrons sur les témoignages d’expérience du divin. Des textes racontent l’irruption dans l’humain d’une dimension verticale, d’une autre nature, que les hommes sont forcés d’appeler « divine », car elle ne peut être fabriquée par les facultés humaines : l’Énergie impersonnelle qui sous-tend l’univers se manifeste à l’homme. C’est ce face à face entre l’humain minuscule et « Dieu », qui forme le domaine propre à la mystique : l’homme rencontre sa source et la source de toutes choses. Des hommes et des femmes ont vécu cette irruption du divin en eux depuis l’aube de l’humanité, et cette expérience est universelle. Ils attestent la présence au centre d’eux-mêmes d’une Réalité expérimentée au-delà du corps, du psychologique, de l’intellect ou de l’imaginaire, qui existe au-delà de l’humain, mais qui envahit l’humain.
Cette expérience est ressentie au centre, au « cœur » de l’être : c’est pourquoi elle est souvent appelée « intériorité ». Une fois vécue, on ne peut plus la nier, quelles que soient les contraintes extérieures. On ne peut que s’incliner devant elle, la vénérer et l’aimer. Cette Présence comble le vide de la nature humaine. En comparaison, tout ce qui a été vécu avant n’est rien que transitoire, illusoire, préoccupation d’enfants ou de fous : le capucin Benoît de Canfield parle du Tout de Dieu et du rien de la créature. Pour Pascal, cette expérience est si importante qu’il la transcrit sur un papier qu’il garde toujours sur sa poitrine : « Joie, pleurs de joie ».
Les manifestations du début sont diverses, mais universelles : vibration du cœur, coulées d’amour, de béatitude, de silence, de paix, qui envahissent la personne et l’émerveillent. Le mystique les recherche, les attend, les favorise ; il les pleure lors de sécheresses, de « nuits », lorsque la Présence semble disparaître. Même si elle est recherchée volontairement, cette Présence se manifeste librement : c’est pourquoi bien des textes l’appellent la « grâce ». Si les préparatifs qui veulent faire remonter vers Dieu par l’effort humain sont parfois récompensés, ils sont bien entendu sans commune mesure avec cette liberté : « L’Esprit souffle où il veut », dit l’apôtre Jean (Evangile 3, 8).
Cette présence peut au début recevoir des qualificatifs : paix, amour… Mais certains mystiques sont amenés à prendre conscience que ce ne sont que des effets de cette Présence et désirent davantage. Un double mouvement s’opère : par amour, dans un abandon total, le mystique se donne au divin pour qu’il fasse ce qu’il veut, en réponse le divin l’envahit de plus en plus et nettoie tout ce qui n’est pas lui. Le mystique perd toute projection vers l’objet Dieu. Un grand retournement s’opère où le divin prend la place au cœur de l’homme, où s’opère l’union entre Dieu et l’homme : [l’âme] « ouvre la capacité de tout son esprit pour engloutir cet abîme, mais au contraire s’en trouve être heureusement absorbée et engloutie…20 » Ceci au prix d’un profond dénuement et d’une grande obscurité, car le divin est incompréhensible aux facultés humaines21 : c’est le « Nuage d’inconnaissance », titre d’un profond texte mystique22. La vie humaine parvient là à son accomplissement parfait où le mystique participe au grand courant de la Vie universelle. Saint Paul s’écrie : « Je vis, non plus moi, mais Jésus-Christ vit en moi23. »
Il ne reste plus que le grand Rien, le grand Vide. Ce vécu s’exprime souvent en termes religieux, mais il n’est pas le produit de la religion : la mystique est première. Les religions sont les expressions particulières à chaque civilisation d’une expérience universelle : à partir de l’expérience de Jésus, du Buddha, de François d’Assise s’organise une communauté qui espère recréer les conditions où elle peut se manifester (croyances, prières, règles, méditations, ascèse…). L’organisation nécessaire pour le grand nombre fossilise l’élan créateur, naissent les lois et la théologie. « La mystique » en tant que corpus textuel ne fait pas partie du champ intellectuel, n’élabore pas de champ conceptuel ou de problématique : elle tente péniblement d’exprimer l’indicible par des mots.
Ses entrées par figures mystiques ou rarement par thèmes sont réparties chronologiquement et couvrent deux tomes :
I Origines à 1600 toutes Traditions confondues
II 1600 à aujourd’hui : toutes Traditions
« L’objet » proposé n’a guère de modèle dans la littérature récente. L’idée serait-elle neuve24 ? Outre quelques poètes (généralement nous nous sommes limités à un seul poème par entrée), je dissémine quelques titres « hors norme » évoquant des domaines d’expression autre que l’écrit, voies alternatives du témoignage mystique écrit : en peinture, Van der Weiden, fra Angelico, Rembrandt valident la tradition chrétienne ; les lavis de la période chinoise des Song valide le bouddhisme T’chan ; les Selva Morale e Spirituale de Monteverdi ou les Cantates de Jean-Sébastien Bach remplacent des théologies datées. [...]
Présentation7
Présentation chronologique9
Choix large11
Après un étoilement demeure le vécu mystique12
Mystique13
Florilège15
Chronologie des mystiques Origines à 160019
0000 Pygmées21
AC ~1350 Hymne d’Akhnaton.22
AC ~ 575 Livre de Job27
AC ~ 540 Isaïe29
AC ~ 500 Parménide30
AC 399 Socrate (AC 470 — AC 399) & Platon (AC 427 — AC 348/7)32
AC ~350 ? Mundaka Upanishad33
AC ~300 Lao Tseu/Laozi34
AC ~250 Hymne à Zeus35
AC ~ 250 Tchoang-tseu/Zuangzi37
~70 Paul l’Apôtre40
~80 L’Évangile selon Matthieu41
~170 Textes bouddhiques dont L’enseignement de Vimalakîrti43
270 Les Ennéades de Plotin (205-270)45
~390 La Vie de Moïse de Grégoire de Nysse (~331 apr. 394).46
~430 Cassien (~360 ~430)48
430 Augustin (~354 - 430)49
485 Proclus (412 - 485).53
~ 500 ? Sutra on Perfect Wisdom (Abhisamayâlankâra).55
~500 Denys l’Aréopagite56
~529 Damascius60
632 Le Coran de Muhammad (~570 - 632)61
713 Houei-neng (638-713), Soûtra de l’Estrade63
761 Wang Wei (701-761) & 762 Li po (701-762)71
~780 Jean de Dalyatha (~690 ~780)72
~800 ? Le cycle de La grande libération attribué à Padmasambhava.73
801 Râbi’a (~713-801)76
Femmes soufies des premiers siècles de l’Hégire80
Hommes soufis des premiers siècles de l’Hégire83
911 Junayd (830-911)87
922 Hallaj (857-922) présenté par Hamadani90
849 Bistami/Bayazid (777-848/9)92
965 Niffari (879-965)94
995 Traité de soufisme de Kalâbâdhi (? – 995)95
1021 Sulami (937–1021)96
1022 Symeon le Nouveau Théologien (949 - 1022)100
~1030 Abhinavagupta (~955 - ~1030) et le Sivaïsme du Cachemire.104
1033 Abû’l-Hasan Kharaqânî (960-1033)106
1049 Abu Sa’id (? – 1049)108
~1050 Milarepa113
1064 Ibn Hazm (994-1064)115
1089 Khwadja « Abdullah Ansâri (1006-1089)116
1111 Hamid al-Ghazali (1058-1111) et son frère Ahmad (-1126)119
1131 Ayn Al-Quzat Hamadani (1098 – 1131)131
1141 Hugues et Richard de Saint-Victor (– 1141).133
1141 Ibn Al-Arif (-1141)137
1148 Guillaume de Saint-Thierry (~1085-1148)142
1153 Bernard de Clairvaux (1091-1153)145
1188 Guigues II (? – 1188)149
1191 Sohravardi (1155 – 1191)151
1209 Rûzbehân (1128-1209)157
1220 Najmoddîn Kubrâ (1145-1220)163
1226 François d’Assise (1182-1226)166
1230 Attâr (1142-1230)177
1235 Ibn al Faridh186
1240 Ibn « Arabî (1165-1240)187
1240 Hirrali (? – 1240)191
~1240 Traité de l’Unité192
Moniales, béguine, simple paysanne, nouveau mode de vie !196
~1240 & ~1280 Hadewijch I & II199
1273 Rûmî (1207-1273)208
~1280 Le Zohar compilé par Moïse de Leon (1240-1305).210
1290 Nasafi (?-1290) & Traités du soufisme.211
~1300 Hugues de Balma215
1306 Jacopone da Todi (~1233 - 1306).218
1309 Angèle de Foligno (1248 - 1309).223
1310 Marguerite Porete (~1250 - 1310).229
1318 Sultan Valad (1226-1318)232
1320 Shabestarî (?-1320).235
1321 Dante Alighieri (-1321)241
1328 Maître Eckhart (~1260 - 1328).242
1349 Richard Rolle (~1295 ? – 1349)250
1361 Tauler (~1300-1361)254
~ 1361 L’Imitation de la Vie Pauvre de N.S.J.C.265
1366 Suso (~1295-1366)269
~1370 Le Nuage d’Inconnaissance.270
~1370 La Theologia Deutsch ou Livre de la Vie Parfaite.278
1376 Hyegun (1320-1376)281
1381 Maneri (~1263-1381)282
1381 Jan van Ruusbroec (1293-1381)284
1389 Baha’ Al-din Naqshband (1317-1389)298
1390 Hâfez de Chiraz (1316/1317 - 1390)302
1390 Ibn Abbad de Ronda (1332 – 1390)303
~1390 Lalla (~1320 - ~1390).305
~1408 L’Imitation de Jésus-Christ, Thomas a Kempis (1379 – 1471).308
1411 Gerlach Peters (1378-1411).310
~1420 Julian de Norwich (~1343 - après1416)312
1428 Jîlî (1366-1428)317
The book of Margery Kempe (~1373 ~1440)319
1471 Denys le chartreux (1402-1471).320
1477 Henri van Herp/Harphius (1400 - 1477).321
1492 Jâmî (1414-1492).323
~1500 ? Derviches anatoliens325
1508 Nil Sorskij (1433-1508), influence328
1510 Catherine de Gênes (1447 - 1510)330
1518 Kabir (~1440 - 1518)341
1529 « Brug-pa (1455-1529)343
1535 La Perle évangélique.344
1538 Subida del Monte Sion de Bernardino de Laredo (1482 ~1540).347
1548 Institutions pseudo-taulériennes350
1562 Pierre d’Alcantara (1499 - 1562)352
1566 Louis de Blois (1506 - 1566) et son Institution spirituelle353
1582 Thérèse de Jésus (1515 - 1582).357
1588 Breve compendio d’Isabelle Bellinzaga.367
1591 Luis de Leon (1528-1591).370
1591 Jean de la Croix (1542-1591).374
1596 Grégoire Lopez (1542 - 1596)386
1598 Philippe Desportes392
1600 Giordano Bruno (~1550 – 1600)393
Je poursuis cette chronologie en me limitant à des figures rattachées à des Traditions. Il y a bien d’autres mystiques hors des chemins battus, auxquels un ordre chronologique convient mal. Expériences mystiques VI Hors cadres les présentent. Voici un extrait de leur introduction :
« Je ne crois pas au « crépuscule des mystiques » évoqué par Louis Cognet. Certes le langage commun à toute théologie a disparu (il avait été précisé juste à temps dans le monde catholique au XVIIe siècle en latin puis en français par Sandaeus, Civoré, madame Guyon, Honoré de Sainte-Marie) 25. S’en est suivi l’absence d’un corps facilement reconnaissable d’auteurs-témoins susceptible d’être triés selon un critère théologique ou regroupés par Ordres religieux. […]
La mystique perçue comme une façon de vivre son rapport avec un Dieu et prenant place au sein d’une tradition reçue et vérifiée disparaît de l’esprit des modernes ; particulièrement chez des scientifiques jugés « athées » alors qu’ils sont le plus souvent agnostiques.
L’abandon de croyances traditionnelles est compensé par des témoignages individuels forts. S’exprimant diversement, des « mystiques sans Dieu » paraissent diluer une expérience insaisissable ?
Pour des figures relevées au cours du dernier XXe siècle, le jardin mystique se présente « à l’anglaise » dans un espace sauvage aux aperçus inédits. « II. Hors cadres » présente ainsi des figures qui n’ont pas rattaché leur rencontre « d’un plus Grand qu’eux-mêmes » 26 à une Tradition. Leurs vies ont toutefois été changées, marque qui leur est commune. Ces pèlerins cheminent hors piste sans pouvoir facilement situer ce qui leur est arrivé (nous ne retenons aucun de ceux qui se présentent sur la grand-place du marché spirituel en maîtres proposant quelque « nouvel enseignement »).
Les deux premiers chapitres présentent des figures à la recherche de la vie mystique soit par l’exercice de leur réflexion (« chercheurs ») soit par l’exercice de leur intuition (« poètes »). Les trois derniers chapitres rassemblent des témoins : ceux de « l’instant mystique », ceux auxquels la vie mystique se révèle au sein de l’épreuve, enfin des « témoins pour notre temps ». Ils confirment la nature mystique de certaines expériences, même si cela n’est pas évident à leurs yeux.
Plus d’une centaine de figures sont proposées en dix chapitres répartis entre fidèles aux traditions et chercheurs ou témoins hors cadre 27. Leur nombre est ainsi rendu comparable à celui des figures ayant connu le XVIIe siècle et qui disposaient d’une section dans Expériences mystiques en Occident, tomes II à IV. S’ajoutent quelques entrées couvrant soit un genre d’expression soit une œuvre collective. »
1603 Dadu (1544–1603) and the Bauls of Bengal 4
1610 Benoît de Canfield (1562-1610) 10
1618 Madame Acarie, [Première] Marie de l’Incarnation (1566-1618). 21
1622 François de Sales (1567-1622). 38
1623 Exercices sacrés de l’amour de Séverin Rubéric (- apr.1625). 43
1624 Shaykh Ahmad Sirhindi (1564-1624) 48
1624 Jacob Böhme (1575–1624). 61
1628 Joseph de Jésus Maria [Quiroga] (1562-1628). 66
1631 Constantin de Barbanson (1582-1631). 71
1635 Martial d’Étampes (1575 - 1635). 85
1635 Louis Lallemant (1588 - 1635). 93
1636 Jean de Saint-Samson (1571 - 1636). 97
1638 Falconi (1596 - 1638) 112
1639 Jeanne de Cambry (1581-1639) 117
1641 Jeanne de Chantal (1572 - 1641). 125
1644 Isabelle des Anges (1565 - 1644) 134
1646 Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594 - 1646) 136
1649 Gaston de Renty (1611 - 1649). 151
~1650 Pierre Cluniac (1606 - après 1642). 156
1654 Marie de Valernod, dame d’Herculais (1619 - 1654). 158
~1656 Claudine Moine (1618 - après 1655) 159
1656 Marie des Vallées (1590-1656) 168
1657 Le Pèlerin Chérubinique d’Angelus Silesius (1624 - 1677). 180
1657 Jean-Jacques Olier (1608-1657) 182
1657 Madeleine de Neuvillette (1610 - 1657) 188
1658 Jean Rigoleu[c] (1596 - 1658). 189
1659 Jean de Bernières (1600 - 1659) 192
1661 Sarmad (? – 1661) 197
1662 Pascal (1623 - 1662) 199
1665 Jean-Joseph Surin (1600 - 1665) 206
1668 Antoine Civoré (1608 - 1668) 222
1670 Le Jour Mystique de Pierre de Poitiers (– 1683) 223
1671 Armelle Nicolas (1606-1671) 246
1672 Marie de l’Incarnation [Guyart] (1599-1672). 263
1674 Geneviève Granger (1600 - 1674) 276
1674 Thomas Traherne (1637 - 1674) 282
1677 Baruch de Spinoza (1632 - 1677) 284
1677 Charlotte Le Sergent (1604 - 1677). 285
1678 Antoinette de Jésus (1612 - 1678) 288
1678 Henry Scougal (1650 - 1678). 290
1680 Alexandrin de la Ciotat (1629 - 1706). 295
~1680 Catharina Regina von Greiffenberg (1633-1694) 307
1681 Monsieur Bertot (1622-1681), Directeur Mystique. 308
1682 Marie (1644-1682) et Claude Hélyot (1628-1686) 318
1686 Nicolas Barré (1621 - 1686). 321
1690 Robert Barclay (1648 - 1690) et les Quakers. 324
1689 Jean Aumont (1608 - 1689) 328
1691 Laurent de la Résurrection (1614 – 1691) 335
1696 Molinos (1628 - 1696). 343
1698 Mectilde / Catherine de Bar (1614-1698) 349
1711 Machrab (1657-1711) 357
1715 Fénelon (1651 - 1715) 359
1717 Jeanne-Marie Guyon (1648 - 1717) 378
1720 Claude-François Milley (1668 - 1720) 400
~1751 L’Abandon à la Providence divine 402
1769 Gerhard Tersteegen (1697 - 1769) 407
1782 La Philocalie, une bibliothèque spirituelle. 408
1823 Sheikh Al-Arabi ad-Darqawi (-1823) 409
1827 Dov Baer de Loubavitch (1773 - 1827) 412
1833 Seraphim de Sarov (1759-1833) 418
~1840 Optino et la Paternité spirituelle en Russie. 424
1852 François Libermann (1802 - 1852) 431
~1870 Récits d’un pèlerin [russe] 435
1883 Abd el-Kader (1807-1883) 437
1897 Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897) 441
~1906 Archimandrite Spiridon 442
1918 Marie-Antoinette de Geuser « consummata » (1889-1918) 444
1932 Ramakrishna ( - 1932) 449
1934 Ahmad al-‘Alawî (-1934) 453
1938 Starets Silouane (1866-1938) 456
1941 Thomas Kelly (1893-1941), quaker 458
1942 Brandsma (1881-1942) 460
1942 Edith Stein (1891-1942) 461
1943 Jiri Langer (1894-1943) 467
1948 Vital Lehodey (1857-1948) 478
1950 Simon Frank (-1950) 479
1950 Ramana Maharshi (1879 - 1950) 480
1963 Ramdas (– 1963) 488
1966 D.T.Suzuki (1870-1966) 493
1973 Henri Le Saux / Swami Abhishtktananda (1910-1973) 506
1979 Jeanne Schmitz-Rouly (1891-1979) 508
1980 Lev Gillet (1893 – 1980) 513
1988 Sayd Bahodine Majrouh (-1988) 535
1993 Lilian Silburn (1908-1993) 537
2002 Marie-Dominique Molinié (1918-2002) 548
Lu ‘K’uan Yü (1898 - ?) & Hsu Yun 552
Dom Georges Lefebvre 555
R.H. Blyth [on Zen] 559
Toshihiko Izutsu [on Zen] 564
/210. CHRONOLOGIE (CMSITE) : / page cheminsmystiques à réviser
octobre 2018
Chronologie mystique I Des Origines à 1600 et II de 1600 à nos jours
>>> brefs catalogues choisis associés en conclusion des Chronologies
< 250 pages pour tous
1.but de la vie 2.mystique 3.chemin 4.figures
thèmes : immensité, complexité, inconnu > besoin d’un guide guarde-fous
partir de Expériences, Chronologies, Etudes, dossier de la Figure en cours choisie pour son achèvement mystique seul
aboutir à une notice standardisée : figure datée, résumé une phrase, réédition, sources
à remplir progressivement le canevas posé par niveaux de titrages
François Guillaume Hadewijch Nuage Ruusbroec Norwich Tauler Eckhart Catherine de Gênes
Jean de la Croix Marie des Vallées Anne de Saint Barthélémy Canfield Armelle Chantal Barbanson
Quiroga Bernières Cambry Marie de l’Incarnation Marie Petyt Guyon
existe intérieurement si réceptivité
et le maître ne peut y contribuer autrement car ne s’enseigne pas
donc inconnu des chercheurs
suppose concentration des sujets potentiellement mystiques
soit en communauté reconnue qui les attire (monastères, groupes sufis)
non sans risque des faux maîtres
pb de dimension :
trop petit risque de ne pas trouve de successeur dans l’école
trop grand risque de fossilisation par organisation rendue nécessaire et de prise en main par un chef
intermédiaire ~ 20 max. (12 pour les filles de Teresa)
Sans transmission ?cas général mais spontané donc rare
Histoire compliquée par changement éditoriaux : Les Deux Océans, Dervy ?, Lulu…, ?
Plan initial
I. DES ORIGINES A LA RENAISSANCE /7.
II. L’INVASION MYSTIQUE EN FRANCE DES ORDRES ANCIENS /8.
III. ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES /9.
IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET FENELON /10. /216.
IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES /218.
V. FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 /12. /219.
VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800 /13. /220.
Finalement demeurent I II III IV /216c encours assemblant IV à IVb
V. et VI. abandonnés au profit de Chronologie II
Série Expériences / 7. (Deux Océans) 2012
!D Tronc Expériences I Des Origines (Deux Océans 2012).docx
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident I. Des Origines à la Renaissance, Editions Les Deux Océans, 2012, 344 p. [repris par Trédaniel-Dervy] [guide & florilège introduisant aux principales figures mystiques de la Tradition chrétienne]
reprise à l’identique : Série Expériences / 7. (Lulu) 2018
Arpentant les allées de la mystique, j’ai regretté de ne pas trouver de guide qui m’évite de perdre du temps en lectures inutiles : voilà pourquoi, parvenu à l’âge mûr, je publie ce travail destiné aux amateurs - ceux qui aiment - attirés par des beaux textes disséminés au sein d’une immense littérature spirituelle. Beaucoup ne disposent pas de carte, ne savent pas par où commencer, quelles éditions choisir, et surtout quels sont les textes essentiels.
Je me suis attelé à opérer un choix sévère de personnes et d’œuvres puis à les présenter en suivant le fil historique. Je me suis concentré sur deux points essentiels : ne citer que les témoignages d’expérience du divin en évitant toute littérature dérivée ; mettre en valeur les influences personnelles exercées par des « aînés » expérimentés sur leur entourage constitué de « cadets » : les mystiques ne se forment pas tout seuls, même en lisant d’excellents livres !
Le lecteur est en droit de demander des précisions sur ce que recouvre à nos yeux le domaine « mystique ». Nous donnerons notre perception « de la mystique », que nous ferons suivre des « opinions de quelques-uns ». Cette introduction s’achèvera sur un aperçu du contenu des quatre volumes de l’ouvrage qui couvriront la vie de personnes mystiques ayant vécu en terres chrétiennes occidentales.
On ne trouvera pas ici une réflexion sur la mystique puisque notre but est de laisser place à des témoignages qui font pressentir un au-delà inexpliqué du psychisme humain. Soulignons leur originalité et le respect qui leur est dû : lorsqu’un alpiniste éprouvé raconte son ascension de l’Éverest, il ne vient guère à l’esprit de remettre en cause son vécu. Écoutons de même un « aîné » tenter d’en rendre compte, même si nous sommes déroutés lorsqu’il s’appuie sur des expériences non partagées, en s’exprimant à travers des symboles ou des croyances qui ne sont plus les nôtres.
Jamais le terme « mystique » n’a été plus galvaudé qu’à notre époque, comme le montre tout sondage effectué sur le net ou en feuilletant certaines revues : dérivé du grec mustes « initié », il en est arrivé à désigner toutes sortes de phénomènes incompréhensibles, bizarres voire pathologiques (délire mystique). On y mêle les transes chamaniques ou les expériences dues aux substances hallucinogènes. On le confond souvent avec le paranormal ou avec le miraculeux, domaine de tout ce qui contredit les lois habituelles de la matière ou du biologique. Rien de tout cela n’a intéressé les auteurs que nous allons présenter.
Comme en témoignent des récits venus du monde entier, l’expérience qualifiée de « mystique », c’est-à-dire cachée - parce qu’elle ne se prête qu’à des descriptions indirectes et qu’elle n’est confirmée que par ses effets -, est spécifique. Elle est définie dans toutes les traditions comme l’expérience humaine de ce qui sous-tend l’univers, qu’on l’appelle Dieu, Grâce divine, Énergie…
Loin de n’être qu’un sentiment décrit comme « océanique », il est confrontation au Vide ou au Plein situé au-delà des expériences instantanées, des sentiments, des imaginations, de l’intellect. « Dès que les cavernes de l’entendement et de l’imagination sont vacantes, l’essence divine se révèle 28 » et l’homme s’incline du plus profond de son être devant l’irruption de ce qu’il perçoit comme au-delà de son corps et de son psychisme mais dont il ne sait rendre compte. Le don reçu satisfait l’aspiration de celui qu’il remplit et donne un sens à sa vie.
Si son intensité est très forte, il peut conduire, de façon le plus souvent transitoire, à des manifestations liées à notre faiblesse, qui ne sont pas l’expérience ultime. Ces phénomènes ont trop souvent détourné de l’essentiel l’attention des observateurs. Connaissances médicales, observations ethnologiques, pratiques psychanalytiques nous permettent d’identifier à des intoxications, à des phases hystériques ou délirantes beaucoup de « phénomènes » et bizarreries (sensations physiques, visions, etc.) : ils appartiennent au registre de la maladie ou de la projection individuelle. Même si certains en étaient affligés, les grands mystiques les ont toujours rejetés et s’en méfiaient, appelant à dépasser le particulier de l’individu humain pour aller à l’Un. Nous avons donc délibérément écarté ce domaine pour aller vers les témoignages d’expériences profondes dont nous donnerons de nombreux extraits.
La mystique n’est pas non plus le simple prolongement des expériences humaines les plus hautes comme le sont l’amour, la perception de la beauté de la musique ou de la nature, les compréhensions fulgurantes, la ferveur religieuse. Elle n’est pas non plus présente dans les méditations de « pleine conscience » qui font tant de bien par la paix qu’elles apportent, mais qui appartiennent au développement personnel, corporel et psychologique : il y a là un repos parfait de toutes les facultés, mais c’est en soi que l’on repose, dans sa propre nature.
Le domaine mystique fait partie de ce qu’on appelle le « spirituel », il en est même le cœur qui anime tout. La spiritualité est à la fois plus large et beaucoup plus vague : elle englobe tous les écrits où l’on s’oriente vers « Dieu ». L’intellect, l’imaginaire, le sentiment tournent autour du divin : on est trop souvent dans une rêverie autour de…, dans une réflexion sur… Dans le meilleur des cas, il s’agit d’un élan, d’une tension vers Dieu, qui prépare l’être à être attentif à l’événement inouï qui peut se produire.
Face à l’immensité du champ spirituel, nous nous sommes efforcés d’éliminer les discours sur le divin pour nous concentrer sur les témoignages d’expérience. Les textes mystiques racontent l’irruption dans l’humain d’une dimension verticale, d’une autre nature, que les hommes sont forcés d’appeler « divine » car elle ne peut être fabriquée par les facultés humaines : l’Énergie qui sous-tend l’univers se manifeste à l’homme.
C’est ce face à face entre l’humain minuscule et « Dieu », qui forme le domaine propre à la mystique : l’homme rencontre sa source et la source de toutes choses. Des hommes et des femmes ont vécu cette irruption du divin en eux depuis l’aube de l’humanité, et cette expérience est universelle. Ils attestent la présence au centre d’eux-mêmes d’une Réalité expérimentée au-delà du corps, du psychologique, de l’intellect ou de l’imaginaire, qui existe au-delà de l’humain mais qui l’inclut et peut l’envahir intensément.
Cette expérience est ressentie au centre, au « cœur » de l’être : c’est pourquoi elle est souvent appelée « intériorité ». Une fois vécue, on ne peut plus la nier quelles que soient les contraintes extérieures ou les doutes d’origine intellectuelle. On ne peut que s’incliner devant elle, la vénérer et l’aimer. Une mystique contemporaine raconte joliment : « Et plus ça allait, plus je m’abandonnais à cette « chose » qui avait pris jour en moi, qui a pris pouvoir sur tout. J’en suis tombée folle amoureuse. Tout le reste est passé au second plan. » 29.
Cette Présence comble le vide de la nature humaine. En comparaison, tout ce qui a été vécu avant n’est rien que du transitoire, de l’illusoire : le capucin Benoît de Canfield (1562-1610) parlera du Tout de Dieu et du rien de la créature. Pour Pascal, cette expérience est si importante qu’il la transcrit sur un papier qu’il garde toujours sur sa poitrine : « Joie, pleurs de joie ».
Ces manifestations du début sont diverses, mais universelles : vibration du cœur, coulées d’amour, de béatitude, de silence, de paix, qui envahissent la personne et l’émerveillent. Le mystique les recherche, les attend, les favorise ; il les pleure lors de sécheresses, de « nuits », lorsque la Présence semble disparaître. Même si elle est recherchée volontairement, cette Présence se manifeste librement : c’est pourquoi bien des textes l’appellent la « grâce ». Si les préparatifs qui veulent faire remonter vers Dieu par l’effort humain, peuvent servir à apaiser ou favoriser cette expérience, ils sont bien entendu sans commune mesure avec cette liberté : « L’Esprit souffle où il veut », dit l’apôtre Jean 30.
Cette présence peut au début recevoir des qualificatifs : paix, amour… Mais selon leurs destins individuels, certains mystiques sont amenés à prendre conscience que ce ne sont que des effets de cette Présence et ils désirent davantage. Un double mouvement s’opère : par amour, dans un abandon total, le mystique se donne au divin pour qu’il fasse ce qu’Il veut ; en réponse, le divin l’envahit de plus en plus et nettoie tout ce qui n’est pas Lui. Le mystique perd alors toute projection vers l’objet-Dieu. Un grand retournement s’opère où le divin prend la place au cœur de l’homme, où se réalise l’union entre Dieu et l’homme :
[L’âme] « ouvre la capacité de tout son esprit pour engloutir cet abîme, mais au contraire s’en trouve être heureusement absorbée et engloutie…31.
Ceci au prix d’un profond dénuement et d’une grande obscurité car le divin est incompréhensible aux facultés humaines 32 : c’est le « Nuage d’inconnaissance », titre d’un texte anglais du XIVe siècle sur lequel nous reviendrons. Ruusbroec déclare :
Là toutes nos puissances défaillent, et nous sommes précipités dans ce qui s’ouvre à notre regard, et tous nous devenons un, et un seul tout, dans l’embrassement d’amour de l’Unité des Trois.
Là […] nous sommes un même être, une même vie, une même béatitude avec Dieu ; là toutes choses sont accomplies, et toutes choses se renouvellent. 33.
Saint Paul s’écrie : « Je vis, non plus moi, mais Jésus-Christ vit en moi »34. La vie humaine parvient là à son accomplissement parfait où le mystique participe au grand courant de la Vie universelle.
Il ne reste plus que « le Rien », qui n’est pas vide car y vibre l’Amour éternel :
… [l’âme] demeure comme suspendue en une immense vacuité …, sans pouvoir voir ni appréhender chose aucune, ni même elle-même ; laquelle infinie vacuité … ressemble à la sérénité du ciel …, et est une déiforme lumière. Or en cette lumière est aussi l’amour (non autre chose) qui doucement enflamme, brûle et allume l’âme, et ce si secrètement, simplement et intimement qu’elle ne cause nul mouvement ou motion de l’âme qui puisse empêcher cette sérénité, mais au contraire, elle en est si subtilement agitée et si doucement éprise qu’elle se fond, liquéfie et s’évanouit davantage, et est sa tranquillité et sérénité augmentée.35.
Si ce vécu s’exprime souvent en termes religieux, il n’est pas le produit de la religion : l’expérience mystique est première. Les religions sont les expressions particulières à chaque civilisation d’une expérience universelle : à partir de l’expérience de Jésus, du Bouddha, de François d’Assise, s’organise une communauté qui espère recréer les conditions où elle peut se manifester (croyances, prières, règles, méditations, ascèse…).
L’organisation nécessaire pour le grand nombre fossilise l’élan créateur : naissent les règles et la théologie. Cependant comme le christianisme était la première grille de lecture et la principale issue pour des êtres attirés par la mystique jusqu’au XXe siècle, certains entrent dans les Ordres et y trouvent parfois leur épanouissement : Benoît de Canfield, Jean de la Croix, François de Sales… C’est leur expérience qui revivifie la vie chrétienne et lui redonne son sens. Beaucoup de nos textes se situeront donc dans le champ religieux.
Ces mystiques écrivent pour tenter de mener leurs lecteurs vers l’indicible qu’ils ont vécu mais qui dépasse infiniment la foi religieuse. Ils ont souvent été persécutés par des contemporains qui entendaient les ramener vers des croyances communes et compréhensibles, se proclamant juges d’une expérience qu’ils n’avaient pas : on brûla Marguerite Porete, on censura Jean de la Croix et Benoît de Canfield, on persécuta madame Guyon… Puis la peur de ne pas être dans les normes entraîna le tarissement de la littérature mystique catholique depuis le début du XVIIIe siècle.
Les textes mystiques ne font pas partie du champ intellectuel, n’élaborent pas de champs conceptuel ou de problématique : ils tentent péniblement de suggérer l’indicible avec des mots. Nous laisserons Benoît de Canfield exprimer cette impuissance 36 :
Cette essence ne peut être comprise, sinon comme elle-même se donne à comprendre, ni [ne se peut] entendre, sinon comme elle-même se donne à entendre ; ni [ne peut être] vue, sinon comme elle-même se donne à contempler, ni goûtée, ni connue, ni possédée, sinon comme elle veut être goûtée, connue et possédée. Elle se laisse comprendre quand, comment et à qui il lui plaît ; elle se donne à entendre, goûter et être possédée quand, comment et à qui il lui semble bon, et de nous, nous n’y pouvons rien.37.
Quiconque, en effet, s’est uni à la Vérité […] a pleine conscience de ne pas être le fou que prétendent les autres et il sait que la possession de la vérité simple, perpétuelle, immuable, l’a délivré tout au contraire de la fluctuation instable et mobile à travers les multiples variations de l’erreur.38.
C’est d’une expérience individuelle qu’il faut partir ; et il se pourrait que même une étude exhaustive des vocabulaires, des traditions, enfin des faits mystiques eux-mêmes ne fût jamais aussi féconde que la directe analyse d’un devenir mystique déterminé. La mystique, en tant que vie, aboutit à des individus, et à eux seuls. Toute classification des états serait vaine, si elle ne nous conduisait à la brûlante expérience d’un être.39.
« La mystique ». Quelle mystique ? L’emploi tardif substantivé est peu heureux car il réifie l’action de la grâce divine en donnant l’apparence d’un contenu, voire d’un acquis, à ce qui est seulement signe d’un flux vivant qui prend place « dans le Vide » 40.
S’il nous faut répondre à une demande fondée de clarification, nous pouvons citer les noms de « douze compagnons » présentés dans ce volume 41. Ces « chevaliers accomplis mystiques » veillèrent cinq siècles : Guillaume de Saint-Thierry (-1148), François d’Assise (-1226), Hadewijch I & II (~1230 & ~1280), Angèle de Foligno (-1309), Maître Eckhart (-1328), Tauler (-1361), l’auteur inconnu du Nuage d’Inconnaissance (~1370), Ruusbroec (-1381), Julian of Norwich (-apr.1416), Catherine de Gênes (-1510), Thérèse d’Avila (-1582), Jean de la Croix (-1591). Un tableau où figurent leurs noms et dates complètes, des œuvres et des sources traduites choisies, précède la Table des matières. Ils privilégient tous une vie intérieure sobre qui dépasse les phénomènes (reconnaissant cependant ceux qui leur ont ouvert l’entrée en vie mystique tel que l’épisode des « cris » rapporté par le « frère copiste » d’Angèle).
Nous partageons une position exprimée par le philosophe Bergson (elle ne transparaîtra que rarement puisque nous nous effaçons devant les témoignages mystiques, mais il se doit déclarer dans cette introduction ce qui influe nécessairement sur nos choix textuels 42) : la vie mystique ne dépend pas de la pratique religieuse, même si le vécu de ses meilleurs membres s’est inscrit historiquement dans son cadre. Nous faisons donc nôtre cette déclaration de Bergson :
Nous nous représentons donc la religion comme la cristallisation, opérée par un refroidissement savant, de ce que le mysticisme vint déposer, brûlant, dan l’âme de l’humanité 43.
Le cadre moderne diffère profondément de celui du XVIIe siècle ! La croyance en Dieu et dans un « au-delà » de salut ou de condamnation a disparu chez beaucoup (mais si l’on en croit Lucien Febvre, il en était de même dans le vécu de la majorité des hommes du XVIe siècle). Pourtant l’expérience mystique se renouvelle, mais la diversité des modes d’expression voile dorénavant sa permanence.
Au traditionnel mot Dieu, substituer (par exemple) le mot Énergie semble respecter aux yeux de nos contemporains, tout particulièrement chez les scientifiques, le caractère dynamique d’une circulation perçue au sein d’un univers dont le mystique est un grain. Cela permettrait d’éviter un rejet au nom du modèle évolutif reconnu actuellement mais ne laisse pas de place à l’expérience d’un amour ressenti personnellement44. Notons simplement que la représentation acquise du monde physico-biologique, celle d’un immense devenir dynamique, demeure compatible avec l’expérience d’un Centre actif mais ne peut évidemment éclairer une expérience individuelle.
Finalement, sont mystiques …ceux qui s’appellent tels entre eux ! Pour Leszek Kolakowski, le mysticisme serait une « doctrine » selon laquelle…
…l’âme humaine communique au moyen d’une expérience (non sensible, mais analogue par son caractère direct à celle qui se produit dans le contact des sens humains avec leurs objets) avec la réalité spirituelle qui conserve la primauté … par rapport à toute autre réalité ; on admet en même temps que cette communication, liée à une intense affection d’amour … est … le bien suprême auquel l’homme peut accéder dans sa vie terrestre.45.
L’approche de phénomènes ou expériences est assez bien couverte par la définition qui vient d’être citée. Elle sera élargie selon la voie servie s’il s’agit d’une « doctrine ». Doctrine ou voie ont une certaine utilité : ils permettent de vérifier l’expérience lorsqu’elle est invoquée (car un « délire » n’est jamais à exclure). Mais demeure que seul l’individu peut vivre un dépassement par rapport à l’identité collective religieuse et dépasser son propre donné individuel pour développer une vie toute autre, donnée par grâce.
Ainsi le vécut Pierre Poiret (1646-1719), l’actif éditeur de très nombreux textes mystiques et disciple apprécié de Madame Guyon, que nous citons ci-dessous pour éviter le regrettable péché d’anachronisme historique ! Il est invoqué conjointement par Kolakowski qui ne semble pas conscient d’un déplacement du sens entre son texte et sa citation. Car Poiret ne s’intéresse pas tant aux événements qu’au travail de la grâce divine que ces derniers manifestent. Au sein d’une théologie paulinienne, il insiste sur le côté positif du travail de la grâce, optimisme qui compense l’impuissance de l’homme réduit à sa volonté propre, le grand thème du siècle de Pascal :
Tous les auteurs mystiques conviennent en ceci : Que Dieu nous a créés pour être unis à Lui, transformés à Sa ressemblance, et afin que Lui-même devienne et soit tout en nous selon les termes de l’Écriture même. Que ceci ne pouvant se faire que par l’Esprit du Seigneur (selon la même Écriture) dès que l’homme s’est voulu servir de son propre esprit et de sa propre volonté pour se perfectionner lui-même, il s’est ruiné et perdu, lui et toute sa race. …
Que Dieu seul peut le délivrer et le vider parfaitement de tous ces maux là, et refaire son ouvrage défait, qui est cet homme même perdu et ruiné. Que Dieu 46 pour cet effet se présente à lui avec Ses divines opérations ; que c’est à l’homme d’y consentir, à les accepter, à y coopérer - et à s’y abandonner ; et que moyennant cela Dieu le travaille, le purge, l’éclaire, le dispose à Son union, l’unit enfin lors qu’il est convenable, de la manière qu’Il trouve bonne et le transforme selon Son bon plaisir à Son image, l’avançant par son Esprit de clarté en clarté, comme parle saint Paul. Et enfin, que l’union et la perfection … consistent en une identification, pour ainsi dire, de volonté avec celle de Dieu, en laquelle celle de l’homme soit tellement transformée que Dieu fasse désormais de lui tout ce qu’il Lui plaît sans aucune résistance de sa part … Voilà un raccourci de toute la Substance de la Théologie Mystique, et c’est dans le fond la même chose qu’enseignent tous les auteurs éclairés qui ont écrit de cette science des saints.47.
Les mystiques accomplis perdent tout intérêt envers les phénomènes et les états temporaires, soulignant simplement que leur état est devenu stable et permanent : ainsi Marie de l’Incarnation du Canada (1599-1672) entre sa première (1633) et sa seconde Relation (1654). Madame Guyon (1648-1717), abondante sur certaines circonstances prosaïques de la vie ordinaire, est fort sobre dès qu’il s’agit de son expérience mystique et ne peut qu’affirmer un état final « constant ».
Outre la grande fresque de Bremond 48, quelques ouvrages permettent de ne pas se perdre dans des aspects secondaires ou particuliers : le précis encore utile établi par A. Tanquerey propose en ouverture une « liste chronologique et méthodique des principaux auteurs… » : le plan suit les trois voies mise en honneur depuis Balma ; ce qui est sage, plutôt que de tenter une définition à priori de l’ascèse et de la mystique 49. Le « guide de vie » établi par Max Huot de Longchamp commente un large choix de textes mystiques en présentant leurs auteurs 50. Des aspects historiques et thématiques sont développés avec précision par P. Agaësse, A. Deblaere et d’autres collaborateurs du Dictionnaire de spiritualité 51,52. Finalement on observe un bon accord et la permanence d’un choix d’auteurs canoniques retenus par les auteurs chrétiens de toutes époques53.
Ces auteurs précèdent des dérives postérieures substituant apparitions, miracles… au vécu mystique devenu discret après la condamnation de 1699 (bref Cum alias). Un « matérialisme spirituel » comparable se manifesta plus récemment par des descriptions extérieures de phénomènes physiques, approches qui se voulaient scientifiques et sont en fait scientistes (Leuba, etc.).
Ces manifestations de la faiblesse humaine se prêtent souvent à de justes réductions aux couches psychologiques, développées par Janet, par Freud et leurs successeurs54. Une botanique de telles manifestations fut proposée avec grand succès par le P. Poulain dans un ouvrage qui eut une large diffusion55 parce qu’il était adapté aux récits d’apparitions qui occupèrent la place laissée vide à la suite du Crépuscule des mystiques et de leur condamnation.
Des milieux protestants anglo-saxons se détachent les ouvrages de grandes figures : W. James, E. Underhill, von Hügel…56. Enfin l’Orient orthodoxe, attaché aux grands Grecs cappadociens, fournit une « contre-épreuve » à l’Occident latin57.
Nous écarterons de notre volume les très nombreux auteurs de textes introductifs. Ils souffrent souvent d’une tendance ascétisante en vue de préparer à recevoir la grâce, ou tentent d’occuper et de consoler ceux qui l’attendent. Ils peuvent être l’œuvre d’authentiques mystiques car ceux-ci ne choisissent pas d’écrire mais répondent à la demande ou à l’injonction de ceux qui les entourent. Un immense champ religieux sera finalement laissé de côté pour que puissent émerger des auteurs qui répondaient à des demandes qui supposent le chemin intérieur engagé.
[rédigé avant l’expansion de quatre à sept tomes]
Le contact avec « ce qui peut se manifester en nous de plus grand que nous » est vécu à travers les âges dans le monde entier : on aborde ici une fraction, celui du monde occidental qui fait surtout appel aux formulations chrétiennes, et en son sein on privilégie la France où la rencontre des influences provoque un essor remarquable au début du XVIIe siècle. Sainte-Beuve, dans son Port-Royal puis l’abbé Bremond dans son Histoire littéraire du sentiment religieux en France (1916-1933) ont mis en lumière la variété des spiritualités du Grand Siècle58. L’ensemble couvre quatre volumes. Chacun comporte quatre chapitres d’importances égales mais d’extensions variables :
I. Des Origines à la Renaissance s’attache aux principales figures qui marqueront les mystiques à partir du XVIIe siècle. Cette ouverture peut être utilisée indépendamment comme un guide introduisant à la Tradition mystique occidentale.
Le premier chapitre présente un panorama des grandes influences qui déterminèrent son expression chrétienne. Il rappelle l’existence de mystiques qui vécurent en terres d’islam ou de religion juive, car il y eut de nombreuses influences croisées entre les religions du Livre.
Cette « ouverture de l’ouverture » est suivie d’un panorama précis couvrant l’Europe occidentale voisine de la France : l’est de la France d’aujourd’hui, la vallée du Rhin, les Flandres et l’Angleterre font l’objet du second chapitre, l’Italie et l’Espagne du suivant.
Le quatrième et dernier chapitre couvre le XVIe siècle qui va assurer une transmission de la tradition mystique facilitée par des réformes qui prennent place dans le monde catholique ; il rend compte d’influences entre le nord et le sud de l’Europe rendues possibles par l’apparition de l’unité politique qui assura la puissance d’un Charles-Quint.
Nous abordons ensuite le cœur de cette exploration qui devient beaucoup plus fouillée. Il était difficile de trouver des éléments communs permettant de classer la variété des expériences vécues. Nous avons retenu la façon dont l’existence concrète est encadrée : vie réglée en clôture ou vie dans le monde - toutefois conscients que ce critère distinctif n’affecte que des formes extérieures, tandis que le vécu mystique est comparable pour tous.
II. L’Invasion mystique des Ordres anciens souligne la vitalité méconnue issue d’ordres traditionnels au sein desquels surgissent des réformes qui manifestent la vie, telles des branches d’arbres, ici mystiques. Son premier chapitre décrit le jeu des influences et s’attache à restituer une vue d’ensemble sur la population des mystiques du Grand Siècle à l’aide de listes et de leur analyse, ce qui est tout à fait neuf. Le second chapitre traite un cas particulier important mais sous-estimé dans l’historiographie moderne : celui des missionnaires franciscains, principalement capucins. Nous reprendrons souvent en deux chapitres consécutifs un tel balancement entre synthèse générale et cas particulier. La vie réglée en clôture couvre le chapitre troisième consacré aux traditions monastiques et aux réformes. Le quatrième chapitre analyse précisément le cas particulier du carmel « déchaussé ».
III. Ordres nouveaux et figures singulières s’ouvre sur un bref chapitre situant la vie mystique dans son nouveau contexte culturel, politique et religieux : car l’époque moderne commence en fait au milieu du siècle, lorsque la prise de conscience du rôle de l’expérience, couplée à la découverte de l’immensité du monde, se généralise.
Puis nous présentons des figures – que l’on présente d’habitude isolées --, au sein de structures réglées mais de création nouvelle ; enfin hors de toute clôture et n’ayant pas à suivre une Règle portant sur le déroulement de la vie journalière. Cette contraction en deux chapitres de nombreuses figures masculines, souvent agrégées en une « école française », est facilitée parce que le très vaste ensemble de la dévotion méditative se situe hors de notre domaine59. Le dernier chapitre qui ferme ce troisième volume aborde l’autre moitié du genre humain par quatre figures féminines illustrant des conditions de vie très diverses.
IV. Une école du cœur couvre un réseau demeuré suspect trop longtemps. La quiétude naît en Espagne, arrive en France par l’Italie, se développe dans le cercle normand et à Paris. Rapidement la seconde génération de ce réseau associant laïcs et religieux se heurte à la méfiance générale qui s’est développée vis-à-vis des mystiques. Le cercle de Montmartre sera repris par Madame Guyon, grande figure mystique qui trouve enfin ici sa juste place. On sait que son apparition chronologiquement tardive empêcha qu’elle ne figure, sinon en filigrane, dans les histoires inachevées de Bremond et de Cognet disparus trop tôt. Son influence sera déterminante sur des proches et sur le siècle suivant.
Étoilement des mystiques du même volume achève l’entreprise. Nous doutons de la réalité de tout Crépuscule des mystiques, titre suggestif de l’ouvrage de Louis Cognet centré sur la figure de Madame Guyon, devenu trop fameux60. Il s’agit plutôt de l’effet « pervers » d’une diversification dans les expressions de l’expérience, liée à la disparition d’une langue technique commune adoptée du début du XIIe jusqu’à la fin du XVIIe siècle, celle d’une théologie mystique tributaire d’une représentation caduque du monde.
Une trentaine de figures de ces trois derniers siècles sont remarquables par leur diversité ; certaines surprendront des lecteurs par leur éloignement vis-à-vis de toute attache religieuse. Elles témoignent de la permanence de premiers contacts mystiques dont les manifestations ne se réduisent pas au domaine psychologique61.
Le champ théorique d’une théologie mystique au sens réduit depuis le XVe siècle n’est pas abordé. L’investigation s’attache aux données biographiques et aux influences qui s’exercèrent entre des personnes. Aucun modèle d’école n’écrase leur diversité concrète.
§
Je m’incline devant ces textes très profonds avec le respect qui leur est dû. Le lecteur exercera son propre jugement.
[…]
[Des origines à la Renaissance : pp.31-340]
EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT 5 DES ORIGINES À LA RENAISSANCE 5
Remerciements 6
INTRODUCTION 9
De la Mystique 9
Opinions de quelques-uns. 15
Contenu 22
Avertissement. 27
1. L’ANTIQUITE ET LE HAUT MOYEN AGE 31
Israël 31
L’Ancien Testament 32
Le Nouveau Testament 33
L’apport judaïque 35
Le monde gréco-romain 39
Le stoïcisme et Épictète (vers 130) 39
Le néoplatonisme de Plotin ( ? - 270) à Proclus (412-485) 40
Grégoire de Nysse (~331 – apr. 394) et les Pères grecs 42
Saint Augustin (~354 - 430) et les Pères latins 45
Denys l’Aréopagite (~500) 45
Le Moyen Âge en terres chrétiennes 49
Moines du désert et leurs Apophtegmes 49
Jean Climaque (~575 ~650) et la Philocalie 50
Jean de Dalyatha (~690 ~780) 54
Syméon le Nouveau Théologien (949 - 1022) 54
Le Moyen Âge en pays islamisés 59
Thèmes et influence 63
Figures 65
Tables et listes de spirituels et mystiques chrétiens 66
Liste de mystiques chrétiens du XIe au XVIIe siècle 69
2. LE NORD DE L’EUROPE DU XIIE AU XVE SIECLE 73
Guillaume de Saint-Thierry (~1085-1148) 75
Cisterciens, victorins, chartreux 79
Les cisterciens et Bernard de Clairvaux (1091-1153) 79
Les victorins 82
Les chartreux 86
Trois Guigues 88
Hugues de Balma (~1300) 89
Denys le chartreux (1402-1471) 92
Béguines et Moniales 95
Un nouveau mode de vie 95
Deux Hadewijch 98
Marguerite Porete 102
Monachisme féminin 106
Gertrude d’Helfta 107
L’essor dans la vallée du Rhin 109
Maître Eckhart (~1260-1328) 109
Suso (~1295-1366) 115
Tauler (~1300-1361) 117
Institutions pseudo-taulériennes & Imitation de la vie pauvre de N.S.J.C. 124
Jan van Ruusbroec (1293-1381) 129
Un siècle de troubles 129
La vie et les œuvres 130
Les Noces spirituelles : Thèmes. Incertitude des traductions. Aperçu. 137
L’influence de Ruusbroec 145
Le cercle des proches. 145
Gérard Grote et la « Vie commune ». La congrégation de Windesheim 146
De la congrégation élargie de Windesheim au nouvel ordre jésuite 147
Gerlac Peters (1378-1411) 150
L’Imitation de Jésus-Christ (~1408 ?) 154
Henri van Herp (Harphius)(1400-1477) 155
L’Angleterre 159
Ermites et recluses, l’Ancren Riwle) (~1240 ?). 159
Richard Rolle (~1295 ? -1349) 162
Walter Hilton ( ? -1396) 166
L’auteur du Nuage d’Inconnaissance et son œuvre (~1370). 167
Julian de Norwich (~1343 – apr. 1416) 170
The book of Margery Kempe (~1373 ~1440) 173
3. LE SUD DE L’EUROPE AUX XIIE – XVE SIECLES 175
Les mouvements spirituels italiens de ~1000 à ~1200 176
François d’Assise (1182-1226) 179
Vertu de « pauvreté » et écrits 182
L’influence franciscaine 191
Claire d’Assise et les clarisses 191
Les débuts de l’ordre franciscain 193
Les Spirituels 194
Jacopone da Todi (~1236 - 1306) 198
Angèle de Foligno (1248 -1309) 201
Catherine de Gênes (1447-1510) et son cercle 209
La Vita 209
La « doctrine » 215
Le cercle génois ; influences reçues et exercées 218
Les origines en Espagne 221
Les influences 222
Le demi-siècle « des origines » 228
Le recueillement 230
4. L’EFFERVESCENCE DU XVIE SIÈCLE 233
Figures du nord 233
Theologia Deutsch, Livre de la Vie Parfaite (~1370 ?) 233
La Perle évangélique (~1520 ? éd. 1535) 236
Louis de Blois (Blosius) (1506-1566) 239
Évolutions franciscaines 243
Conventuels et observants, capucins, tertiaires… 243
Une « seconde » Angèle 245
Franciscains espagnols, Laredo (1482 ~1540) 250
Pierre d’Alcantara (1499-1562), ascète mystique 253
La réforme du Carmel espagnol 255
Chronologie du Carmel espagnol 257
Thérèse de Jésus (1515-1582) 261
Jeu d’influences 261
La vie d’une jeune fille espagnole pieuse 263
Sept demeures de l’âme 265
Jean de la Croix (1542-1591) 271
Le fondateur des carmes réformés 271
Les traces écrites 274
Le mont Carmel 277
Vide et unité 282
La « seconde génération » du carmel d’Espagne 289
Turba magna 289
Gratien (Graciàn de la Madre de Dios)(1545-1614) 291
Anne de Jésus (1545-1621) 292
Anne de Saint-Barthélémy (1549-1626) 297
Le Breve compendio (~1580) 305
Philippe Neri (1515-1595) fondateur de l’Oratoire romain 309
Tableau des Spirituels espagnols des XVIe et XVIIe siècles 316
Lieux fréquentés par Jean de la Croix et Thérèse d’Avila 318
SYNTHESE DES FILIATIONS ET INFLUENCES DU XIIE AU XVIIE SIECLE 320
Douze figures, douze textes, des sources 325
ANNEXES 327
I : COURANTS & MYSTIQUES JUIFS 327
Liste de courants et de mystiques juifs du Xe au XVIIe siècle 327
Dov Baer de Loubavitch (1773-1827)
II : MYSTIQUES EN TERRES D’ISLAM 329
Table géographique de mystiques ayant vécu en terre d’Islam du IXe au XVIe siècle 329
CHOIX BIBLIOGRAPHIQUE 333
1.Ouvrages généraux 333
2.Figures et œuvres 334
INDEX 337 TABLE DES MATIERES 341
D Tronc Expériences II Ordres anciens (Deux Océans 2012).docx
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident II. L’invasion mystique en France des Ordres anciens, Editions Les Deux Océans, 2012, reprise Trédaniel-Dervy, 378 p.
Nous avons présenté dans notre précédent ouvrage les grandes figures mystiques reconnues qui vont inspirer l’essor d’expression française au début du XVIIe siècle62. Une synthèse chronologique distribuée géographiquement les assemblait, qui a préparé l’étude entreprise ici.
Celle-ci est plus localisée dans le temps et l’espace. Trois volumes couvriront une durée brève en privilégiant l’espace géographique d’expression française. Un tel changement de résolution ou « grossissement » va révéler des figures moins célèbres dont certaines furent même oubliées au sein de dictionnaires érudits. Chaque nom bénéficie d’une section propre quand nous lui reconnaissons une valeur comparable à celle des figures précédentes dans la qualité du vécu mystique. Car si leurs facilités d’écriture littéraire sont parfois limitées, – c’est le cas à l’est pour le profond franco-flamand Constantin de Barbanson ou à l’ouest pour l’humble bretonne Armelle Nicolas, -- il ne s’agit jamais de figures mystiquement « mineures ».
La densité propre au Grand Siècle en Europe catholique est en effet extraordinaire : là où l’on pouvait raisonnablement s’attendre à ne relever que deux ou trois noms de grande valeur, notre récolte se monte à plus de dix figures originales de tout premier ordre réparties seulement sur quelques dizaines d’années63.
La France a été peu présente jusqu’ici, si l’on excepte l’impulsion assurée par les grands moines du XIIe siècle : Bernard de Clairvaux et son ami Guillaume de Saint-Thierry, les « intemporels » chartreux… Elle va prendre maintenant une place centrale, après les éclipses successives causées par la Guerre dite de cent ans puis par des luttes religieuses. Cette émergence accompagne la montée en puissance politique. Le royaume devient la principale puissance européenne après avoir desserré l’étau de l’empire de Charles-Quint. Le Siècle classique français succède au Siècle d’or espagnol.
À « l’invasion mystique » - expression chère à Bremond que nous croyons toujours globalement justifiée64 -, va succéder l’irrigation d’une société par ses sources internes. Celle-ci vit en effet un printemps spirituel par des renaissances qui ont lieu au sein du royaume, surtout dans ses ordres religieux. Elles s’appuient sur des textes étrangers, adaptés par une armée de traducteurs. L’invasion des textes prépare ainsi l’accueil favorable de franciscains italiens et anglais expatriés, puis de carmélites espagnoles.
Une présentation entièrement chronologique ne s’impose pas à propos d’une durée si brève concernant les relations entre trois générations. Se croisent et se heurtent hommes ou femmes de deux mondes : l’un est relié encore à une représentation médiévale hiérarchisée dans la structure matérielle de l’univers comme dans les royaumes de l’outre-tombe65; l’autre prend progressivement conscience d’un univers qui se découvre sans limites, dépourvu de centre, autonome dans ses mouvements depuis Galilée, incluant des vides depuis Pascal. Parallèlement à une cosmologie bouleversée, une brisure est accomplie depuis peu au sein du christianisme : les Réformes rencontrent la Contre-Réforme catholique. Enfin des civilisations lointaines mais évoluées sont découvertes.
L’ancien monde perdure plutôt au sein des ordres religieux traditionnels tandis que le nouveau monde demande des rénovations capables de répondre aux défis posés. Celles-ci prennent la forme de fondations adaptées aux exigences culturelles ou aux découvertes maritimes : l’humanisme est pris en compte au sein du royaume par les jésuites comme par leurs opposants jansénistes, tandis qu’au-delà des mers sont envoyées des entreprises missionnaires au Canada et en Extrême Orient.
Nous avons réservé le tome II aux ordres religieux « anciens » qui vont retrouver une vitalité inattendue. Le tome suivant III prendra en compte les fondations nouvelles. Le dernier tome IV s’attachera à l’émergence d’une mystique de la quiétude plus dégagée de contraintes ecclésiales et par là restée marquée et mal comprise.
Ce volume II comporte quatre parties :
1. Des textes et des hommes précède l’étude des premiers mystiques de France par un court rappel des influences66 et du rôle des traductions qui assurèrent en français la mise à disposition de l’essentiel de la tradition mystique67. Nous suggèrerons (tome III) un vaste « paysage mystique » et spirituel en donnant la liste chronologique de figures qui connurent le Grand Siècle, précisant aussi leur appartenance et leur importance à nos yeux. Elle comporte plus de cent noms, patiemment évalués en « arpentant les allées de la mystique » : sur un siècle et demi68, une soixantaine nous a semblé avoir une expérience mystique.
2. Traditions monastiques et réformes rappelle la permanence de l’érémitisme, puis couvre de multiples réformes : celles-ci sont multiformes chez les bénédictines, également augustiniennes, célèbre à Port-Royal. La rénovation des grands carmes est menée par l’aveugle convers Jean de Saint-Samson et par ses disciples. Ce qui nous conduira à évoquer de façon détaillée une rénovation cette fois féminine et de large influence jusqu’à nos jours :
3. Le Carmel déchaussé expose l’aventureuse implantation en France de l’héritage venu d’Espagne, le pays ennemi de l’époque. Le récit haut en couleur a été déjà conté, mais ses suites internes à la vie mystique carmélitaine n’ont jamais fait l’objet d’une synthèse. Nous nous attacherons à mettre en valeur les actives « ouvrières » religieuses et non les autorités masculines dont elles dépendaient : il s’agit de madame Acarie devenue converse sous le nom de (première) Marie de l’Incarnation, d’Isabelle des Anges, la seule Espagnole demeurée en France, de Madeleine de Saint-Joseph restée injustement dans l’ombre de Bérulle, de ses compagnes et dirigées… En conclusion de ce parcours féminin, nous rendons justice aux carmes grâce à deux grandes figures tardives : le convers mystique Laurent de la Résurrection et l’historien de la Tradition Honoré de Sainte-Marie.
4. Les Franciscains constituent la partie la plus neuve de notre étude et l’oubli d’une synthèse relevant les nombreux spirituels franciscains, déploré par Bremond, est ainsi réparé. Benoît de Canfield est reconnu parce qu’il fait partie de la « première génération » capucine et qu’il exerça une forte influence sur son siècle : nous mettrons sa Reigle en valeur. Bien d’autres capucins sont de valeur égale, dont Constantin de Barbanson, Martial d’Étampes et Jean-François de Reims. Quatre récollets les accompagnent, de Séverin Rubéric à Maximien de Bernezay. Surtout se détachent par une fécondité sans commune mesure avec leur faible nombre des tertiaires réguliers ou laïcs emmenés par la grande figure de Jean-Chrysostome de Saint-Lô : ils achèvent notre revue des ordres « anciens ». Parce qu’ils ont toujours été liés aux laïcs, les réguliers nous conduisent vers un monde nouveau, celui des mystiques normands animés par M. de Bernières et celui de ses successeurs de l’école du Cœur. Les uns et les autres seront abordés dans les prochains volumes.
Notre but n’est pas historique même si nous avons médité pour chacun des volumes une présentation solidement structurée chronologiquement au sein de diverses localisations ou états de vie. Nous voulons avant tout faire apprécier des textes qui peuvent répondre à l’intuition mystique.
Dorénavant la nature anthologique de notre entreprise se révèlera plus largement et nous n’hésiterons pas à citer quelques textes de façon suivie (ici pour la bénédictine Marie de Beauvilliers puis pour le capucin Benoît de Canfield). Car les textes mystiques « sans idées » sont rarement rendus accessibles : ils seront souvent réimprimés ici pour la première fois depuis leur apparition
Il nous est possible de le faire sans limitation à dix lignes par citation parce que nous ne dépendons pas de rééditions récentes très généralement absentes (ou fautives). Nous avons eu recours à l’édition dernière du vivant de l’auteur ou à la première édition établie peu après sa disparition (mais souvent non sans une large intervention d’un écrivain tiers, suivant en cela la pratique habituelle de l’époque). Nous modernisons l’orthographe et la ponctuation et signalons nos coupures.
Notre rôle consiste à attirer le lecteur vers de beaux textes. De nombreuses citations sont extraites de versions longues, voire intégrales, disponibles sur notre site web « cheminsmystiques.fr »69. Certains livres existent dans les bibliothèques électroniques, en particulier pour ceux disponibles en versions anciennes, ce qui ne présente guère d’inconvénient70.
Les citations sont données en italiques lorsqu’il s’agit de textes mystiques d’époque. Elles sont données en romain lorsqu’il s’agit plus rarement de reprises d’études modernes.
Les références sont très nombreuses. Nous avons tenu à donner les informations qui seront utiles à celui qui, recherchant un essentiel disséminé au sein d’une immense littérature spirituelle, attiré par une ou deux de nos citations, veut approfondir tel ou tel auteur. Et nous avons suggéré de nombreux chemins de traverses qui mériteraient de plus amples explorations.
Le lecteur trouvera un Index regroupant noms et thèmes propres au XVIIe siècle à la fin du prochain tome III. La Table des matières en tient lieu pour les figures du présent tome.
Nous commencerons par une approche synthétique afin de préparer aux explorations individuelles réparties dans les chapitres suivants. Ceci nous permettra de rendre compte d’influences qui se jouent sur deux siècles en les organisant géographiquement. Puis nous rappellerons l’importance de la transmission d’une tradition mystique écrite.
Plus de deux cents ans séparent la mort de Ruusbroec de la fin des guerres de religion en France. La première date clôt l’activité d’une trinité mystique : Tauler meurt en 1360, l’anonyme auteur anglais du Nuage d’Inconnaissance est actif autour de 1370, Ruusbroec meurt en 1381. La dernière date correspond au réveil du pays le plus peuplé d’Europe : le début du règne d’Henri IV voit la paix revenir en France, calme grâce auquel une « invasion mystique » s’amorce par des traductions, bientôt suivie de l’arrivée de spirituels étrangers par le nord et par le sud du royaume. Ils vont contribuer à un vaste essor religieux.
L’histoire des développements sur la durée de ces deux-cent treize années est complexe et demeure mal cernée. On constate globalement un tassement dans la continuité pour la tradition flamande tandis que des développements neufs prennent place en Italie et en Espagne. Cependant la tradition nordique reste dominante en France jusqu’à l’arrivée physique des carmélites espagnoles, puis elle s’atténuera sous l’influence des agents de la Contre-Réforme au service du Roi Très Chrétien71.
Plus précisément Denys le chartreux (1402-1471), Henri van Herp (Harphius) (1400-1477), puis La Perle évangélique (~1520 ? éditée en 1535), enfin les Institutions Taulériennes (1548 pour l’édition latine par Surius) transmettent dans le monde catholique le message issu de Ruusbroec et de Tauler, sans oublier l’Institution spirituelle de Louis de Blois (-1566). Dans le monde protestant, la Théologie germanique prolonge l’influence d’Eckhart (dont le nom demeure inconnu) et celle de Tauler : elle est éditée par Luther en 1516 puis en 1518.
On ne trouverait après le XIVe siècle qu’un écho affaibli de l’élan mystique ? Une complexité croissante est peut-être à mettre en cause associée à un effort d’exploration moins grand qui affecte une période où la théologie et plus largement la représentation du monde demeurent stables après un développement rapide d’une culture européenne autonome au cours des deux siècles précédents.
Cet affaissement est-il réel et dû à l’effet dévastateur de pestes récurrentes72 ? Elles assombrissent en tout cas la vision spirituelle chez tous. Faut-il invoquer la guerre dite de cent ans73? Faut-il souligner l’effet dévastateur de la division de la papauté74, puis celui des luttes liées aux affrontements entre réformés et catholiques après 1517 ?
Mais aucune période historique n’est calme : suivront, pendant la période que nous allons étudier, - mais surtout hors de France - les terribles guerres « de trente ans » culminant vers 1630, qui scelleront l’opposition irréductible entre deux mondes religieux campant sur des frontières enfin stabilisées, puis celle « de quarante ans » à partir de 1672, qui voit l’affrontement entre deux mondes politiques, Louis XIV s’opposant à une Europe coalisée financée par la Hollande.
La mystique reste bien vécue par des figures de la devotio moderna ou par celles d’inspiration franciscaine. Simplement il ne leur est pas nécessaire d’inventer de nouveaux modèles : la fraîcheur manque.
Pour éclairer cette période de transition, il resterait à éclaircir le maillage dense des relations entre « écoles » mystiques. Celle, initialement dominante, dite « du nord », étend ses influences vers le sud. Après la Réforme, la disparition du monde catholique nordique accélère le processus par migration.
Des influences sont passées par quatre voies géographiquement distinctes dont les plus déterminantes s’exercèrent de personne à personne :
L’activité intellectuelle de cette chartreuse75 est remarquable et met à profit l’arrivée de l’imprimerie : le corpus taulérien dont nous avons précédemment vu la richesse est édité, et transmet ainsi des influences qui passeront par le bénédictin Louis de Blois76, les carmes Jean de la Croix et Jean de Saint-Samson, le capucin Benoit de Canfield, et « de l’autre côté » par des luthériens dont Arndt et Gerhardt.
Plus précisément, des relations étroites lient Maria van Hout ( ?-1547), qui a pour amie l’auteur de la Perle évangélique et du Tempel, avec Gérard Kalckbrenner (1494-1566), chartreux, son fils spirituel depuis 1530, compilateur des Institutions pseudo-Taulériennes (en allemand) : textes admirables auquel on attache malheureusement le péjoratif « pseudo » parce qu’ils rassemblent, outre des textes de Tauler, des contributions provenant d’Eckhart et d’autres spirituels.
L’entreprise est menée à la chartreuse de Cologne en liaison avec Pierre Canisius (1521-1597) : ce jésuite qui connaît également personnellement Maria van Hout77, est l’éditeur-traducteur en latin de la compilation de ses amis chartreux. Sa traduction va couvrir la France78. La Perle évangélique (~1520 ? éditée en 1535) et l’Institution spirituelle de Louis de Blois (1506-1566) concourent à cette conquête des spirituels79. Blosius appartient à la famille française des comtes de Blois et de Champagne par son père et à la noblesse des Pays-Bas par sa mère Catherine de Barbançon.
En Flandre espagnole, la « façon nordique » se heurtera à l’incompréhension de Graciàn, le bouillant (et attachant) confesseur de Teresa, avant de devenir celui d’Anne de Jésus arrivée à Bruxelles en 1607. Mais l’influence parvint auparavant en France par l’intermédiaire du capucin Benoît de Canfield qui lui emprunta « les deux formes d’annihilation mystique, l’active et la passive80 ».
Il faut enfin signaler le rôle du prêtre Pelgrim Pullen qui rencontre la mystique Claesinne van Nieuwlant en 1587 à Gand :
« L’expérience du non-être dont Claesinne et Pullen s’entretiennent n’est pas tant une préparation ou une condition préalable à l’union avec Dieu qu’un de ses aspects : c’est l’intensité de la présence du Tout Autre qui est la cause de l’anéantissement. », explique Mommaers, qui cite Pullen :
Lorsque l’homme connaît quelque chose de Dieu, il se connaît lui-même et il ne connaît pas Dieu […] Lorsque rien n’est connu, c’est alors que Dieu est connu. Cela veut dire : lorsque l’homme se voit privé de tout, au point de ne plus rien avoir et de ne plus rien connaître. Une telle connaissance ne peut entrer ni dans l’intelligence ni dans l’entendement … S’abaisser sous Dieu voilà ce qu’est une telle connaissance ; elle est cela et rien d’autre que cela. […] 81
La mystique du Nuage d’Inconnaissance et celle de Julian de Norwich est influente grâce à des émigrés : à Paris William Fitch of Little Canfield (Benoît de Canfield) et Archange de Pembrocke, puis plus tard à Douai Augustin Baker. Ce dernier centre est important car une université catholique y fut fondée par les jésuites et mise en concurrence avec la vénérable université de Louvain (on en retrouve un signe révélateur dans l’opposition que rencontrera Jansénius pour des raisons que l’on doit qualifier de politiques, par exemple l’esprit d’indépendance de Flamands même catholiques vis-à-vis du pouvoir espagnol).
Nous livrons longuement en dernière partie du volume des extraits de la Règle de Benoît. Son compagnon Archange de Pembrocke est le directeur de Port-Royal à ses débuts, entre 1609 et 1620 mais n’aurait pas laissé d’écrits.
Quant à dom Augustin Baker (1575-1641), il prend l’habit bénédictin en 1605. En 1624, à Cambrai, il aide le nouveau couvent de bénédictines anglaises. Il est renvoyé en 1633 à Douai où il mène une vie retirée. Il traduit en plusieurs volumes des œuvres réputées de Tauler, fait connaître le Nuage ainsi que The Scale of perfection de Hilton. Sa Sancta Sophia est un précis soigné de ses écrits et une œuvre remarquablement claire82.
Elle passe par Catherine de Gênes, partiellement tributaire des deux Hadewijch : elle influence Isabelle Bellinzaga, l’auteur du Breve Compendio que reprendra Bérulle. Cette voie serait-elle secondaire ? Elle est surtout mal connue et ne se limite pas aux transmissions des textes, si l’on considère les proches qui entouraient Catherine et leurs successeurs83.
L’arrivée de membres des ordres italiens en France suit immédiatement la fin des guerres de religion : se distinguent les capucins, le Tiers Ordre Régulier franciscain auquel appartient Chrysostome de Saint-Lô, les ursulines, des jésuites dont le père Coton, confesseur d’Henri IV, qui apporte le Breve Compendio après son séjour milanais. Enfin les échanges avec Rome, centre de la religion catholique, sont permanents.
L’arrivée du Carmel féminin en France est capitale : les disciples de Jean de la Croix apportent leur expérience et forment les mystiques françaises. Nous y consacrerons tout un chapitre.
Les Espagnols ne s’opposent pas profondément à la mystique du nord avec laquelle Jean de la Croix a été en contact lors de ses études à Salamanque (ce qui s’explique aisément car la Flandre faisait partie de l’empire de Charles Quint)84. Mais nous avons déjà noté l’opinion prudente d’Anne de Jésus arrivant en Flandre à Bruxelles85.
Évoquons maintenant l’arrivée des textes mystiques étrangers en France car elle est contemporaine de l’influence entre personnes. Elle s’est faite dans un contexte très complexe.
La seconde moitié du XVIe siècle couvre en France une période de troubles qui voit la destruction et la décadence de très nombreux monastères. Le sommet des luttes civiles se situe peu avant 1572, date du massacre de la Saint Barthélémy. Elle se termine grâce à la modération d’Henri IV et à son talent militaire qui lui permettent de reconquérir lentement le royaume.
On peut situer la renaissance de la paix civile en 1594 qui voit son entrée à Paris suivie de son abjuration à Saint-Denis. Absous par le pape (peut-être conseillé par le mystique Philippe de Néri), Henri IV doit encore soumettre les dernières places ligueuses : la date de l’Édit de tolérance de Nantes en 1598 serait une date charnière pour la renaissance religieuse du royaume86. Une intense activité souligne alors le réveil religieux qui suit la paix.
Une tradition s’était toujours maintenue chez les chartreux. Déjà au début de la Renaissance, Lefèvre d’Etaples venait à la chartreuse parisienne de Vauvert « puiser dans ‘les coffres pleins de manuscrits des œuvres mystiques que les religieux communiquaient libéralement’ et dont les mystiques rhénans constituent le fond le plus précieux87 ». Les coffres ont disparu…
À la même chartreuse, on publiait Harphius dès 1491 et Denys en 1538. À celle de Cologne, on éditait la Perle en 1545, Tauler (et d’autres rhénans dans les Institutions taulériennes) en 1548, Ruusbroec en 1549… Les chartreux restent ainsi fidèles à leurs Coutumes :
Nous voulons que les livres qui sont la nourriture éternelle de nos âmes soient conservés avec la plus grande précaution et confectionnés avec la plus grande application, afin que ne pouvant prêcher par les lèvres la parole de Dieu, nous la prêchions par les mains…88
Ils ne se contentent pas d’éditer pour transmettre les richesses du passé mais, conscients des exemples offerts en leur temps ou presque, ils les traduisent. Une première traduction de Catherine de Gênes voit le jour à la chartreuse de Bourg-Fontaine en 1598. Elle est suivie de celle des œuvres de sainte Thérèse en 1601, par le prêtre Jean de Brétigny (de Quintanadueñas) et le prieur chartreux de Bourg-Fontaine89. Richard Beaucousin, vicaire de Vauvert en 1593, anime l’équipe qui traduit la Perle évangélique publiée en 1602 (puis en 1609) et L’Ornement des Noces de Ruusbroec en 1606.
Richard Beaucousin (1561-1610)90 fut avocat avant de rentrer à l’âge de trente ans à la chartreuse de Paris. Outre son entreprise de traductions, il contribua à l’introduction en France du Carmel réformé espagnol. La cellule de « l’œil des contemplatifs » fut en effet fréquentée par tout ce que Paris rassemblait d’esprits tournés vers la mystique : un autre futur traducteur, René Gaultier, madame Acarie, le jeune Bérulle, François de Sales, ainsi que Philippe Thibault (à l’origine de la réforme parallèle purement française dite de Touraine) :
« Il aura sur les milieux spirituels de la capitale une influence extraordinaire. La foule des visiteurs qui assiégeaient sa chambre claustrale troublaient le silence de la chartreuse, si bien que dès 1598, ses supérieurs songèrent à l’éloigner de Paris et le nommèrent prieur de Nantes. Le nombre des protestations fut si grand dans la ville que la nomination fut rapportée. Mais en 1602 il est envoyé comme prieur à Cahors, où il meurt le 8 août 1610 avec la réputation d’un grand serviteur de Dieu.91 »
Richard aida aussi à la publication du Bref discours de Bérulle (qui reprend le Compendio de la « Dame milanaise » Isabelle Bellinzaga), et surtout à la défense de la Règle de Benoît de Canfield (1608).
Le XVIIe siècle verra par la suite un très grand nombre d’œuvres produites par des chartreux dont le nombre réduit est sans rapport avec leur influence, qui est décisive92. Cette tradition de mise à disposition de textes mystiques se poursuivra jusqu’à nos jours avec un dom Porion traduisant et présentant les poèmes et les lettres des deux Hadewijch et de Béatrice de Nazareth93 (outre des écrits personnels non signés)94.
Une intense activité de traduction se produit donc à la charnière de deux siècles et marque sur le plan des écrits la convergence en France des influences provenant des Flandres espagnoles, de l’Espagne et de l’Italie.
En premier lieu, la Perle évangélique fut un relais essentiel entre Ruusbroec et le siècle nouveau grâce à la mise à disposition du texte flamand en français et à son onction. Son influence fut comparable à celle des Institutions Taulériennes écrites en latin, et à celle de l’Institution spirituelle également latine de Louis de Blois95. Ces trois textes furent d’une importance capitale : tous les mystiques du siècle se sont appuyés sur eux pour justifier leur expérience.
Rappelons par un extrait la profondeur de la Perle : elle appelle au retour intérieur qui, s’il est poursuivi « l’espace d’un an entier », ne saurait rester ignoré de Dieu :
Si l'homme se convertissant soi-même, en soi-même prenait garde à l'inaction divine, il trouverait d'admirables œuvres de Dieu en soi, voire qui surpassent même tous sens et entendement naturels. Que si par l'espace d'un an entier il ne faisait autre chose que seulement prendre garde et être attentif aux œuvres divines que Dieu opère en lui, jamais n'aurait mieux employé année, ni aurait oncques [jamais] fait œuvre si bonne que cette-ci ne la surpassât en bonté, et ne fût beaucoup meilleure. Que si voire [vraiment] à la fin de l'année, quelque chose de cet œuvre interne et occulte [caché], qui se fait au fond de l'âme, lui était révélée, voire non révélée, il aurait néanmoins mieux employé cette année-là, que tous ceux-là qui avec soi-même auraient cependant fait certaines grandes œuvres. Pour-autant [pour cette raison] qu'avec Dieu rien ne peut être négligé.
Car sans doute Dieu tout-puissant est plus noble que toutes les créatures. Et cet homme ici délaissant [quittant] toutes les œuvres extérieures a assez à quoi s'occuper intérieurement. Et c'est ici que se trouve la vraie part. Ce que toutefois fort peu veulent croire, c'est à savoir qu'une œuvre si divine se fasse en ce fond-là. Et c'est pourquoi un si grand erreur96 occupe et enveloppe les séculiers, et religieux aussi, pour-autant qu'ils sont déchus et se sont éloignés [331r°] et égarés de ce fond spirituel, dans lequel Dieu habite. Car ne voulant croire que Dieu soit dedans eux, certainement ils ont délaissé la vive [vivante] veine inconnue à tous pécheurs.
Finalement il y en a plusieurs qui, persistant en leur nature et propre sens, opèrent selon leur raison propre, et veulent premièrement se perfectionner en la vie active et puis après és [dans les] autres deux. Mais hélas, ils défaillent en cela, pour-autant que demeurant en l'inférieur et sensuel homme, jamais ne deviennent spirituels et divins. La raison est qu'ils ne s'introvertissent en cet essentiel fond spirituel, là où ils devaient se réjouir totalement à Dieu, afin qu'il opérât avec eux. Au moyen de quoi toutes leurs œuvres seraient rendues spirituelles et divines, en quoi la vie active est parfaite.
Car quand l'homme, avec tout son entendement et ses forces, s'applique intérieurement et extérieurement à son Dieu, ainsi que fait le disciple à son maître, et qu'il laisse totalement tout son sens, son entendement et ses forces en Dieu, alors Dieu tirant et prenant cet homme à soi, opère toutes ses œuvres, porte toutes ses charges et le garde en tout lieu de tous périls. C'est pourquoi quelqu'un dit : O homme, ou te gardes toi-même, et pratiques avec grand labeur les vertus, et toutefois tu n'adviendras jamais à un bon état. Ou, te résignant [t’abandonnant] toi-même, accomplis toutes les vertus, et sans labeur, et tu parviendras à un très haut état et degré97.
Quant à l’influence espagnole, elle se propagea par l’intermédiaire de René Gaultier (~1560-1638) : ce visiteur de la cellule de Beaucousin fut un grand traducteur des Espagnols. Conseiller d’État et avocat, il vécut à Paris et eut au moins cinq enfants de Péronne de Laurent (-1656), épouse considérée comme un « vrai miroir de perfection ». Il traduisit Pierre d’Alcantara (le franciscain qui eut une influence décisive sur Teresa), et Jean de la Croix (déjà !), mais aussi Louis Du Pont98, Jean Climaque99… Ses traductions sont exactes et surtout mystiquement « sensibles »100.
En ce début de siècle, tous respectent les contenus mystiques qu’ils adaptent par une compréhension que l’on devine intime : ainsi pour le Cantico A de Jean de la Croix rendu par Gaultier. Il faudra attendre Marie du Saint-Sacrement (1861-1939) pour retrouver une telle qualité de compréhension grâce au partage implicite d’une expérience mystique commune101.
Ces spirituels qui sont en même temps traducteurs, ne se contentent pas de travaux en cabinet : de Brétigny et Gaultier partiront chercher des carmélites en Espagne, non sans aventures. Tous sont très discrets sur leur vie personnelle : ils s’effacent devant ce qu’ils transmettent.
Dès le début du siècle, donnant ses racines au mouvement mystique, ils rendent donc disponible ce que nous appellerions une « base de données », à savoir les textes essentiels des siècles précédents qui serviront à conforter et défendre s’il y a lieu, une vie vraiment mystique : ceci très directement (Ruusbroec, Catherine de Gênes, Teresa et Jean de la Croix bien avant qu’il ne soit pleinement reconnu), ou par le relais d’un spirituel qui sert d’intermédiaire expérimenté (Harphius et l’auteur de la Perle évangélique).
En particulier, les Noces spirituelles (1606) de Ruusbroec sont traduites en français par un chartreux et tous les mystiques du royaume de France peuvent s’abreuver à sa joie :
Mais je vous prie, quel est cet avènement perpétuel de notre Époux ? Certainement, c’est la génération nouvelle et l’illumination laquelle Dieu fait sans cesse en nous. Car ce fond où reluit cette clarté, [185v°] voire et même qui est cette clarté même, est fécond et vigoureux, et pour ce, la manifestation de la lumière éternelle est continuellement renouvelée au plus profond de l’esprit. Et il faut certes, qu’ici cède et succombe tout ce qui est des actions créées. […] Et l’avènement de l’Époux céleste est si soudain et si léger que toujours il vient, et demeure toujours au-dedans, et ce avec richesses infinies, et qu’il revient toujours encore de nouveau et sans cesse, en propre personne, avec clarté infinie, comme s’il n’était jamais venu. Car son avènement sans temps, consiste en quelque maintenant éternel, et est toujours reçu avec désir nouveau et joie nouvelle102.
Quelques années plus tard, les minimes de Rouen publient les Institutions [Taulériennes] avec la Vie … et Epistres et quelques excellents sermons… en 1614.
Puis la Théologie Mystique de Harphius (Herp), le « héraut » de Ruusbroec, paraît à Paris en 1616 dans une belle traduction offerte par J.-B. de Machault, conseiller du roi :
Que s'ils renonçaient à toute propriété en toutes œuvres, ils passeraient toutes choses par un esprit nu et pur ; en laquelle pureté ils seraient agis sans moyen par l'Esprit divin, en prenant quelque certitude qu'ils sont enfants de Dieu ; « parce que ceux qui sont agis et poussés de l'Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu. »
En sixième lieu, aucuns sont qui embrassent cette limitation, comme enfants secrets de Dieu ; lesquels doivent nécessairement, non seulement vivre de vertus, et y veiller ; mais aussi par-dessus toutes vertus mourir, et être ensevelis en Dieu pour renaître plus heureusement en lui. Sur quoi faut savoir, combien que les hommes, quand ils naissent du saint Esprit, sont alors enfants de grâce, et que leur vie est ornée des vertus, et qu'ils surmontent toutes choses contraires à Dieu, selon ce dire de saint Jean [I Jean, 5] : « Tout ce qui naît de Dieu surmonte le monde ». Toutefois ceux-là sont ici appelés serviteurs ; parce qu'ils ne se sentent encore bien établis en Dieu, ni certifiés de la vie éternelle ;
Mais quand nous montons en excès par-dessus nous-mêmes, et qu'en notre monter à Dieu nous sommes faits si simples, que l'amour pur et nu nous peut arrêter en sa sublimité, où il exerce soi-même par-dessus tout exercice des vertus, savoir en notre origine, et où nous naissons spirituellement. Là même nous sommes transformés, et mourons à Dieu, à nous-mêmes, et à toute propriété, et sommes faits secrets enfants de Dieu, en trouvant une noble vie en nous, selon ce dire de l'Apôtre [Colossiens, 3]: « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu. » 103
Enfin paraît tardivement, en 1622 104, la traduction par Gaultier du Cantique de Jean de la Croix, apporté en France par Anne de Jésus à qui il était dédié (un manuscrit aujourd’hui perdu du Cantique A) :
Mais vous [le Père Archange, capucin] qui avez déjà pris goût aux écrits du Révérend Père Jean de la Croix, je m’assure que vous verrez d’aussi bon œil ce sien posthume qui n’a point encore été mis sous la presse, où il se rend fort facile et familier pour la matière qu’il traite. Ceux qui n’ont point expérimenté les grâces et unions mystiques dont il parle, n’en sauraient juger, ce qui fermera la bouche à beaucoup de gens qui s’entremettent le plus de ce qu’ils entendent le moins. Ayant déjà prêté ma plume à la version des œuvres de ce religieux tant estimé de la sainte Mère Thérèse, je n’ai pu lui dénier ce dernier labeur, pour communiquer aux Français les trésors de sa rare doctrine105.
Les œuvres mystiques européennes essentielles – si l’on excepte Denys le chartreux dont l’œuvre latine est d’extension considérable, et les mystiques anglais qui attendront le milieu du siècle – sont ainsi toutes disponibles en français au tournant du siècle. Fait essentiel : on n’a plus besoin de recourir au latin, langue des clercs, ce qui ouvre accès aux femmes, qui sauront en faire bon usage.
Ces traductions ne privilégient pas l’élégance, - la langue française est encore rugueuse, - mais leur précision rend compte fidèlement de l’intériorité exprimée dans le texte, vécue par ces premiers traducteurs qui ressentent une obligation apostolique. Leur travail qui s’approche du mot à mot nous les fait préférer aux « belles infidèles » nées plus tard sous l’influence de l’école des traducteurs issue de Port-Royal106 : celle-ci recommande de repenser le texte pour le restituer, voulant tirer le meilleur parti d’une langue française jugée désormais l’égale du latin. Mais repenser un texte mystique en respectant l’intention de l’auteur n’est pas possible parce que l’« onction » spirituelle passe à côté du sens obvie (le problème est bien reconnu dans le champ poétique) ; les traducteurs ont rarement l’expérience mystique suffisante. L’idéal est de disposer d’une édition originale et de pouvoir y remonter, ce qui était le cas vers 1620 où l’espagnol, première langue d’Europe en avance littérairement, - son Siècle d’Or est achevé, - était connu de nombreux lecteurs, dont des femmes.
Parallèlement à cette disponibilité des textes, des catholiques émigrent et trouvent refuge en France, tel Benoît de Canfield. Beaucoup d’autres vivent hors des frontières du royaume, mais sont suffisamment proches pour que la langue française soit pratiquée à côté du latin : à Mayence, le capucin Constantin de Barbanson écrit en français, après une période passée auprès des bénédictines de Douai, ville universitaire des Pays-Bas espagnols où œuvre (mais en latin) son contemporain bénédictin Augustin Baker.
Les pays plus extérieurs « du nord » et de l’est, Angleterre, Pays-Bas, Allemagne, sont devenus protestants. Leurs nouvelles Églises s’opposent à ce qui leur paraît être des reliquats du Moyen Âge : les approches de type mystique et la médiation assurée par le corps des moines et des clercs « papistes ». Des communautés réformées prennent leur place, en s’appuyant sur leur interprétation littérale de l’Écriture, pour assurer une autorité laissée vacante. Ceci ne laisse guère de place à l’intériorité, sinon celle dominée par une conscience morale propre aux puritains anglais et bien plus tard reprise par Kant. Quelques très belles figures mystiques existent cependant dans l’Europe non catholique : souvent il s’agit de poètes (anglais…), de quakers, de piétistes, de « chrétiens sans église ». Nous en évoquerons quelques-uns dans le prochain tome.
Après la fécondité du XVIe siècle, les pays du sud, Espagne et Italie, vont entrer en décadence. C’est l’effet retard de contrôles stricts par leurs Inquisitions. Il est vrai qu’elles ne brûlaient leurs victimes que « modérément » au XVIIe siècle, seulement pour maintenir une peur jugée utile au salut et à l’ordre public107 : on sait comment la mise en scène d’un Autodafe impressionna si fort la jeune Teresa qu’il se transforma en vision de l’enfer108. Nous présenterons au tome IV le récit du « spectacle » de l’abjuration de Molinos à Rome qui dura une journée entière. De telles mises en scènes interdisaient efficacement toute expression d’une liberté créatrice. Elle n’est en effet que rarement exercée car les martyrs volontaires sont rares… La décadence des imprimeurs accompagna celle de la pensée libre : ils disparaissent en Espagne et en Italie, ne se maintiennent que les presses d’Anvers dont témoigne le musée Plantin. La Hollande est le pays le plus peuplé d’Europe : elle monte en puissance et ne subit pas encore de joug despotique. Dans ce refuge de la pensée libre, on publiera des ouvrages par dizaines de milliers au cours du Grand Siècle.
Tableau I : Principales influences exercées sur les mystiques français du XVIIe siècle.
[……...]
Remerciements 6
PRÉSENTATION 13
AVERTISSEMENT 17
TABLE DES MATIERES 9
1. DES TEXTES ET DES HOMMES 13
Le jeu des influences de 1381 à 1594. 19
1. La voie passant par la chartreuse de Cologne. 21
2. La voie anglaise. 23
3. La voie italienne. 24
4. La voie espagnole. 24
Troubles, chartreux et traducteurs. 25
Une tradition chartreuse 26
Les textes essentiels des siècles précédents 28
Émigration mystique, fécondité et décadence 34
Tableau I : Principales influences exercées sur les mystiques français du XVIIe siècle. 36
2. TRADITIONS ET RÉFORMES MONASTIQUES 37
Ermites. 38
La vie des ermites et des recluses. 38
Grégoire Lopez (1542-1596), ermite mystique au Mexique. 39
Jeanne de Cambry (1581-1639), ermite à Tournai. 45
Hubert Jaspart (1582 ~1655), prêtre ermite de Mons. 53
Maintien de la règle de saint Augustin 57
La vie canoniale. 57
Antoinette de Jésus (1612-1678) 58
Épiphane Louys (1614-1682), prémontré. 61
Permanence de l’ordre bénédictin 65
La Tradition. Congrégations de Saint-Vanne et de Saint-Maur 65
Dom Augustin Baker (1575-1641) 68
Dom Simplicien Gody (1600-1662) 73
Dom Claude Martin (1619-1696). 75
Une succession de bénédictines réformatrices 79
Une histoire mouvementée : Marie de Beauvilliers (1574-1657) et la réforme à Montmartre 81
Exercice divin, ou pratique de la conformité de notre volonté à celle de Dieu (1631). 86
Marguerite d’Arbouze (1580-1626) 99
Louise de Ballon (1591-1668) 101
Trois bénédictines à Montargis 104
Marie Granger (1598-1636), Mère de l’Assomption 104
Louise Boussard (1613-1643), Mère de Sainte Gertrude 105
Geneviève Granger (1600-1674), Mère de Saint Benoît 106
Charlotte Le Sergent (1604-1677). 111
La Mère du Saint-Sacrement et ses bénédictines 115
Mectilde du Saint-Sacrement (1614-1698), Mère fondatrice 115
Élisabeth de Brême (1609-1668), Benoite de la Passion 122
Jacqueline Bouette de Blémur (1618-1696) 125
Tableau II : Lieux, Bénédictines & Spirituels associés 127
La réforme de l’abbaye cistercienne de Port-Royal par la mère Angélique (1591-1661) 129
La Réforme du carmel français par Jean de Saint-Samson (1571-1636) et ses disciples 133
Multiples réformes. 133
La vie d’un frère convers aveugle. 135
Les « dits » de l’amour divin. 140
Disciples et Directoire spirituel. 147
Dominique de Saint-Albert (1596-1634) 151
Maur de l’Enfant-Jésus (1617/8 -1690) 157
Michel de Saint-Augustin (1621-1684) 164
Maria Petyt (1623-1677) 165
3. LE CARMEL « DÉCHAUSSÉ » 167
Joseph de Jésus Maria [Quiroga] (1562-1628), carme défenseur de Jean de la Croix 169
L’implantation de la réforme carmélitaine en France 175
Jean de de Brétigny [de Quintanadueñas] (1556-1634) et ses voyages. 175
Madame Acarie, (première) Marie de l’Incarnation. 182
Le cercle de madame Acarie 199
« Le » voyage d’Espagne 201
L’arrivée des carmes déchaux en France 203
Constitutions et confesseurs. 204
Isabelle des Anges (1565-1644), espagnole ou française ? 207
Une « filiation » ? 208
Madeleine de Saint-Joseph et sa communauté 211
Madeleine de Saint-Joseph (1578-1637), une vie cachée. 211
La direction spirituelle. 214
Novices et fondations 222
Sœur Catherine de Jésus (1589-1623) 223
Marguerite du Saint-Sacrement [Acarie] (1590-1660) 224
Marie de Jésus [de Bréauté] (1579-1652). 225
Agnès de Jésus Maria de Bellefonds (1611-1691). 229
Involutions spirituelles ? 230
Marguerite du Saint-Sacrement de Beaune 230
Une vie mystique en péril 232
Grands Carmes de la fin du Siècle 235
Laurent de la Résurrection (1614-1691), frère convers 235
Honoré de Sainte-Marie (1651-1729), historien 242
De la pratique du pur amour 248
Rayonnement des deux Carmels 249
Tableau III : Carmels et milieux associés 250
4. FRANCISCAINS 253
Capucins, récollets, Tiers Ordre Régulier 253
Benoît de Canfield (1562-1610), capucin anglais 255
Deux capucins nés en France 305
Martial d’Étampes (1575-1635) 305
Jean-François de Reims ( ?-1660). 312
Franciscains récollets 317
Séverin Rubéric ( ? – après 1625) 318
La voie d’amour (1623) : Avis sur les quatre méditations de la vie unitive 319
Victorin Aubertin (1604-1669) 323
Le Chrétien uni à Jésus-Christ au fond du cœur (1667). 323
Éloy Hardouin de S. Jacques (1612 ?-1661) 329
Archange Enguerrand (1631-1699), le « bon franciscain » 337
Une rencontre décisive 337
Un directeur spirituel averti 340
Traités de la vie intérieure… (1686) 348
Tertiaires Réguliers et Laïcs 353
La Règle commentée par Denys le chartreux et Vincent Mussart 356
Billets de Noël 359
Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), du Tiers Ordre Régulier 361
Une anthologie spirituelle 364
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident III. Ordres nouveaux et Figures singulières. Editions Les Deux Océans. Reprise Trédaniel-Dervy. 1-394.
« Je sais le jugement que la plupart des hommes porteront sur ce livre. Ils y verront l'œuvre d'un moine halluciné, d'un solitaire hagard et d'un ermite ivre de jeûne et consumé de fièvre. Ils y verront un rêve extravagant et noir, traversé de grands éclairs, et rien de plus. C'est l'idée ordinaire que l'on se fait des mystiques ; et on oublie trop souvent que toute certitude est en eux seuls. »
Maurice Maeterlinck présentait ainsi l'œuvre de Ruysbroeck !
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Nous ne nous sommes pas trop étendus sur des figures largement reconnues dans les histoires de la spiritualité : les fondateurs de la Visitation qui ouvrent le volume, les jésuites, les spirituels dans le monde dont les “Amis de la Vérité”, des figures pratiquant la charité, etc. Nous avons par contre élargi le cercle mystique en soulignant la valeur de figures féminines singulières qui vécurent à la périphérie ou hors du « royaume très chrétien » ; enfin par une incursion hors du monde catholique : évocation de mystiques britanniques ou d’outre-Rhin, de poètes. Nous sommes conscients du risque encouru abordant telle figure imposante, par exemple Pascal - mais comment faire autrement ? - ou en nous élargissant cavalièrement sur l’Europe pour respecter notre titre d’Expériences mystiques en Occident. Certaines figures sont absentes ici mais prendront toute leur place en « IV. Une école du cœur », dans l’approche du large mouvement mystique de la quiétude.
Dans les tomes précédents, nous avons tenté de montrer que toute renaissance religieuse a pour origine l’impulsion donnée par un mystique : traversé par le courant de la grâce, il réveille son entourage et le ramène à la vie intérieure, il provoque ou dirige le changement qui se propage ensuite par l’intermédiaire de personnes qu’il a formées109. C’est ainsi que les ordres « anciens », les bénédictins, les carmes et les carmélites, surtout les franciscains, retrouvèrent en France une vitalité inattendue.
Tandis que les actifs réformateurs présentés dans le tome II ont été souvent oubliés110, nous allons maintenant rencontrer des mystiques reconnus, dont quelques-uns sont encore célèbres de nos jours. Ces figures n’appartiennent pas aux ordres anciens, certaines sont même restés complètement indépendantes dans leurs vécus. D’autres ont adopté des approches novatrices qui leur ont permis de créer des structures nouvelles. Aussi leurs successeurs en révèrent-ils le souvenir.
Grâce à la puissance de certains ordres toujours actifs, quelques-uns occupent presque toute la place dans les fresques qui retracent l’histoire religieuse et spirituelle du Grand Siècle, au détriment de personnalités plus profondes. Comme l’expérience intérieure est notre fil conducteur, nous n’adopterons pas la même hiérarchie que les histoires classiques de la spiritualité111. Tenant à notre parti-pris subjectif, nous citons pour le XVIIe siècle une centaine de figures112 en tenant compte non de leur notoriété, mais de l’impression de qualité intérieure mystique éprouvée à la lecture de leurs écrits ou de leurs ‘dits’. Le lecteur s’étonnera de la place réduite donnée à certains spirituels (Bérulle, des membres de « l’École française », des figures rattachées à Port-Royal). Nous préférons rester concentrés sur ce qui nous guide depuis le début : l’expérience du divin transmise d’âge en âge dans la profondeur mystique.
Le critère de jugement dans l’histoire officielle de la spiritualité est la sainteté et non pas l’expérience mystique (qui fait souvent peur). On confond souvent saint et mystique, la sainteté pouvant apparaître à la lecture de certaines hagiographies comme la condition préalable à l’ouverture de toute vie intérieure. Or, Thomas d’Aquin le dit bien, « l’amour de Dieu n’est pas, comme le nôtre, dépendant d’un bien préexistant dans l’être aimé ; il crée le bien qu’il aime113 ». La grâce divine est première : l’effort, le mérite ne la font malheureusement pas venir. Elle semble répondre à l’appel de l’homme, mais elle est la source de cet appel. Il n’y a pas d’automatisme, l’ascétisme entraînant la grâce : celle-ci est libre, incompréhensible et inopinée.
Un saint n’a donc pas forcément d’expérience mystique. Il montre l’exemple : il est l’incarnation du grand idéal moral donné par les religions. Mais c’est par sa volonté propre qu’il tend vers la perfection. Le mystique, lui, est traversé par la grâce : c’est parce qu’il en suit les mouvements qu’il manifeste l’amour divin autour de lui. S’il est parfait, sa sainteté n’est qu’une facette de son intériorité et une conséquence de l’amour qui vit en lui. C’est parce qu’il acquiesce à l’action de la grâce que s’accomplit la remise en ordre de ses comportements : après une (longue) phase de nettoyage, le torchon aura exprimé son dû, le bois humide sera devenu sec et pourra brûler d’amour.
Toutes les variantes sont possibles : les mystiques s’imposent souvent une ascèse et pensent que leur état d’impureté et de péché doit être purifié pour que la grâce descende. Au Grand Siècle, l’héroïsme est très bien considéré et fait partie de la culture de l’époque. C’est au bout d’un long périple que monsieur de Bernières ou madame Guyon comprennent qu’ils ne font que tourner en eux-mêmes et que l’abandon à la grâce est la seule voie efficace.
Exceptionnellement, nous ouvrons ce tome III à quelques spirituels qui n’ont pas laissé de trace écrite, mais qui sont admirables par leur charité : nous avons fait le pari que l’amour universel dont ils ont témoigné ne pouvait provenir que d’une intense vie intérieure.
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Ce tome III comporte cinq parties :
1. Nous présentons le cadre où évoluent ces personnalités : un monde en mutation prédomine à partir du milieu du XVIIe siècle.
2. Apparaissent les créateurs ou membres des ordres nouveaux : François de Sales associé à Jeanne de Chantal et leurs visitandines, jésuites mystiques inspirés par Louis Lallemant, Jean-Jacques Olier fondateur des sulpiciens, des oratoriens.
3. Puis nous nous attachons à des mystiques actifs dans le monde : monsieur de Bernières, quelques spirituels illustres par leur charité, des « Amis de la vérité » assemblés autour de Port-Royal, des franciscains « tardifs » défenseurs de la vraie vie mystique.
4. Nous consacrons une place importante à cinq figures féminines mystiques remarquables (et à un couple). Elles réussirent à rester relativement indépendantes des structures religieuses pendant la plus grande partie de leur vie. Nous rendons ainsi justice au sexe ignoré mais souvent premier dans l’ordre mystique.
5. Enfin, pour ne pas demeurer cantonnés au monde catholique de France et en conformité avec le titre d’Expériences mystiques en Occident, nous évoquons quelques contemporains remarquables qui vécurent hors de la juridiction du « Roi très chrétien » dans le Saint-Empire, en république hollandaise, dans les îles britanniques. Ce dernier chapitre sera bien entendu un survol sans aucune visée exhaustive, pour rappeler que la mystique existait ‘ailleurs’.
Nous aurons alors évoqué aux tomes II et III une bonne partie du XVIIe siècle mystique européen. Restera à présenter l’école de la quiétude (tome IV), enfin à montrer que la vie mystique ne s’arrête pas en 1699 par une deuxième condamnation du quiétisme (tome V), même si ses expressions écrites furent par la suite et pour longtemps bridées.
Au début du XVIIe siècle, les mystiques qui rendaient compte de leur expérience par écrit le faisaient au sein d’un monde très différent du nôtre, même si la modernité apparaissait déjà chez quelques membres d’une minorité socialement favorisée. Si les structures où entraient ces « chrétiens intérieurs » se révélaient déjà très diverses depuis Réformes et Contre-Réforme, au milieu du XVIIe siècle s’opère aussi un basculement des connaissances et des idées : l’Ancien Monde du Moyen Age, dont les pratiques ont été transmises par les ordres religieux rénovés, laisse place à un monde nouveau qui va nécessiter d’autres manières de vivre intérieurement. De nouvelles formes vont devoir être inventées pour s’y adapter : nous les abordons au cours de ce volume.
Les institutions religieuses tentèrent de faire face à ces nouveautés, mais leurs efforts ne purent équilibrer la crispation de structures qui se trouvaient en proie à des luttes intestines : à l’opposition entre protestants et catholiques, s’ajouta l’opposition entre partisans des idées nouvelles et traditionalistes. Ces derniers perdront progressivement le contrôle des idées avant celle des hommes.
Aux XVIe et au XVIIe siècles, quatre phénomènes majeurs sont à l’origine de ce bouleversement des idées et du monde114 : la circulation des idées facilitée par l’imprimerie, le progrès dans la connaissance du monde naturel, la montée en puissance de l’État souverain, la division confessionnelle de l’Europe. Ils mettent en cause l’unité du monde. L’individu se met à questionner la nature même d’une vérité disputée publiquement : à quelle confession doit-il se rattacher s’il en a le choix ? Faut-il inventer la tolérance ? S’il cherche des remèdes à la violence115, doit-il se soumettre comme à un moindre mal à un despotisme qui ne deviendra « éclairé » qu’un siècle plus tard (et trop tard pour sa version française), ou faut-il réinventer une démocratie dont l’Antiquité donne une image idéalisée ?
Au début du XVIIe siècle, la société demeurait attachée à un Ordre divin : elle était politiquement reliée à l’Absolu par un Roi et religieusement dominée par des Églises. Intériorisé à partir des écrits très appréciés de Denys, l’Ancien Monde supposait une
adhésion à un ordre antérieur et supérieur aux hommes. Leur attitude était dominée par une aspiration à la sagesse et au salut dans l’intégration à un ordre divin, naturel, communautaire et idéologique, préétabli, qui définissait le vrai, le bien, le juste, ainsi que le statut et la personnalité même des individus116.
On retrouve de nos jours un tel état d’adhésion à l’état de survivances dans d’autres civilisations. Il s’exprime de façon pathogène lorsque l’adhésion s’accompagne d’une soumission sociale sans limite au sein de communautés qui se sentent trop menacées117. Anciennement « ce n’était pas l’individu qui était perçu comme l’unité de base, mais la famille et la lignée, groupes naturels, la cité ou la communauté organisée, porteuse du projet qui donne sens à la vie », tandis que nous vivons aujourd’hui « dans des sociétés conçues comme des associations reposant sur un contrat entre des individus libres qui leur préexistent en principe : ils peuvent les modifier… »118.
Mais arrive le physicien-praticien Galilée, qui ouvre un monde nouveau par l’observation combinée à l’expérience : il renverse des modèles admis en astronomie et en mécanique. Son influence n’a d’égale que celle du théoricien Descartes qui lie géométrie et algèbre. Ils permettront de quantifier des résultats expérimentaux, pour aboutir à la maturité scientifique atteinte à la fin du siècle par Newton.
La maîtrise apparente d’un monde matériel dépendant d’un monde spirituel ‘des idées’ est ainsi rapidement entamée119. L’inversion du processus de connaissance s’appuie sur l’expérience physique : Descartes assure que ses « conclusions sont toutes appuyées sur des expériences très certaines » (ce qui n’était encore le cas ni chez Bacon ni chez lui). L’orientation est acquise ainsi tôt, même si la rigueur expérimentale n’apparaît qu’au milieu du siècle, génialement chez Pascal qui associe pratique et théorie avec une grande inventivité. Sa liberté prise vis-à-vis de présupposés ouvre de nouvelles failles120.
Cette liberté ne se manifeste pas encore dans deux domaines : celui de la représentation historique, car elle ne se prête pas à l’expérimentation scientifique immédiate ; et celui de l’exploration critique des sources bibliques qui débutera avec Spinoza121.
Les Pensées de Pascal montre cet écart : le contraste est grand entre sa première partie avec la liberté prise sur tous les sujets, dont le politique, et sa seconde partie qui ne peut encore tenir compte que de la tradition biblique dans sa durée brève.
Il faut une génération pour qu’un acquis nouveau se généralise au niveau des connaissances de l’homme cultivé, puis une nouvelle génération pour qu’elle soit exprimée socialement et prise en compte - ou non - par les structures civiles et religieuses. La fermeture d’un Bossuet vis-à-vis de toute nouveauté et de toute tentative œcuménique, telle qu’elle fut entreprise par Leibniz, illustre cette rémanence. Une tension très forte se manifeste lorsque le débat devient public, à la charnière entre ancien modèle du monde et nouvelles ouvertures.
Toutefois en Hollande puis en Angleterre, l’orthodoxie s’ouvre dès le XVIIe siècle à la tolérance et au progrès qui en découle. Mais pas moins de quatre révolutions accompagnées des guerres menées par la république hollandaise pour survivre, puis de terribles luttes civiles au sein du royaume auront été nécessaires à l’accouchement d’une société politique déjà démocratique sous certains aspects122.
La France eut moins de chance. À l’essor du début du siècle, rapidement freiné par les troubles de la Fronde, succède un renforcement de l’absolutisme mené par Louis XIV. Dans le contexte des guerres de religion, les juristes catholiques voulurent mettre le roi à l’abri des anti-absolutistes protestants et des tyrannicides (Henri IV avait été l’objet de plusieurs attentats avant celui qui lui coûta la vie). D’où une survalorisation du personnage royal, que le monarque mettra en scène tout en bridant toutes les expressions politiques dont la parlementaire. Le Roi-Soleil respecte cependant une morale123. En France, le régime
reste modéré, parce que nombre de traits traditionnels du royaume subsistent : le roi est chrétien, il respecte les “lois fondamentales”, il a un “esprit de justice, de conseil et de raison”, la société comporte encore des ordres, des corporations, des “pays” qui ont des droits propres dont le régime est obligé de tenir compte. D’ailleurs, le royaume est grand et incomplètement contrôlé. Mais ces éléments de modération sont étrangers à la doctrine absolutiste proprement dite. Quand le régime s’effondrera, ils disparaîtront. Le jacobinisme pourra alors hériter des pouvoirs d’État illimités qu’ont élaborés les théoriciens absolutistes124.
Au sein de cet absolutisme, le système dit des Lettres de Cachet fait des victimes chez les spirituels. À la question fréquente : « Quelle est la justification de tel ou tel emprisonnement ? » posée par le moderne qui suspecte quelque transgression cachée, la réponse est : « Aucune n’est nécessaire ! » Ces lettres sont signées par le roi (mais par lui seul), sans intervention de la justice, mais souvent sous l’influence de son entourage : Richelieu pour Saint-Cyran emprisonné de 1638 à 1643, madame de Maintenon pour « la Guyon » qu’elle fait emprisonner de 1697 à 1703. Il ne s’agit que d’éloigner quelqu’un, de l’assigner à résidence, de l’emprisonner.
Saint-Cyran fut envoyé un beau matin à Vincennes, sans motif, sans jugement, ayant été pris à son domicile par des “messieurs” (annonciateurs des hommes en gabardine de polices politiques modernes). Il passa cinq ans dans son cachot, mais il aurait pu y passer, tout aussi bien, vingt ou quarante, si la mort inopinée du ministre n’avait permis à ses amis de le faire libérer125.
Nous étendons souvent au passé (et les supposons à tort acquises) les conquêtes récentes de révolutions européennes. Or la liberté de conscience et de culte qui nous considérons comme naturelle, est absolument inconnue sous l’Ancien Régime : « L’évêque ou le supérieur peut requérir des lettres de cachet contre des prêtres ou religieux suspectés d’indiscipline (par exemple de jansénisme), pour contourner l’impuissance de l’officialité paralysée par l’appel comme d’abus » souvent interjeté par l’inculpé126. Les hérétiques, conformément au serment du sacre, doivent être « exterminés » (entendons : rejetés hors des limites du royaume, ex-terminare). L’édit de Nantes est révoqué par l’édit de Fontainebleau de 1685 : toute liberté de culte est abolie, les églises réformées sont détruites, ceux qui ne se convertissent pas sont bannis. Les juifs, bannis en principe du royaume en 1615, ne font pas partie de la communauté française, pas plus que les protestants.
De même, la liberté d’expression est restreinte. Il faut un privilège spécial pour imprimer des livres, et les privilèges ne sont accordés qu’après examen attentif par la censure. Les imprimeries sont étroitement surveillées, ce qui n’empêchera pas l’impression des Provinciales en feuilles grâce à des complicités. La solution habituelle était d’imprimer les ouvrages en Hollande.
Après les terribles luttes religieuses du XVIe siècle où l’angoisse et la peur créent la violence127, la paix à peine rétablie, la France doit lutter contre l’encerclement pour sa survie. Car Charles-Quint unifiant Espagne, une partie de l’Italie, Autriche, Flandre, et riche de ses colonies, a créé le premier des empires sur lequel le soleil ne se couche pas.
En France, on ne peut encore parler de sentiment « national » : la diversité des provinces est grande et le français qui y est pratiqué est souvent un patois. Il s’agit plutôt d’une originalité qui s’exprime dans les coutumes intimement liées à la royauté la plus ancienne d’Europe. Les catholiques succombent d’ailleurs à l’attrait de la puissance étrangère qui se pose en protectrice de leur religion : tous admirent la culture hispanique arrivée à pleine maturité ; beaucoup parlent et lisent sa langue (ainsi que l’italien, langue de culture plus ancienne mais qui n’est plus associée à un pouvoir politique sinon celui de la papauté).
L’indépendance l’emportera pourtant grâce entre autres au génie de Richelieu : elle s’exprimera religieusement par le gallicanisme, et en politique se formeront des alliances assez compromettantes avec des principautés protestantes voire avec le Grand Turc. La démographie aidant, car la France est à elle seule aussi peuplée que le reste de l’Europe occidentale, la puissance française dominera l’espagnole dès lors que le pays sera unifié et en paix, et culminera sous Louis XIV. Mais sa politique guerrière provoquera contre elle l’union de l’Europe, financée par la Hollande, et conduira à des guerres perpétuelles.
Sur le plan culturel, le royaume se situe à mi-chemin entre l’état de servitude régnant au sud de l’Europe où l’Inquisition et un système de « castes » stérilisent tout essor128, et l’état de liberté (relative) confinée à et près d’Amsterdam ou Londres. L’essor littéraire est toutefois grand, favorisé en France par le désintérêt obligé de la noblesse pour toute activité économique. Le développement des connaissances est moindre. L’expression des idées novatrices prend le chemin du nord de l’Europe.
Sur le plan religieux, les hétérodoxies sont nombreuses depuis la Réforme, mais restent étroitement circonscrites dans ces quelques « zones libres » (ou sauvages : la Suisse). L’Europe occidentale chrétienne est partagée entre sa moitié traditionnelle catholique du sud, qui conserve des richesses mystiques au prix de beaucoup de pesanteurs sociales, et sa moitié réformée du nord, diversifiée en Églises anglicane, luthérienne, calviniste. Elle facilite l’émergence d’un ordre bourgeois nouveau, mais au prix de la destruction des havres mystiques préservés par leurs clôtures.
Le problème n’est pas seulement politique : l’individualisme naissant fait surgir une opposition entre vécus intérieurs et structures ecclésiales. Kolakowski, l’historien-philosophe des mystiques hétérodoxes au XVIIe siècle, analyse l’essence irréductible de contradictions opposant les adeptes d’un christianisme intérieur aux Églises, qu’elles soient protestantes ou catholique129 :
On voit que cette double opposition [aux conceptions propres aux uns et aux autres], autrement dit l’idée que le culte extérieur n’est pas nécessaire au salut dans l’Église catholique, et que l’orthodoxie n’est pas nécessaire dans les Églises réformées, est l’équivalent, dans la pratique, de l’exigence de la suppression des Églises en tant qu’institutions visibles, si l’on remarque que l’existence de l’Église en tant qu’institution sociale est définie par l’existence de la caste sacerdotale qui, dans les deux cas, est ainsi privée de sa raison d’être. […]
Examiné dans l’abstrait, il [le mysticisme] révèle l’orientation originelle de sa pensée : celle-ci est en opposition directe au principe même d’organisation religieuse. C’est la croyance que l’on atteint toutes les valeurs essentielles par le moyen d’une communication directe de l’individu avec Dieu, donc sans tous les instruments que l’Église fournit pour cette communication — rituels, sacrements, catéchèse. C’est en même temps la croyance que la voie du salut, c’est la pratique de la passivité (“laissez agir Dieu”), du perfectionnement intérieur passant par tous les stades et toutes les pénibles expériences décrites dans les relations des auteurs mystiques.
Presque universellement — mais avec quelques exceptions toutefois — s’y associe la conviction que l’individu est entièrement responsable de son propre salut et que le démon ne trouve accès à l’âme que si elle le lui permet de bonne grâce ; que par conséquent le principe de la responsabilité individuelle dans les rapports entre Dieu et l’homme conserve sa valeur absolue ; et que ni le décret de la prédestination divine assignant à chacun à l’avance son destin d’outre-tombe ni les formalités peu gênantes des recours rituels ne peuvent nous dégager de notre responsabilité, donc nous libérer de notre abandon à la grâce ; que seul son propre effort rend l’âme individuelle capable de recevoir la grâce, même si cet effort doit se ramener — comme le proclame la majorité des mystiques — à se dépouiller de sa propre volonté et à atteindre à une passivité totale face aux opérations surnaturelles qui s’effectuent dans l’âme, si c’est donc là un effort paradoxal de passivité.
Les institutions religieuses recherchent bien l’appui des mystiques par confesseurs interposés, mais, incapables d’absorber le fait mystique, elles prétendent le faire rentrer dans un dogme étroit et en fixer l’expression dans une langue commune130. La censure menace tout le monde.
Pratiquement, l’opposition entre chrétiens intérieurs et appareil d’Église est atténuée par le respect que ces chrétiens observent vis-à-vis de l’ancienne vision du monde hiérarchique. Mais les tensions demeurent, envenimées par l’asservissement de l’appareil ecclésial au pouvoir royal.
Cette dépendance est accomplie en France en 1682 par la déclaration du clergé dite des « Quatre Articles » dans laquelle Bossuet a joué le premier rôle : « Nous déclarons […] que les rois et souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique […] que leurs sujets ne peuvent être dispensés de la soumission ou de l’obéissance qu’ils leurs doivent ou absous du serment de fidélité 131 ». Ce dernier point ouvre la voie à des décisions arbitraires.
Confrontés à cette incompréhension, refusant de nier l’évidence de leur vécu, certains mystiques se retrouvent en marge des structures, mais en éprouvent une grande souffrance, car ils demeurent attachés aux formes religieuses tout en ayant le sentiment de représenter le vrai christianisme. Pour eux, la religion est la chose la plus simple du monde. J. Byrom, un lettré du XVIIIe siècle, du groupe mystique écossais d’Aberdeen, définira ainsi la “vraie religion : la chose la plus simple du monde ; non pas un mot, mais une chose ; non pas une matière de dispute, mais de pratique” 132.
Mais ils sont emprisonnés, condamnés ou bannis. Il devient dangereux d’être soupçonné de quiétisme. C’est probablement la peur qui explique le tarissement des écrits mystiques à la fin du XVIIe siècle133 : on parlera d’un « crépuscule des mystiques » après le bref pontifical de 1699 condamnant le quiétisme134.
Nombreux seront ces chrétiens sans Église sommés de se soumettre ou de se démettre. L’exode hors des limites religieuses prendra de l’ampleur au Siècle des Lumières, principalement en Hollande, asile relativement ouvert, et dans le Saint-Empire, Allemagne aux multiples centres de pouvoir : l’on peut ainsi se déplacer d’une principauté où règne une confession vers sa voisine où demeure une rivale, et très simplement d’université en université.
La théologie devient alors philosophie avant que cette dernière n’entreprenne au XIXe siècle une mutation vers la « science » politique. La tradition européenne ne connut ainsi jamais une complète rupture. Des influences s’exercèrent : de quiétistes et de piétistes sur Kant et ses successeurs dont Hegel, puis de ce dernier sur ses critiques Kierkegaard ou Marx.
Le mouvement lent de l’Ancien Monde religieux au Nouveau Monde des “Lumières” dont les membres s’opposaient aux religieux fut voilé par la lutte entre partis religieux et laïque135.
La réconciliation peut aujourd’hui avoir lieu lorsque celui qui est animé d’une vie intérieure ne se croit plus obligé de rentrer dans des structures religieuses devenues minoritaires.
Nous pouvons parler d’Ordres « nouveaux » dans la mesure où leurs membres vivent au moins en partie comme des « spirituels dans le monde ». Jésuites, oratoriens et sulpiciens ont des contacts ouverts avec la société civile - mais pour un jésuite seulement après une longue préparation à l’apostolat actif ; la préparation est certes moins contraignante pour un oratorien ; enfin pour un sulpicien il s’agit d’une simple animation de séminaire et d’œuvres améliorant la qualité morale de ses dirigés. Du côté féminin, des visitandines répondent à une ouverture au monde sans devoir adopter la double clôture permettant l’éducation des filles, comme ce fut le cas chez les ursulines qui les précédaient (ces dernières pénétrèrent en France pour se retrouver bientôt ainsi « protégées »).
Nous différons nettement de présentations d’histoires religieuses du XVIIe siècle, où prédominent les figures des chapitres 2 et 3 du présent tome, ce qui représente moins du quart de nos tomes II, III et IV réservés au Grand Siècle. L’histoire religieuse doit rendre en effet compte des structures ecclésiales et ne peut guère s’intéresser à des individualités mystiques demeurées le plus souvent discrètes.
Nous présentons bientôt des figures à la fois accomplies mystiquement et reconnues socialement. Nous leur accordons une place qui les favorise peut-être beaucoup vis-à-vis de figures égales mystiquement, mais cachées - sur la vie desquelles nous sommes donc moins bien renseigné. Les figures reconnues seront celles de François de Sales et de Jeanne de Chantal entourée de ses visitandines, du jésuite Surin puis, à un niveau moindre, de monsieur Olier fondateur de Saint-Sulpice, de l’actif laïc Jean de Bernières et ses amis et successeurs très présents au tome IV, de Pierre de Poitiers et de capucins, enfin longuement de l’ursuline Marie de l’Incarnation qui mena la dernière moitié de sa vie à Québec.
Les inspirations qui animent les membres des Ordres convergent souvent, car ceux-ci tentent de répondre aux besoins communs d’une nouvelle société civile bourgeoise : il en est ainsi de l’Oratoire français et des sulpiciens ; de plus, dans ce cas, l’union est étroite car il faut tenir compte de l’influence de l’oratorien Condren sur le fondateur Olier (c’est « l’école française » au sens strict).
En général, et malgré la faible durée historique couverte ici sur trois générations, il nous a paru plus simple et très clair de respecter pour la présentation une chronologie définie par les dates de disparition des figures qui sont le plus souvent proches de leurs pics d’activité mystique. Elles sont parfois regroupées en familles d’une même localisation géographique : ceci rompt alors le fil chronologique.
La Chronologie de la France religieuse : une « école française ? » donnée en fin de tome résume l’évolution qui eut lieu de 1608 à 1642 c’est-à-dire couvrant la période critique du siècle pour son épanouissement spirituel. Elle situe des réformes qui se produisent simultanément et suggère des interactions que nous ne pouvions trop souligner au fil des présentations sans nuire à la clarté de l’exposé.
[…………...]
Table
EXPÉRIENCES MYSTIQUES EN OCCIDENT 3
ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES 5
Avertissement 6
PRESENTATION 11
1. UN MONDE EN MUTATION. 15
De l’Ancien au Nouveau Monde 16
L’absolutisme en France 19
La montée en puissance du royaume 21
2. LES ORDRES NOUVEAUX. 27
Jeanne de Chantal et François de Sales : la création de la Visitation 29
François de Sales (1567-1622). 29
Jeanne de Chantal (1572-1641). 45
L’esprit de la Visitation 54
Influences : Marie de Valernod, la mère de Ballon, Angélique Arnauld. 57
Une vague mystique chez les jésuites 59
Le P. Coton (1564-1626). 61
Antoine Le Gaudier (1572-1622). 62
Louis Lallemant (1588-1635). 63
Un cercle en Bretagne 66
Jean Rigoleu[c] (1596-1658) 67
Vincent Huby (1608-1693) 69
Pierre Champion (1633-1701) 70
Des femmes mystiques 70
Un mystique du nord : Antoine Civoré (1608-1668). 71
Un cercle en Aquitaine 73
Pierre Cluniac (1606 - après 1642) 73
Jean-Joseph Surin (1600-1665) 75
Des spirituels dominicains 93
Louis Chardon (1595-1651) 93
Alexandre Piny (1640-1709) 94
Pierre de Bérulle et l’Oratoire. 99
Pierre de Bérulle (1575-1629) 99
Charles de Condren (1588-1641). 104
Jean-Jacques Olier (1608-1657) et Saint-Sulpice. 111
Des poètes chrétiens 119
Agrippa d’Aubigné (1552-1630) 120
Claude Hopil (~1585 ? – apr. 1633) 121
Jean de Labadie (1610-1674) 122
Nicolas Barré (1621-1686). 124
3. MYSTIQUES ACTIFS DANS LE MONDE. 125
Monsieur de Bernières (1602-1659) 127
L’intériorité 131
Le directeur de conscience 135
Pratiques de la charité 137
Vincent de Paul (1581-1660) 138
Jean Eudes (1601-1680) et les missions des campagnes. 141
Gaston de Renty (1611-1649) 143
Madeleine de Neuvillette (1610-1657). 148
Port-Royal… 149
Les Amis de la vérité 152
La Mère Agnès Arnauld (1593-1671). 155
Le bon docteur Jean Hamon (1618-1687). 158
… et Pascal (1623-1662) 161
Des capucins défendent la mystique. 169
Jean-Evangéliste de Bois-le-duc (1588-1635) 169
Gregorio da Napoli (1577-1641) 171
Attaque et défense mystique 172
Pierre de Poitiers (-1683), conseiller et défenseur. 177
LE JOUR MYSTIQUE (1671) 179
Simon de Bourg-en-Bresse (-1694) 203
Paul de Lagny (-1694), missionnaire visiteur 217
L’EXERCICE MÉTHODIQUE… (1658) 219
LE CHEMIN ABBRÉGÉ DE LA PERFECTION (1673) 223
Alexandrin de la Ciotat (1629-1706) 239
LE PARFAIT DÉNUEMENT DE L’ÂME CONTEMPLATIVE (1680) 239
Des jésuites défendent la mystique 249
François Guilloré (1615-1684) 250
Claude-François Milley (1668 - 1720) 255
Jean-Pierre de Caussade (1675-1751) 257
4. FIGURES FEMININES. 263
L’influente « sœur Marie » des Vallées (1590-1656). 263
Marie de l’Incarnation (1599-1672) ursuline et canadienne. 279
I. la vie laïque de Marie Guyart : 284
II. La vie religieuse en France. 290
III. Au Canada. 293
La « bonne Armelle » (1606-1671) 325
Claudine Moine (1618 - apr.1655), couturière. 335
La béguine Marie Petyt (1623-1677) 343
Le couple Hélyot 357
5. MYSTIQUES D’AILLEURS 361
Mystiques juifs. 362
La Kabbale 363
Baruch Spinoza (? -1677) 365
Des mystiques d’outre-Rhin 366
Johann Arndt (1555-1621) 367
Jakob Böhme (1575-1624) 367
Sandaeus (1578-1656) 369
Angelus Silesius (1624-1677) 369
Catharina von Greiffenberg (1633-1694) 371
Spener (1635-1705) fondateur du piétisme 371
Mystiques des îles britanniques 373
Les poètes “métaphysiques” anglais. 373
Georges Herbert (1593-1633) 373
Thomas Traherne (1637-1674) 375
En Écosse : Henry Scougal (1650-1678) 377
Les Quakers : Georges Fox et Robert Barclay 380
CONCLUSION 388
Chronologie de la France religieuse : une « école française » ? 389
Tableau I reliant spirituels jésuites à leurs ami(e)s. 393
Tableau II reliant oratoriens et sulpiciens à leurs ami(e)s. 394
A la suite du tome I d’Expériences mystiques en Occident qui introduisait aux grandes figures de l’Antiquité au Moyen Âge, nous avons consacré un tome II aux Ordres anciens, puis un tome III aux fondations récentes et aux figures féminines. Ce tome IV achève l’étude de figures mystiques nées au XVIIe siècle en abordant le mouvement qui fut stigmatisé sous le nom de « quiétisme ».
Nous bénéficions de belles études sur des figures connues136, ou sur un groupe localisé géographiquement137. Mais aucune synthèse ne met en relief l’originalité d’un courant mystique qui subsista durant deux siècles dans son identité propre reconnue par ses membres successifs.
Ce courant ne se distingue ni par une Constitution, ni par une Règle, ni par un Ordre, ni par un cadre associatif. Il franchit allègrement les frontières politiques et religieuses. Enfin, on ne peut définir aisément un domaine d’étude par son « canon » de textes fondateurs. Pourtant ces figures se révèlent être les porteurs de la tradition mystique en France puis en Europe.
Les articles « Quiétisme » (1986) du Dictionnaire de Spiritualité restent aujourd’hui la meilleure source disponible pour accéder scientifiquement à ce courant, du moins sur la durée de la crise visible (mais elle ne couvre environ qu’un quart de siècle, la fin du XVIIe). Ses auteurs, excellents connaisseurs de l’Europe latine catholique, fournissent une abondante moisson : suivant l’ordre chronologique, ils passent en revue les principales figures considérées comme « quiétistes » par les Inquisitions catholiques, espagnole et italienne.
Il reste difficile de circonscrire précisément ce que l’on reprochait au christianisme intérieur de ces prévenus, tant cela repose sur des « propositions » que l’on ne retrouve pas dans les textes incriminés.
§
Notre apport se veut différent : nous exposerons une histoire oubliée parce qu’on a cherché à la cerner au sein de « propositions » condamnées. Nous ne chercherons pas à établir une « théorie du quiétisme », mais à retrouver le vécu de personnes. Nous respecterons leurs témoignages en les citant préférant un florilège orienté mystiquement à toute thèse exposant des idées.
Ces spirituels se rencontrent autour d’une expérience centrale, celle de la grâce divine, à laquelle ils font le don de leur personne et de leur vie dans un abandon intérieur total. Ils ne se satisfont que de « l’amour pur », c’est-à-dire sans recherche de récompense. Prenant appui sur la grâce, ils considèrent l’effort humain et l’ascétisme comme secondaires. Cela ne veut pas dire que leur vie est relâchée, car, contrairement au procès qui leur est fait, ils mènent une vie d’une rigueur exemplaire.
Loin de rester isolés dans leur maison ou leur couvent, ils se sont reconnus et ont échangé des correspondances. Leur spécificité est de n’avoir jamais transformé ce réseau d’amitiés spirituelles en un ordre qui aurait figé ce qui devait rester informel : ceux qui étaient clercs demeurèrent honnêtement fidèles à leurs diverses appartenances ecclésiales. Ces hommes et ces femmes n’éprouvaient aucune nécessité de cadre extérieur : unis par l’indicible, ils partageaient les mêmes évidences.
Ces liens sans contrainte ni règle formelle ne purent être acceptés par les autorités religieuses, qui, se sentant négligées, les combattirent avec vigueur. Les mystiques ont souvent dû affronter des ecclésiastiques hostiles parce que sans expérience intérieure.
À côté de ces amitiés entre égaux, des filiations spirituelles se nouèrent d’une génération à la suivante : ainsi Bernières fut formé par Chrysostome de Saint-Lô, madame Guyon par M. Bertot ; puis madame Guyon dirigea Fénelon et des cercles de disciples qui expérimentèrent le degré le plus profond de la relation spirituelle, une communication silencieuse de la grâce de personne à personne, décrite abondamment par Mme Guyon.
Toutes ces relations forment un réseau complexe et cohérent qui constitue à nos yeux une École : nous considérons ce mouvement comme l’expression de la mystique universelle dans son vécu le plus profond. Quel nom donner à une telle association sans unité de condition ni liens canoniques138 ? Les expressions d’Oratoire du cœur et d’École de l’oraison cordiale apparaissent chez Bremond dans le chapitre qu’il consacre à Querdu Le Gall, l’une des nombreuses figures secondaires du réseau, et à Jean Aumont139. Parler d’une Filiation mystique du pur Amour permettrait d’insister sur le lien de nature mystique qui exista entre aînés et cadets, et d’éviter la note intellectuelle attachée au terme École : malheureusement, ce titre serait trop long. En ayant soin d’enlever la note affective attribuée au mot cœur depuis Rousseau et le Romantisme, nous adopterons la contraction en École du cœur : cette dénomination implique une pratique de l’oraison orientée vers l’intériorité.
Son rôle est capital : nous pensons qu’elle sous-tend et féconde la vie mystique dans toute l’Europe depuis la fin des guerres de religion au XVIe siècle (Henri IV entre à Paris en 1594) jusqu’au milieu du XIXe siècle (fin du cercle de Morges-Lausanne). Ce rôle souterrain, mais central justifie de lui consacrer ce volume entier. Il s’inscrit « en parallèle » au volume précédent qui livrait l’histoire spirituelle telle qu’elle est habituellement couverte pour le XVIIe siècle.
Sans méconnaître des influences dues à la lecture, nous affirmons la primauté des rencontres physiques entre personnes qui se poursuivent sous la forme de correspondances.
Un tel réseau d’amitiés spirituelles est de grand intérêt parce qu’il préfigure le mode de relation adapté à l’individualiste rendu prudent par expérience 140: repoussant les structures sociales, les idéologies, les rites ou les fondamentalismes religieux, l’homme ou la femme cherche une approche directe à l’Essentiel.
Il leur faut cependant trouver ancrage au travers de relations interpersonnelles. Cette histoire de l’École du cœur qui traverse plus de deux siècles prouve qu’il est possible de « vivre la mystique » sans adhérer à un collectif, mais en étant entouré de compagnons qui partagent la même aventure.
Privilégions le vécu intime secret en prise avec le jeu de la grâce. Une moniale inconnue nous le livre :
Le langage des mystiques est fort malaisé à entendre pour ceux qui ne le sont pas.
C’est une théologie qui consiste toute en expérience, puisque ce sont des opérations de Dieu dans les âmes par des impressions de grâces et par des infusions de lumières ; par conséquent l’esprit humain n’y pourrait voir goutte pour les comprendre par lui-même.
Ce « Rien » dont notre Mère parle141 avec tant d’admiration se trouve de cette nature. C’est, sans doute, un dépouillement de l’âme effectué par la grâce, qui la met en nudité et vide, pour être revêtue de Jésus-Christ, et pour faire place à son Esprit qui veut venir y habiter.
Mais nous pouvons dire encore que la nature, par elle-même, ne peut arriver à cet état. Il n’appartient qu’à Celui qui a su du rien faire quelque chose [de] la réduire de quelque chose comme à rien, non pas par son anéantissement naturel, mais par un très grand épurement de tout le terrestre, où Il la peut mettre142.
Détecter des influences spirituelles uniquement par la circulation des textes ne suffit pas. De même qu’on n’apprendra pas l’ébénisterie dans un livre, de même seuls des liens directs entre personnes sont à même de former les apprentis mystiques. Ce sont ces relations interpersonnelles dont nous entendons parler ici : nous nous attacherons donc à relever non pas « qui a lu qui », mais « qui a rencontré qui ».
Parce qu’ils ont en commun la même expérience du divin et les mêmes raisons de vivre, les mystiques se comprennent et des liens d’amitié se forment. Le rayonnement de certains aînés plus expérimentés attire la génération suivante : les cadets reçoivent l’enseignement d’un père ou d’une mère spirituelle. Ces liens sont parfois vécus sur plusieurs générations : ils constituent alors des filiations dont les intéressés sont conscients.
Ce phénomène est bien connu dans le monde entier. Dans les traditions orientales, on parle de chaînes de transmission dans le soufisme tandis que des maîtres se succèdent en Extrême-Orient dans diverses traditions indiennes ou bouddhiques. Aux débuts du christianisme, un évêque était reconnu parce qu’il était relié à un apôtre dont l’autorité provenait de sa connaissance directe de Jésus : cette conception était encore apparente chez Tertullien à la fin du second siècle, elle disparaîtra deux siècles plus tard chez Ambroise de Milan143.
Nous pensons avoir trouvé un réseau d’amitiés de ce type chez les mystiques du « pur amour » au XVIIe siècle : ils se connaissaient et s’estimaient (ainsi Bernières et Mère Mectilde). Chaque génération formait des disciples. L’ensemble de ces liens constitua un « arbre mystique ». Il fut nourri de la sève d’une exceptionnelle vitalité spirituelle franciscaine. Autour de quatre figures144, Chrysostome, Bernières, Bertot, Guyon, de nombreuses branches spirituelles existèrent dans les milieux plus divers et que leurs membres reconnaissaient (à la fin du XVIIIe siècle, le pasteur Dutoitsavait qu’il se rattachait aux quatre personnes citées145).
Ce courant mystique franciscain, transmis de génération à génération essentiellement en France, connut une efflorescence qui dura près de deux siècles et demi : en 1590, deux franciscains fondent ce courant ; en 1837, un cercle spirituel guyonien se meurt à Morges près de Lausanne.
§
A ces mystiques que nous regroupons sous le nom d’École du cœur, des détracteurs ont attaché le sobriquet de « quiétistes ». Ce surnom entache encore maintenant leur mémoire puisqu’ils firent l’objet de procès et de condamnations. Bien que ce ne soit pas notre intérêt premier, nous aborderons brièvement la « question du quiétisme ».
Après un chapitre sur les précurseurs espagnols et italiens, nous verrons éclore en France la vénérable tradition des Tiers-Ordres franciscains : elle va féconder la mystique française dès la fin de nos guerres de religion, car des âmes ardentes vont rencontrer ces messagers. Puis deux nœuds de convergence vont se former autour de deux laïcs qui domineront la scène : monsieur de Bernières, actif au milieu du XVIIe siècle, et madame Guyon, active à la fin de ce siècle. Autour d’eux toutes les générations se rencontrent.
Les relations sont multiples au sein de ce réseau d’amis qui se prêtent mutuellement des soutiens spirituels. Au début du Grand Siècle le « bon Père Chrysostome » et « sœur Marie » des Vallées dirigent Monsieur de Bernières et ses fidèles de l’Ermitage de Caen. Ensuite Bernières continue de diriger ses compagnons de l’Ermitage, en particulier Monsieur Bertot, tandis que son amie Catherine de Bar fonde les bénédictines du Saint-Sacrement. Parallèlement, au Canada, Mgr de Laval (disciple de Bernières) crée un nouveau Ermitage, tandis que Marie de l’Incarnation146 reste en relation épistolaire avec Bernières. Jean Aumont est relayé par le « bon franciscain » Archange Enguerrand. Ensuite Bertot transmet et dirige Madame Guyon : autour d’elle, se développe un deuxième nœud : à la fin du siècle, c’est elle qui, associée à son disciple Fénelon, anime la vie intérieure de cercles français. Puis au XVIIIe siècle le courant mystique se distribue en de multiples branches, mais la peur d’être condamné pour « quiétisme » est un frein : tandis que les cercles spirituels se cachent en terres catholiques françaises, le courant trouve refuge dans les terres piétistes protestantes. Puis il s’enlise et nous en perdons trace en Suisse après 1837.
Cette succession de directeurs spirituels est exceptionnelle, car elle fut ininterrompue, formant comme les maillons d’une longue chaîne : le laïc sieur de la Forest, le père Chrysostome, le laïc Bernières, le prêtre Bertot, madame Guyon et Fénelon archevêque de Cambrai, et pour finir des pasteurs piétistes. Autre fait remarquable, ils furent indifféremment laïcs ou religieux puisque leur autorité ne reposait que sur leur profondeur intérieure. Autour d’eux gravitèrent des figures profondes : d’autres canaux de transmission existèrent peut-être parallèlement, issus de Catherine de Bar ou de Mgr de Laval ; mais ils sont moins documentés, à cause de la clôture ou de rudes conditions de vie défavorables à conservation de traces écrites.
Aux biographies des uns et des autres nous associerons des extraits de leurs « dits » ou de leurs écrits en les différenciant par l’usage de caractères romains ou italiques. Rien ne remplace le contact direct avec les textes. Même si ce tome IV commence par un rappel essentiellement historique, nous ne nous attarderons pas sur les structures, les règles et les conceptions théologiques : elles ne seront présentées que pour faire comprendre au milieu de quelles contraintes vivaient ces grands mystiques.
[couvre les présent tome IV et le suivant IVb]
Franciscains du Tiers Ordre Régulier
|
Chrysostome de Saint-Lô Marie des Vallées Marie de l’Incarnation
1594-1646 1590-1656 1599-1672
||
Jean de Bernières 1602-1659 & Jourdaine de B. 1596-1670
« L’Ermitage » de Caen situé près du couvent des ursulines.
|| | |
Monsieur Bertot Mère Mectilde du St.St Mgr de Laval
1620-1671 1614-1698 -1708
Cercle créé à Montmartre Fondation bénédictine Ermitage Québec
||
Madame Guyon 1647-1717 & François de Fénelon 1651-1715
Cercles « de la Quiétude » actifs à Paris, Cambrai, Blois...
Disciples « Cis » et « Trans » situés en
France Écosse Angleterre Hollande Suisse [Marsay piétiste]
Mortemart [16881755] -1665-1750
Chevreuse(s) J & G Garden Poiret Pétron.d’Eschweiler |
-1712 & -1732 -1699 & -1733 1646-1719 1682-1740
Beauvillier/s Ramsay Metternich Fleischbein
-1714 & -1733 1686-1743 -1731 1700-1774
Dupuy Forbes 16th Tersteegen Klinckow. Danois
– >1737 1689-1761 1697-1769 -1774
Marquis de F. Deskford
1688-1746 1690-1764 Dutoit
1721-1793
Wesley Fabr. de Zelle
1703-1791 - 1793
Upham Pétillet
1799-1872 Langalerie
Quakers
Methodists Influences philosophiques (Kant) et littéraires (B. Constant)
Trois branches d’un « delta spirituel » se constituent à partir d’un premier « nœud » animé par Jean de Bernières. Monsieur Bertot crée un cercle à Montmartre repris par Madame Guyon aidée par Fénelon : naissance d’un deuxième « nœud ».
Puis des disciples « cis » et « trans » couvrent l’Europe et franchissent l’Atlantique.
[couvre les présent tome IV et le suivant IVb]
Ouverture & table
Quiétismes
I L’école du cœur en France et Nouvelle France (1601-1671 : 70)
Ecole du cœur et Bernières
Ermitage
Bertot
Canada
II Mme Guyon, Fénelon et leurs amis (1648-1717 : 69)
Mme Guyon
L’œuvre
La Voie
Fénelon
III Filiations (1717-1792 : 75)
France
Écosse
Hollande
Suisse & Allemagne
IV Influences
Chez les catholiques
Chez les protestants
Échos au XIXe siècle
Échos et usage au XXe s.
Synthèse
Tableaux
[table supprimée puisque remplacé par IV Ecole du coeur]
Au cœur d’une filiation qui s’étend sur deux siècles, nous avons vu Monsieur Bertot disciple de M. de Bernières créer un cercle mystique autour du monastère des bénédictines de Montmartre. Madame Guyon poursuivit en son sein la grande tâche de formation intérieure.
Après la « querelle du quiétisme 147 », une fois de lourdes épreuves surmontées148, le rayonnement de la « Dame Directrice » se répandit auprès de disciples « cis » (les français) et « trans » (les étrangers). Les quatorze années vécues après sa libération en 1703, à Saint Dizier puis à Blois luis permirent de préparer une renaissance spirituelle.
Elle perdureaprès la disparition de Fénelon en 1715 puis la sienne en 1717. Leurs disciples appartiennent à toute l’Europe du XVIIIe siècle. Puis, nous perdons les traces de ces courants mystiques actifs au sein de cercles quiétistes et piétistes dans la première moitié du XIXe siècle. Toutefois l’influence des écrits fondateurs touche aujourd’hui des milieux culturels variés, actifs surtout aux Etats-Unis149.
La diversité des filiations de la Quiétude s’explique par le contexte culturel qui voit un affaiblissement des dépendances religieuses. Lorsque la culture religieuse cède place à la culture laïque, se produit un éclatement ou « étoilement » des expressions de l’expérience mystique. Le vécu mystique, dispersé dans ses expressions, sera alors facilement circonscrit à l’humain, par absence de langue commune, réduction encouragée par l’approfondissement des approches psychologiques.
Dans le tome précédent nous avons découvert des liens ignorés ou du moins sous-estimés entre des figures reconnues. Dorénavant les figures le seront moins mais plus nombreuses et les appartenances religieuses ou civiles seront diverses. C’est pourquoi nous nous étendrons plus largement dans la description de ce « delta spirituel » : le fleuve va se ramifier et couler plus lentement.
Le tableau suivant résume pour le Siècle des Lumières l’extension en de multiples cercles qui succèdent à ceux de madame Guyon à Blois et de Fénelon à Cambrai. Quelques repères y sont donnés situant des figures méconnues ou du moins diverses dans leurs filiations. Elles sortent du cadre traditionnel catholique français puisqu’elles deviennent européennes au sein de milieux protestants.
L’essentiel repose sur des mystiques cachés qui assurent de génération en génération le renouveau d’un même élan intérieur.
Le Tableau de Filiations européennes
[présenté au tome IV précédent comme partie inférieure du tableau « Madame Guyon au centre d’une filiation »]
résume un pan méconnu de l’histoire des mystiques en Occident. L’influence de ses figures ne dépend pas de la distance géographique qui les sépare de leur source historique, le centre du royaume de France où quiétistes réprimés politiquement et religieusement se cachent.
On ne peut témoigner qu’indirectement d’influences sur trois mystiques français bien reconnus : Milley (1668-1720), sur Caussade (1675-1751), longtemps supposé être l’auteur de l’Abandon à la Providence divine, sur Grou (1731-1803).
À Blois, les disciples catholiques « cis » fréquentèrent les visiteurs protestants étrangers, ou influencèrent ceux qui ne pouvaient prendre le risque de venir en France, tel le pasteur Poiret, ainsi que plus tard des rénovateurs religieux anglais, tel Wesley à l’origine des méthodistes.
Nous commençons l’étude par les « cis ». Ces proches de madame Guyon et de Fénelon appartenaient déjà au cercle quiétiste parisien : les familles des deux ducs ; la « petite duchesse » de Mortemart, confidente aimée de madame Guyon, qui lui succéda très probablement spirituellement ; le marquis de Fénelon, jeune neveu de l’archevêque, blessé à la guerre en 1711, que Mme Guyon aimait bien et appelait son « cher boiteux » ; c’est lui que Dupuy, l’homme de confiance, instruira sur l’histoire de la « querelle ».
Ensuite nous abordons l’Écosse avec les frères Garden, héritiers de la mystique épiscopalienne devenus disciples, puis avec le Chevalier Ramsay qui servit un temps de secrétaire à la « dame directrice ». Plusieurs disciples membres de grandes familles écossaises étaient présents en juin 1717 à son agonie. Ils poursuivirent une vie intérieure profonde tout en assumant pleinement fonctions et responsabilités.
En Hollande, le disciple éditeur de l’œuvre guyonienne, Pierre Poiret et son groupe exercèrent une influence déterminante en Allemagne sur Metternich et sur le jeune théologien Tersteegen.
Enfin une cohorte que nous n’avons pas pu clairement dissocier, l’une vaudoise de langue française, l’autre germanique, nous achemine jusqu’au premier tiers du XIXe siècle.
Mais conservent leur intérêt car distinctions par appartenances
Avant 1700, les mystiques appartenaient à l’une des branches de la famille chrétienne. Le Siècle des Lumières change profondément la situation en Europe tandis que l’élargissement hors des frontières géographiques européennes met en cause ce référentiel parce que l’on reconnaît la validité d’autres cultures associées à d’autres religions. Faut-il continuer après 1700 à s’en tenir au seul occident chrétien ?
L’ « étoilement mystique » déborde le cadre composé jusqu’à maintenant de figures souvent catholiques et d’expression française. Certaines figures se rattachent toujours aux grandes Traditions du Livre ou d’Orients mais d’autres découvrent à la vie intérieure sans y être conduits par une pratique religieuse ou par quelque mode d’emploi. Quelques-unes ignorent même la fente qui leur est ouverte intérieurement et pour un instant ; elles poursuivent alors leur quête.
Les deux dernières parties de ce Florilège d’expériences mystiques rendent ainsi compte d’une bifurcation : V. FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 et VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800.
Je ne crois pas au « crépuscule des mystiques » évoqué par Louis Cognet. Certes le langage commun à toute théologie a disparu (il avait été précisé juste à temps dans le monde catholique au XVIIe siècle en latin puis en français par Sandaeus, Civoré, madame Guyon, Honoré de Sainte-Marie) 150. S’en est suivi l’absence d’un corps facilement reconnaissable d’auteurs-témoins susceptible d’être triés selon un critère théologique ou regroupés par Ordres religieux.
L’indépendance vis-à-vis de représentations communes conduit à un émiettement ou plus poétiquement à un « étoilement ». Il s’agit de retrouver le peuple dispersé des mystiques dont l’unité intérieure est voilée sous des habits divers. Ils circulent dans de multiples allées et ne se rencontrent guère.
Comment organiser une présentation en respectant leur variété ? En multipliant les points de vue variant les thèmes abordés ? Par reconnaissance de la diversité des conditions d’entrée dans la vie intérieure ? En évoquant des diversités sociales et culturelles ? De tels classements recouvriraient la vie intérieure sous ses habits.
On retiendra ici en premier l’appartenance à l’un ou l’autre de deux types de vécu : I. Le mystique demeure fidèle à la Tradition dans laquelle il a été élevé ou s’est converti. II. L’expérience mystique se situe hors de cadres religieux et culturels devenus à ses yeux caducs ou secondaires. Voyons de plus près la structure au second niveau :
Pour les figures qui constituent le premier de deux ensembles, le « jardin mystique » est taillé à la française, selon une répartition en plusieurs massifs,
« I. Fidèles aux Traditions » présente des figures sous cinq entrées. Le premier chapitre intitulé « L’école du Cœur » assure une certaine continuité avec le tome précédent d’Expériences mystiques sous ce même nom. Le second chapitre couvre plus largement le monde catholique. Le troisième aborde quelques grands textes des auteurs Orthodoxes. Le quatrième chapitre sort du monde chrétien tout en demeurant au sein des trois religions du Livre : il glane quelques mystiques juifs ou ayant vécu en terres d’Islam. Enfin le dernier cinquième chapitre souligne que la vie mystique est universelle. Il évoque de rares figures indiennes, chinoises et japonaises. Au sein de chaque chapitre l’ordre est chronologique, ordonné par dates de décès.
II. Diverses confessions s’affrontèrent puis se replièrent sur elles-mêmes, prises au sein des luttes qui leur firent oublier la prise de conscience de dimensions jusqu’alors ignorées. Car se succèdent sur trois siècles trois dévoilements de l’imprévisible Nature : celle de ses théâtres infimes ou immenses, celle de son âge incommensurable à l’histoire humaine, enfin celle de son évolution vers toujours plus de complexité et de variété.
La mystique perçue comme une façon de vivre son rapport avec un Dieu et prenant place au sein d’une tradition reçue et vérifiée disparaît de l’esprit des modernes ; particulièrement chez des scientifiques jugés « athées » alors qu’ils sont le plus souvent agnostiques.
L’abandon de croyances traditionnelles est compensé par des témoignages individuels forts. S’exprimant diversement, des « mystiques sans Dieu » paraissent diluer une expérience insaisissable ?
Pour des figures relevées au cours du dernier XXe siècle, le jardin mystique se présente « à l’anglaise » dans un espace sauvage aux aperçus inédits. « II. Hors cadres » présente ainsi des figures qui n’ont pas rattaché leur rencontre « d’un plus Grand qu’eux-mêmes » 151 à une Tradition. Leurs vies ont toutefois été changées, marque qui leur est commune. Ces pèlerins cheminent hors piste sans pouvoir facilement situer ce qui leur est arrivé (nous ne retenons aucun de ceux qui se présentent sur la grand-place du marché spirituel en maîtres proposant quelque « nouvel enseignement »).
Les deux premiers chapitres présentent des figures à la recherche de la vie mystique soit par l’exercice de leur réflexion (« chercheurs ») soit par l’exercice de leur intuition (« poètes »). Les trois derniers chapitres rassemblent des témoins : ceux de « l’instant mystique », ceux auxquels la vie mystique se révèle au sein de l’épreuve, enfin des « témoins pour notre temps ». Ils confirment la nature mystique de certaines expériences, même si cela n’est pas évident à leurs yeux.
Plus d’une centaine de figures sont proposées en dix chapitres répartis entre fidèles aux traditions et chercheurs ou témoins hors cadre 152. Leur nombre est ainsi rendu comparable à celui des figures ayant connu le XVIIe siècle et qui disposaient d’une section dans Expériences mystiques en Occident, tomes II à IV. S’ajoutent quelques entrées couvrant soit un genre d’expression soit une œuvre collective.
J’ai regretté de n’avoir pu équilibrer les entrées entre de trop nombreux clercs et de trop rares laïcs pour la première partie consacrée aux figures attachées aux Traditions. De fait les clercs bénéficient tout à la fois d’un devoir de mémoire assez bien respecté dans les Ordres et d’une supposée proximité avec le divin aux yeux des témoins (incluant leurs éditeurs). Leurs entrées en religion suivent l’expérience initiatrice commune à presque tous les mystiques ce qui favorise les Ordres.
J’ai ici décidé d’être très ouvert dans ma récolte de figures « sauvages ». Leur nombre comparable à celui des figures « sages ». Certaines entrées se situent à la frontière du champ mystique. Elles paraîtront à certains en être distantes ? Il est utile de séparer le champ libre mystique d’enclos délimités par des théologies. Le lecteur est au contact de sensibilités diverses réunies autour d’une même Source.
Des contributions ont pourvu à une large récolte, particulièrement proposées par Emmanuel […]
Lilian Silburn avait établi le projet d’un volume portant sur les « instants mystiques » en assemblant un dossier préparatoire de textes pertinents. Nous ne pouvons qu’en éditer un bon nombre en seconde partie « Hors cadres » sans pouvoir proposer des correspondances avec les vécus du sivaïsme du Cachemire. Elles existent dans des notes et tableaux qui n’ont pas encore été transcrits. L’essentiel de l’esprit mystique que L. S. a si généreusement distribué se découvre dans ses nombreux écrits et plus intimement dans : Jacqueline Chambron, « Lilan Silburn, une vie mystique » Paris, Almora, 2015.
Je présente ce florilège en étant très conscient de l’injustice qui consiste à citer très brièvement les plus grandes figures -- elles sont aisément accessibles ailleurs -- pour accorder une grande place à quelques témoignages ou études dispersées en publications difficilement accessibles.
Le lecteur ignorera une majorité d’entrées pour approfondir quelques découvertes et cela suffit à justifier le florilège. Nous limitons les renseignements de nature identitaire. On les trouve sur divers sites dédiés dont en premier lieu sur Wikipedia.
FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700 3
« Étoilement mystique », une bifurcation 5
Un « crépuscule des mystiques » ? 6
Remerciements & Avertissement 8
1. ÉCOLE DU CŒUR 11
1708 François de Laval (1623-1708) et l’Ermitage de Québec. 13
1709 Alexandre Piny (1640-1709) 21
1715 Fénelon (1651 - 1715) 25
1715 François La Combe (1640-1715). 45
1717 Jeanne-Marie Guyon (1648 - 1717) 51
1719 Malaval (1627-1719) 75
1719 Pierre Poiret (1646 - 1719) 77
1720 Claude-François Milley (1668 - 1720) 81
1733 James (1645-1726) et Georges Garden (1649-1733) 85
1751 Jean-Pierre de Caussade (1675 - 1751) 89
~1751 L’Abandon à la Providence divine 95
1769 Gerhard Tersteegen (1697 - 1769) 101
Thomas Kelly (1893-1941), Quaker 103
.
2. CHRISTIANISME OCCIDENTAL 105
1737 Maria-Magdalena Martinengo (1687 – 1737) 107
1775 Paolo [Danei] della Croce (1694-1775) 111
1798 Jeanne Le Royer (1731-1798) 115
1803 Jean-Nicolas Grou (1731 - 1803) 117
1820 Pierre de Clorivière (1735 - 1820) 121
1852 François Libermann (1802 - 1852) 123
1892 Charles-Louis Gay (1815-1892) 127
1897 Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897) 131
1906 Elisabeth de la Trinité (1880-1906) 133
1918 Marie-Antoinette de Geuser « consummata » (1889-1918) 134
1942 Brandsma (1881-1942) 140
1942 Édith Stein (1891-1942) 142
1948 Vital Lehodey (1857-1948) 148
1955 Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) 150
1975 Maurice Zundel (1897-1975) 154
1979 Jeanne Schmitz-Rouly (1891-1979) 156
1979 Paul Agaësse (-1979) 162
Dom Georges Lefebvre 170
1987 Jean-Baptiste Porion (-1987) 176
2002 Marie-Dominique Molinié (1918-2002) 180
.
3. CHRISTIANISME ORIENTAL 185
1782 La Philocalie, une bibliothèque spirituelle. 187
1833 Seraphim de Sarov (1759-1833) 189
~1840 Optino et la Paternité spirituelle en Russie. 195
~1870 Récits d’un pèlerin [russe] 203
~1906 Archimandrite Spiridon 205
1938 Starets Silouane (1866-1938) 207
1950 Simon Frank (-1950) 209
1980 Lev Gillet (1893 – 1980) 210
.
4. RELIGIONS DU LIVRE 233
JUDAÏSME 235
1827 Dov Baer de Loubavitch (1773 - 1827) 235
1943 Jiri Langer (1894-1943) 241
SOUFISME 253
1711 Machrab (1657-1711) 253
1823 Sheikh Al-Arabi ad-Darqawi (-1823) 255
1883 Abd el-Kader (1807-1883) 259
1934 Ahmad al — « Alawî (-1934) 261
1988 Sayd Bahodine Majrouh (-1988) 265
5. ORIENTS 267
INDOUISME 269
1932 Ramakrishna (– 1932) 269
1950 Ramana Maharshi (1879 - 1950) 273
1963 Ramdas (-1963) 281
1973 Henri Le Saux/Swami Abhishtktananda (1910-1973) 287
BOUDDHISME & TAOÏSME 289
1694 Matsuô Bashô (1644 – 1694) 289
Lu ’K’uan Yü (1898—?) & Hsu Yun 293
1966 D.T.Suzuki (1870-1966) 297
R.H. Blyth [on Zen] 311
1993 Toshihiko Izutsu (1914-1993) [on Zen] 315
SYNTHESES 319
Liste de courants et de mystiques juifs du Xe au XVIIe siècle 320
Mystiques ayant vécu en terres d’Islam du IXe au XVIe siècle 322
Mystiques chrétiens du XIIe au XVIIe siècle 326
Réseaux franciscains 330
Mystiques ayant connus le XVIIe siècle par naissances 334
Caractères communs à ces figures 343
Douze figures, douze textes, des bonnes traductions 347
Les trois courants mystiques de l’Ecole du Coeur 349
Choix bibliographique 351
1.Ouvrages généraux 351
2.Figures et œuvres 352
.
[reprise du tome V]
[reprise du tome V]
Des contributions ont pourvu à une large récolte, particulièrement proposées par Emmanuel […]
Lilian Silburn avait établi le projet d’un volume portant sur les « instants mystiques » en assemblant un dossier préparatoire de textes pertinents. Nous ne pouvons qu’en éditer un bon nombre en seconde partie « Hors cadres » sans pouvoir proposer des correspondances avec les vécus du sivaïsme du Cachemire. Elles existent dans des notes et tableaux qui n’ont pas encore été transcrits. L’essentiel de l’esprit mystique que L. S. a si généreusement distribué se découvre dans ses nombreux écrits et plus intimement dans : Jacqueline Chambron, « Lilan Silburn, une vie mystique » Paris, Almora, 2015.
Je présente ce florilège en étant très conscient de l’injustice qui consiste à citer très brièvement les plus grandes figures -- elles sont aisément accessibles ailleurs -- pour accorder une grande place à quelques témoignages ou études dispersées en publications difficilement accessibles.
Le lecteur ignorera une majorité d’entrées pour approfondir quelques découvertes et cela suffit à justifier le florilège. Nous limitons les renseignements de nature identitaire. On les trouve sur divers sites dédiés dont en premier lieu sur Wikipedia.
« Étoilement mystique », une bifurcation 5
Un « crépuscule des mystiques » ? 6
Remerciements & Avertissement 8
CHERCHEURS 11
1804 Emmanuel Kant (1724-1804) 11
1854 Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854) 12
1881 Henri-Frédéric Amiel (1821-1881) 14
1900 Félix Ravaisson (1813-1900) 16
1910 William James (1842-1910) 17
1933 Henri Bremond (1875–1933) 25
1938 Edmond Husserl (1859-1938) 27
1941 Henri Bergson (1859-1941) 28
1943 Simone Weil (1909 - 1943) 32
1946 H.G. Wells (1866-1946) 35
1953 Jean Baruzi (1881-1953) 53
1961 Erwin Schrödinger (1887-1961). 55
1962 Gaston Bachelard (1884-1962) 57
1963 Aldous Huxley (1894-1963). 61
1968 Jean Paulhan (1884–1968) 64
1971 Émile Dermenghem 1892-1971 66
1985 Vladimir Jankélévitch (1903-1985) 85
1997 George Wald (1906-1997) 87
1997 François Roustang (1923-1997) 89
1998 Julien Green (1900-1998) 90
Henri Chambron (1926- ) 103
.
POÈTES 113
Chanson Esquimau (Alaska, Groenland) 113
1785 Khwaja Mir Dard (1720-1785) 115
1837 Giacomo Leopardi (1789 - 1837). 118
1843 Johann Christian Friedrich Hölderlin (1770 - 1843). 119
1867 Charles Baudelaire (1821 – 1867) 127
1886 Emily Dickinson (1830-1886) 129
1891 Arthur Rimbaud (1854 - 1891) 130
1914 Jean Jaures (1859 - 1914) 132
1929 Hugo von Hofmannsthal (1894-1929) 134
1934 Haïm Nahman Bialik (1873 - 1934) 145
1938 Ossip Mandelstam (1891 - 1938) 147
1944 René Daumal (1908-1944) 149
1950 Joé Bousquet (1897-1950) 157
1960 Raïssa Maritain (1883-1960) 162
1960 Jules Supervielle (1884-1960) 163
1967 Marie Noël (1883-1967) 165
1968 Antonio Porchia (1885 - 1968) 167
1971 Jean Grenier (1898-1971) 168
1975 Patrice de la Tour du Pin (1911-1975) 170
Claude Vigée (1921 — ) 171
1995 Gilles Deleuze (1925 - 1995) 174
1995 Roberto Juarroz (1925 - 1995) 176
François Roustang (1923 — ) 178
Kenneth White (1936-) 180
Jacques Ancet (1942 - 195
Radu Mihaileanu (1958- 196
Fabienne Verdier (1962- 197
.
8. TÉMOINS DE L’INSTANT 199
1849 Edgar Allan Poe (1809-1849) 200
1850 William Wordsworth (1770-1850) 201
1855 Gérard de Nerval (1808-1855) 220
1881 Amiel (1821 – 1881) 221
1902 Richard Maurice Bucke (1837-1902) 222
1908 Lucie Christine (1870 - 1908) 225
1917 Léon Bloy (1846-1917) 227
1919 Rosa Luxemburg (1871-1919) 229
1922 Marcel Proust (1871-1922). 233
1922 W. H. Hudson (1841-1922) 236
1924 Franz Kafka (1883-1924) 244
1948 Georges Bernanos (1888-1948) 247
1955 Albert Einstein (1879-1955) 248
1971 Jean Grenier (1898-1971) 250
1975 Carlo Levi (1902-1975) 251
1984 Henri Michaux (1899-1984) 252
2009 Stephen Jourdain (1931-2009) 273
2012 Dalila Pereira da Costa (1918-2012) 304
Philippe Jacottet (1925-) 315
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9. TÉMOINS DANS L’ÉPREUVE 317
1914 Témoignages issus des Enfers (1914-1953) 317
1943 Etty Hillesum (1914 - 1943). 323
1977 Evguénia Guinzbourg (1906-1977) 327
1982 Varlam Chalamov (1907 - 1982) 333
1983 Arthur Koestler (1905-1983). 336
1999 Éliane Jeannin-Garreau (1911-1999) 351
2008 Alexandre I. Soljenitsyne (1918-2008) 352
1961 Dag Hammarskjold (1905-1961) 352
.
10. TÉMOINS POUR NOTRE TEMPS 353
1986 Bernadette Roberts (1931-1986) 353
1992 Lilian Silburn (1909 – 1993) 377
Yolande Duran-Serrano 388
Nils Kuhn de Chizelle 406
Dominique & Murielle Tronc
« Le langage des mystiques est fort malaisé à entendre pour ceux qui ne le sont pas.
« C’est une théologie qui consiste toute en expérience, puisque ce sont des opérations de Dieu dans les âmes par des impressions de grâces et par des infusions de lumières ; par conséquent l’esprit humain n’y pourrait voir goutte pour les comprendre par lui-même.
« Ce « Rien » dont notre Mère parle153 avec tant d’admiration se trouve de cette nature. C’est, sans doute, un dépouillement de l’âme effectué par la grâce, qui la met en nudité et vide, pour être revêtue de Jésus-Christ, et pour faire place à son Esprit qui veut venir y habiter.
« Mais nous pouvons dire encore que la nature, par elle-même, ne peut arriver à cet état. Il n’appartient qu’à Celui qui a su du rien faire quelque chose [de] la réduire de quelque chose comme à rien, non pas par son anéantissement naturel, mais par un très grand épurement de tout le terrestre, où Il la peut mettre154. »
§
Voici tardivement le quatrième volume qui couronne une série consacrée à l’histoire des expériences mystiques en Occident 155. Le groupe mystique formé autour de Jean de Bernières (1601-1659), repris par Jacques Bertot (1620-1681), développé par Madame Guyon (1648-1717) porte haut la tradition mystique.
Ce volume est plus vaste que les trois précédents pour couvrir avec précision deux siècles et demi d’une « Ecole du Coeur » préparée par des franciscains, qui perdure au siècle des Lumières.
D’habitude on définit un domaine d’étude par un « Canon » de textes fondateurs. Ici nous avons affaire à des textes qui ne furent pas reconnus par les autorités ecclésiastiques. Les textes de Jean de Bernières, de Jacques Bertot, de Jeanne Guyon en sont les principaux (on y adjoindra ceux du P. Chrysostome de Saint-Lô, de Mère Mectilde, de proches de Madame Guyon dont Fénelon). Au coeur d’une telle bibliothèque mystique figurent six mille pages traitant de la direction mystique, cas rarissime de lettres qui expriment librement l’expérience et la pensée de leurs auteurs. elles nous sont parvenues intentionnellement sauvées de censures ecclésiastique et royale.
L’essentiel du vécu mystique exprimé en langue française classique tient en trois Correspondances qui se succèdent en trois générations de directeurs à dirigé(e)s, de maîtres à disciples. D’extensions comparables, traduisant des accomplissements mystiques, elles présentent un même message sous trois « couleurs ». Le même courant mystique est relayé par trois tempéraments dans des conditions de vie diverses : Bernières est un laïc actif, son disciple Bertot est prêtre et le très discret « directeur mystique », Guyon est une femme mariée puis veuve qui évolue de la Cour aux prisons. Son génie a su remarquablement analyser une expérience mystique intemporelle donc éventuellement nôtre.
Ces témoignages ont été soigneusement sauvés par quelques personnes particulièrement conscientes de leur valeur : la sœur de Bernières pour le frère et pour le P. Chrysostome, Madame Guyon pour Bertot, l’éditeur Poiret pour Guyon, tous considérant leur premier devoir de sauvegarder les textes à l’usage de générations suivantes. Nous prenons relai.
A cette redécouverte d’un « Essentiel mystique » s’ajoutent les écrits à usage « externe», donc parfois auto-censurés, ceux du P. Chrysostome, de Mère Mectilde, de Madame Guyon, du P. Lacombe, de Fénelon, etc. Ils ont été récemment édités, souvent pour la première fois depuis leur parution, parfois depuis les autographes. On trouvera en notes nos contributions à ce travail de sauvegarde d’une bibliothèque mystique.
Des relations directes entre personnes vivantes sont condition indispensable pour mener à terme un pèlerinage mystique : les compagnons spirituels se connaissaient entre eux, se demandaient conseil, se rendaient visite et, quand c’était impossible, s’écrivaient en toute discrétion. La valeur du présent travail réside dans cette redécouverte et restitution d’une « vie commune » mystique. Elle veut aider des chercheurs spirituels d’aujourd’hui d’occident et d’ailleurs.
On a affaire non à des génies solitaires mais à tout un réseau d’amitiés spirituelles extrêmement vivant. L’important ne réside pas dans les influences livresques, mais dans les rencontres de personne à personne. Des relations spirituelles profondes sont vécues entre contemporains d’une même génération, et justifient une chaîne mystique. Elle se poursuit sur la durée car les aînés transmettent leur expérience à la génération suivante. Ce fait est rare. Nous n’avons pas trouvé un autre équivalent occidental à la chaîne mystique que l’on tente de restituer dans le présent ouvrage (amorces de chaînes carmélites, vitalités franciscaines voire jésuites?)
Si nous bénéficions de belles études sur certaines figures connues156 ou sur des groupes localisés géographiquement157, en revanche aucune synthèse ne met en relief l’originalité d’un courant mystique qui subsista pourtant durant plus de deux siècles, partagé et attesté par cinq générations successives, Madame Guyon et Fénelon se situant à la troisième. Cet effacement s’explique bien entendu par la condamnation catholique de ceux que l’on surnommait avec dérision les « quiétistes ». Peut-être aussi par l’ignorance de la possibilité même de transmission.
L’approche historique, donc extérieure, de ce courant peut se faire grâce aux articles « Quiétisme » (1986) du Dictionnaire de Spiritualité qui restent aujourd’hui incontournables pour donner le récit sur la durée de la « crise » visible (elle ne couvre environ que la fin du XVIIe). Ses auteurs, grands connaisseurs de l’Europe latine catholique, fournissent une abondante moisson : en particulier, suivant l’ordre chronologique, ils commencent par passer en revue les principales figures incriminées par les Inquisitions espagnole et italienne. Reste évidente la difficulté de circonscrire précisément ce que l’on reprochait au christianisme intérieur de ces prévenus, tant les accusations reposent sur des Propositions que l’on ne retrouve pas dans leurs œuvres.
§
Notre apport se veut en dehors de toute théologie et des débats d’idées. Nous ne cherchons pas à établir une « théorie » mais à faire revivre des personnes. Nous respectons leurs témoignages en les citant, préférant l’expérience vécue à l’exposition d’idée. Et nous parlerons de relations directes entre personnes vivantes. Sans méconnaître des influences dues à la lecture spirituelle, nous soulignons la possibilité et la primauté des rencontres physiques entre personnes avant que cette relation ne se poursuive sous la forme de correspondance.
Ces spirituels se rencontrent autour d’une expérience centrale, celle de la grâce divine, à laquelle ils font le don de leur personne et de leur vie dans un abandon intérieur total. Ils ne se satisfont que de « l’amour pur », c’est-à-dire sans récompense. Prenant appui sur la grâce, ils considèrent l’effort humain et l’ascétisme comme secondaires. Mais cela ne veut pas dire que leur vie est relâchée, car, contrairement au procès qui est fait aux adeptes de la quiétude, ils mènent une vie d’une rigueur exemplaire.
Loin de rester isolés dans une maison ou un couvent, ils se sont fréquentés. Leur spécificité est de n’avoir jamais transformé leur réseau d’amitiés spirituelles en un Ordre qui aurait figé ce qu’ils désiraient garder informel. Ceux qui étaient clercs restaient simplement fidèles à leurs diverses appartenances ecclésiales. Ces hommes et ces femmes n’éprouvaient aucune nécessité de cadre extérieur : unis par l’indicible, ils partageaient les mêmes évidences.
Ce courant se distingue donc par l’absence de ce qui définit habituellement un groupe : pas de Constitution, pas de Règle extérieure, pas d’Ordre, pas de fondation si l’on excepte Mectilde et ses bénédictines. Seule la profondeur de l’expérience intérieure fonde l’autorité. Aucune frontière politique ou religieuse ne pouvait résister à un tel mouvement.
Ces liens sans contrainte ni règle formelle ne pouvaient être acceptés par les autorités religieuses : se sentant négligées, celles-ci les combattirent avec vigueur. Ces mystiques ont souvent dû affronter des ecclésiastiques hostiles parce que sans expérience intérieure, en particulier quand ils ont osé parler du degré le plus profond de leurs relations spirituelles : une communication silencieuse de la grâce de personne à personne.
Toutes ces relations forment un réseau complexe et cohérent : une véritable « école » de vie mystique. Quel nom donner à une telle association sans unité de condition ni liens canoniques158 ? Bremond utilise les expressions d’Oratoire du cœur et d’École de l’oraison cordiale dans le chapitre qu’il consacre à Querdu Le Gall (1633-1698) et à Jean Aumont (-1689)159.
Parler d’une « Filiation mystique du pur Amour » permettrait d’insister sur le lien de nature mystique qui exista entre aînés et cadets, et d’éviter la note intellectuelle attachée au terme École : malheureusement, ce titre serait trop long.
Même s’il faut éviter tout note affective attribuée au mot cœur depuis Rousseau et le Romantisme, nous avons finalement opté pour l’expression « École du Coeur ».
Son rôle fut souterrain mais capital : elle sous-tend et féconde la vie mystique dans toute l’Europe depuis la fin des guerres de religion au XVIe siècle (Henri IV entre à Paris en 1594) jusqu’au milieu du XIXe siècle (fin du cercle de Morges-Lausanne).
Ce mouvement est l’une des expressions de la mystique universelle dans son vécu le plus profond. Un tel réseau d’amitiés spirituelles est de grand intérêt pour notre époque parce qu’il préfigure un mode de relation très moderne : l’individualiste contemporain, rendu prudent, repousse les structures sociales, les idéologies, les rites ou les fondamentalismes religieux, cherchant une approche directe.
Il a besoin cependant de trouver ancrage dans des relations interpersonnelles. Cette histoire de l’École de la Grâce qui traverse plus de deux siècles prouve qu’il est possible de « vivre la mystique » sans adhérer à un collectif, mais en étant entouré de compagnons qui partagent la même aventure.
Les écrits de Chrysostome, Bernières, Mectilde, Bertot, Guyon, Fénelon sont disponibles aujourd’hui. Y dominent de remarquables correspondances160 où ces mystiques témoignent d’une liberté rare car ils s’adressent à des intimes qui les comprennent. Destinés à tous ceux qui cheminent sur « Les secrets sentiers de l’amour divin161 », leurs précieux conseils sont universels.
De même que l’on n’apprend pas l’ébénisterie dans un livre, de même seuls des liens directs entre personnes sont à même de former des apprentis mystiques : rencontrer un spirituel, lui parler, voire même vivre avec lui un certain temps est de toute première importance. Expliquer des influences spirituelles uniquement par la circulation des textes ne suffit donc pas : ce sont les relations interpersonnelles qui comptent. Nous nous attacherons donc à savoir non pas « qui a lu qui », mais « qui a rencontré qui ».
Parce qu’ils ont en commun la même expérience du divin et les mêmes raisons de vivre, les mystiques se comprennent et des liens d’amitié se forment. Le rayonnement de certains aînés plus expérimentés attire la génération suivante : les cadets reçoivent l’enseignement d’un père ou d’une mère spirituelle. Ces liens sont parfois vécus sur plusieurs générations : ils constituent alors des filiations dont les intéressés sont conscients.
Ce phénomène est bien connu dans le monde entier. Dans les traditions orientales, on parle de chaînes de transmission dans le soufisme tandis que des maîtres se succèdent en Extrême-Orient dans diverses traditions indiennes ou bouddhiques. Aux débuts du christianisme, un évêque n’était reconnu que s’il était relié à un apôtre, qui lui-même avait connu directement Jésus : cette conception, encore apparente chez Tertullien à la fin du second siècle, disparaîtra deux siècles plus tard chez Ambroise de Milan162, la notion de transmission de personne à personne s’étant perdue.
Nous allons essayer de montrer que cette expérience de transmission de personne à personne a ressuscité au XVIIe siècle, où l’on voit naître un réseau d’amitiés de ce type chez les mystiques du « pur amour » : ils se connaissaient et s’estimaient. Chaque génération formait des disciples. L’ensemble de ces liens constitue un « arbre mystique », nourri par la sève de l’exceptionnelle vitalité spirituelle franciscaine163. Des quatre figures principales, - Chrysostome, Bernières, Bertot, Guyon, - sont issues de nombreuses branches spirituelles dans les milieux plus divers. Mais tous se savaient reliés à une même origine : à la fin du XVIIIe siècle, le pasteur Dutoit vénérait encore les quatre personnes que nous venons de citer164.
Ce courant mystique imprégné d’influence franciscaine, transmis de génération à génération essentiellement en France, connut une efflorescence qui dura près de deux siècles et demi : depuis 1590 quand deux franciscains fondent ce courant en apportant en France leur expérience mystique, jusqu’en 1837 où se meurt un cercle spirituel guyonien à Morges près de Lausanne.
§
Cette histoire ne s’est malheureusement pas passée facilement : ces mystiques que nous regroupons sous le nom d’École de la grâce, ont été affublés du sobriquet « quiétistes » par leurs détracteurs. Ce surnom entache encore maintenant leur mémoire puisqu’il s’accompagna de procès et de condamnations. Le quiétisme n’étant pas notre sujet, nous ne l’évoquerons que brièvement, mais nous nous attarderons un peu sur les précurseurs espagnols et italiens.
Puis nous donnerons un aperçu de l’histoire antérieure des Tiers Ordres franciscains, trop souvent laissée dans l’ombre au bénéfice d’autres branches franciscaines. Nous verrons cette vénérable tradition éclore en France et féconder la mystique française dès la fin de nos guerres de religion : des âmes ardentes vont rencontrer ces messagers. Ainsi, au début du siècle, va se former à Caen un premier groupe autour de Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), issu du Tiers Ordre Régulier : lui et Marie des Vallées (1590-1656) dirigent Jean de Bernières (1601-1659) et ses amis. Celui-ci crée l’Ermitage de Caen,